"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cinq personnes voient leur destin chanceler le temps d'une fête.Léa, qui a pris des raccourcis amers vers la réussite, Paul, qui la protège depuis les marges de la société, Vincent et Mathéo, aux prises avec leurs démons intérieurs et François, un producteur impudemment matérialiste, tous voient leurs désirs mis à l'épreuve le temps d'une nuit équivoque.
Ce n'est pas un destin capricieux qui a réuni ces anonymes à Paris un soir d'été. Une organisation très structurée oeuvre dans l'ombre pour que ces individus en perdition ne nuisent pas à l'ensemble de la société. Mais comment, sans nier le libre arbitre de chacun, le Schéma pourrait-il leur insuffler le désir d'une autre voie ?
Dans ce premier roman choral en forme de contreplongée dans les charmes vénéneux d'une nuit d'été parisienne, Guillaume Lafond a choisi l'unité de temps de la tragédie pour éviter d'en précipiter une plus grande.
Et si le libre arbitre que nous pensions tous posséder n’était au final qu’une pure fiction? Et si nos actes n’étaient finalement pas seulement dûs à notre volonté mais fortement guidés par une sorte de main invisible ? Guillaume Lafond imagine dans son roman, « La correction », une société secrète œuvrant dans l’ombre pour mettre en garde certains individus afin qu’ils cessent de nuire autour d’eux.
Premier livre de l’auteur et pourtant, il nous met déjà la barre haut par la qualité de son récit. J’ai fortement apprécié ma rencontre avec ses personnages, souvent torturés, qu’on adore détester mais surtout unis autour d’un évènement commun dont il faut arriver aux toutes dernières pages pour en connaître ses tenants et aboutissants. Le mystère est entier et ce n’est pas le prologue qui vous aidera à vous éclairer lors des premières pages.
En parlant du prologue, ne vous laissez pas surprendre par son côté un peu complexe qui pourrait vous effrayer et vous stopper dans la lecture de ce livre, car indéniablement vous passeriez à côté d’une très bonne surprise. Au contraire, une fois terminé, vous reviendrez sûrement à ce prologue, une fois le livre achevé et vous en comprendrez alors toutes les petites subtilités qui étaient pourtant devant vos yeux dès le départ.
L’histoire est ensuite contée sur et par chacun des protagonistes. Changeant de style pour coller au mieux à leurs psychologies, l’auteur effectue un travail de haut-vol qui aurait pu le mener à la schizophrénie. Heureusement, ce n’est pas le cas ;) Distillant à chacun des chapitres de menus détails pouvant sembler anodins, ils se mettront en ordre comme lors de la révélation finale d’un jeu de puzzle.
Se lisant et se dévorant comme un roman noir, cette fine critique de notre société actuelle est peinte en filigranes, même si le livre ne compte que 160 pages, bien savoureuses néanmoins et finalement, une oeuvre de fiction nous amenant bien à la réflexion. Un auteur dont il faut retenir le nom!
Pas très évident de comprendre le prologue qui concerne cette fameuse organisation, tout s'éclairera par la suite, notamment dans l’épilogue. Le roman choral qui débute ensuite donne voix à chaque personnage consécutivement. Construit en bonne tragédie, il garde l'unité de temps et de lieu, pour raconter un même moment sous cinq angles différents, chaque intervenant ayant sa propre raison d'être présent. J'aime beaucoup cette construction, qui, à chaque chapitre apporte une précision, un détail que les autres personnages ne voient pas pour que nous, lecteurs puissions avoir une vision d'ensemble la plus large possible.
J'aime également les différents niveaux d'écriture pour coller davantage aux personnages, aux situations. Parfois soutenu, notamment lorsqu'il s'agit de l'organisation et de ses plans, d'autre fois plus familier, direct voire cru pour tel ou tel intervenant. On peut être soit lecteur-voyeur, donc une langue descriptive, classique soit dans la tête du protagoniste, donc une langue moins châtiée, plus orale. Il y a un grand écart dans ce roman qui est intéressant et qui sert le texte et l'histoire. Histoire qui ménage ses effets et un suspense quasi policier.
Très bon premier roman qui parle également de la déroute de notre société, de sa fuite en avant vers un mur. Et l'on s'interroge sur les moyens d'éviter la catastrophe qui nous guette si l'on continue à avancer à ce rythme collectivement bien sûr mais aussi individuellement. Le genre de roman qui trotte encore en tête, longtemps après l'avoir fini et reposé.
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