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Ayant tout perdu, brisée par la vie, plus rien ne la retenant, Astrid, 37 ans, choisit de partir s’installer dans la région sauvage et montagneuse du Mercantour où son mari aimait tant arpenter les sommets. Elle vient d’y acheter une maison isolée sans même l’avoir visitée. Dans ses bagages, un carton marqué d’une croix rouge contient ce qu’il lui reste de sa vie passée.
Parallèlement, Soraya, 17 ans, après avoir fui avec sa famille sa Syrie natale en guerre, avoir parcouru plusieurs pays, s’est retrouvée seule avec sa tante. Se cachant de la police, traversant la montagne pour rejoindre la frontière française, elles marchent, marchent dans la neige, amaigries et affaiblies, ayant vécu l’enfer sur le chemin de l’exil. Soraya, victime d’un viol et sur le point d’accoucher voit sa tante épuisée s’affaisser et mourir, son corps aussitôt recouvert par la neige. Gelée, exténuée, Soraya tente de poursuivre son chemin à l’aveugle et seule la rencontre fortuite avec Astrid la sauve d’une mort certaine. Celle-ci la ramène non sans difficulté chez elle où elle accouche de « la chose », d’une petite fille, qu’elle ne veut pas voir, qu’elle rejette.
Je connaissais Marie Pavlenko en tant qu’autrice incontournable de la littérature jeunesse, ayant fort apprécié sa plume dans Et le désert disparaîtra et Un si petit oiseau. Je viens de la découvrir en littérature générale dans Traverser les montagnes et venir naître ici, bouleversée par ce roman engagé et terriblement poignant.
C’est le récit croisé de deux femmes en fuite, deux femmes tourmentées par des douleurs indicibles, deux âmes esseulées qui, bien qu’ayant traversé des épreuves différentes, vont se rapprocher, peu à peu se confier l’une à l’autre et s’apprivoiser.
Comme dans plusieurs autres romans de Marie Pavlenko, la nature est ici très présente puisque ce dernier se situe au cœur des montagnes et plus précisément dans ce massif du Mercantour, cette région frontalière avec l’Italie par laquelle sont arrivés et arrivent de nombreux exilés.
L’autrice met bien l’accent sur les pouvoirs de cette montagne qui peut tantôt se montrer menaçante et hostile et tantôt se révéler bienveillante et apaisante.
C’est avec une écriture douce et pudique, toute en finesse et délicatesse, d’une extrême sensibilité, un ton juste, sans aucune mièvrerie que Marie Pavlenko en racontant le destin tragique de ces deux femmes, traite de l’altérité et explore le lien de la sororité, comment le construire quand la vie vous a détruite, comment aller vers l’autre, faire confiance, retrouver l’envie de se lier, mais aussi l’amitié et l’amour.
Traverser les montagnes et venir naître ici est avant tout un roman de femmes, un récit plein d’humanité dans ce qu’elle a de meilleur comme de pire.
Je trouve qu’en donnant la voix à une femme pour évoquer les terribles souffrances endurées par les migrants, cette voix qu’on entend trop rarement, cela apporte encore davantage d’intérêt et d’intensité au roman.
Comme un ruban qui se déroule, la magie des mots, la poésie qu’elle soit de Claude Roy, d’Andrée Chedid ou encore de Marina Tsvétaïéna ou Mahmoud Darwich nourrit et apporte du baume au cœur de nos héroïnes et m’a personnellement charmée.
Traverser les montagnes et venir naître ici de Marie Pavlenko est un roman magnifique, captivant et émouvant, qui raconte le deuil, la solidarité et l’espoir, un roman qui ne peut laisser personne indifférent !
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/12/marie-pavlenko-traverser-les-montagnes-et-venir-naitre-ici.html
Traverser les montagnes et venir naître ici est une oeuvre qui vous transperce le cœur, avec des personnages terriblement touchants. Un texte poétique qui met en avant la résilience par delà les frontières, la nature, cultures, la maternité, la beauté de la jeunesse. Le deuil et la souffrance raconté de façon lumineuse en y apportant l'espoir à deux destins fracassés.
"Elle peut rester ici. Humer l'odeur de la mousse humide, écouter le chant de l'eau. Elle n'a pas à s'inquiéter de l'endroit où elle dormira, à ce que contiendra son estomac quand elle fermera les yeux. Le monde entier est différent, la marche aussi, le temps encore plus."
"Elle voudrait leur dire le vent sur son visage humide de sueur, la puissance des contreforts, des à-pics, le vertige, les escarpements que le vent racine, la calme immensité, éternelle, elle voudrait raconter le ciel plus proche, l’air goût d’eau, le lit des ruisseaux empierrés."
Rarement été aussi émue par un roman: actuel(l'une des deux héroïnes est une jeune syrienne),poignant(la mort rôde dans le froid)!Happée par une écriture hors du commun:de la dentelle poétique,je ne puis qu'en conseiller la lecture:à offrir,partager!!!!Un immense coup de coeur.
C'est l'histoire de deux femmes qui ont vécu , chacune dans sa chair et sa vie, un drame. Elles vont se rencontrer,
patiemment s'apprivoiser, s’ouvrir peu à peu, se reconstruire l’une l’autre. Cela demande du temps, de la patience, et de la confiance !
L'écrivaine, avec une infinie délicatesse, nous conduit sur le chemin de l'acceptation et de la résilience
Un roman bouleversant que je recommande absolument !
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