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Jacaranda

Couverture du livre « Jacaranda » de Gael Faye aux éditions Grasset
  • Date de parution :
  • Editeur : Grasset
  • EAN : 9782246831457
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Quels secrets cache l'ombre du jacaranda, l'arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et... Voir plus

Quels secrets cache l'ombre du jacaranda, l'arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l'histoire terrible d'un pays qui s'essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l'humanité, paradoxale, aimante, vivante.

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Avis (25)

  • J’avais beaucoup entendu parler de Petit Pays (que j’ai bien l’intention de lire) et je n’ai pas été déçue. Quelle écriture, quel récit ! Des thématiques fondamentales pour un pays en reconstruction : le devoir de mémoire, la réconciliation, la tentation de la vengeance (et le cercle vicieux),...
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    J’avais beaucoup entendu parler de Petit Pays (que j’ai bien l’intention de lire) et je n’ai pas été déçue. Quelle écriture, quel récit ! Des thématiques fondamentales pour un pays en reconstruction : le devoir de mémoire, la réconciliation, la tentation de la vengeance (et le cercle vicieux), les tentatives d’oubli et le déni…

    Ce roman mêle l’amour d’un pays, de sa nature, l’enfer du génocide, ses racines et les difficultés de la réconciliation.

    Jacaranda est un récit ancré dans l’histoire douloureuse du Rwanda, une fresque familiale étendue sur quatre générations.

    « L’hôpital est un bateau de nuit qui recueille l’humanité du fond du gouffre, les grands brûlés de l’effort de reconstruction, les éreintés des pressions familiales, les épuisés des conventions sociales, les déserteurs de la grande comédie humaine. Mais il abrite surtout ces ombres engourdies qui s’excusent d’être encore, ces âmes errantes qui vivent dans des contrées sans lumières, coquilles humaines pleines de tourments et de cauchemars impossibles à guérir. »
    Gaël Faye, avec une pudeur remarquable, tisse l’histoire intime de Milan et de Stella, deux jeunes gens à la recherche de leurs racines et de la vérité, et les relie à l’horreur collective du génocide des Tutsi de 1994. Sous l’ombre du jacaranda, l’arbre emblématique de Stella, se cachent des secrets aussi vastes que les cicatrices laissées par l’Histoire.


    L’histoire de Milan, narrateur, reflète les questionnements identitaires qui frappent souvent les enfants de la diaspora. Fils d’un banquier français et d’une modiste rwandaise, il grandit dans le confort de Versailles et ignore absolument tout de l’histoire de sa mère Venancia et de ses origines.

    « Là-bas, j’étais plongé dans un monde de douleur inouïe et de violence extrême qui me donnaient le vertige. J’avais grandi dans un pays en paix, protégé de toute part, ignorant la brutalité du monde, excepté celle qui arrivait par la télévision. »
    Son silence, son mutisme lourd de non-dits, l’auraient sans doute poursuivi indéfiniment si un événement déclencheur ne l’avait poussé à enquêter. L’arrivée de Claude, ce mystérieux neveu, blessé et marqué par le Rwanda, chamboule le quotidien de Milan. Son départ précipité laisse un vide que Milan tente de combler en se lançant dans la quête de ses racines.

    Gaël Faye nous offre une plongée dans ce pays où les blessures de l’âme ne se referment pas, où chaque citoyen porte en lui la mémoire d’un passé déchirant. Le Rwanda, c’est cette terre meurtrie par l’horreur et une terre qui se reconstruit lentement, pas à pas, avec des efforts incommensurables de réconciliation. À travers la voix de Stella, le lecteur découvre le poids du trauma transgénérationnel. Chaque famille a ses fantômes, chaque silence cache une souffrance indicible. Pourtant, à travers ces récits entrecroisés, un espoir persiste. Celui que la lumière peut encore percer à travers les branches du jacaranda, cet arbre qui symbolise à la fois la beauté et la résilience.

    Claude, Eusébie et Venancia incarnent chacun, chacune une facette du Rwanda post-génocide : Claude, l’enfant rescapé, porteur d’une douleur que l’on devine derrière ses silences ; Eusébie, la mère de Stella, puissante figure de réconciliation, qui porte en elle les espoirs d’un avenir apaisé. Et Venancia dont le silence sur son passé raconte peut-être plus que des mots ne pourraient le faire. Elle est le symbole de tant de mères, figées dans un mutisme protecteur, effrayées à l’idée de revivre, même en paroles, les horreurs qu’elles ont traversées. Jacaranda est une réflexion sur la mémoire, sur ce que l’on transmet et ce que l’on tait.

    « J’avais envie de m’enfuir, de quitter cette terre de mort et de désolation. Après tout, je n’appartenais pas à ce monde, ma mère m’avait mis en garde, je ne l’avais pas écoutée. J’aurais voulu l’appeler, m’excuser de n’en avoir fait qu’à ma tête et la remercier d’avoir essayé de me protéger de cette histoire dont elle connaissait le hideux visage.
    Cette idée me traversait, puis je pensais aussitôt à Claude, à Eusébie, à Stella, et quelque chose se fissurait en moi qui laissait passer un soleil insensé, la possibilité, malgré tout, de la vie et de la beauté. »
    Ce roman nous pose également des questions :

    Comment comprendre l’inimaginable ?

    Comment vivre avec ce poids ?

    Gaël Faye nous le montre sans artifice, avec une humanité profonde.

    Un texte saisissant, à lire pour tenter de comprendre…

    #Jacaranda #NetGalleyFrance

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  • Bouleversant et addictif, ce nouveau roman de Gaël Faye, après "Petit pays", nous transporte au coeur du Rwanda et de ses drames à travers la vie de Milan, né d'un père français et d'une mère Rwandaise qui a fui son pays dévasté par le génocide. En toile de fond, ce Jacaranda, arbre magnifique...
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    Bouleversant et addictif, ce nouveau roman de Gaël Faye, après "Petit pays", nous transporte au coeur du Rwanda et de ses drames à travers la vie de Milan, né d'un père français et d'une mère Rwandaise qui a fui son pays dévasté par le génocide. En toile de fond, ce Jacaranda, arbre magnifique abritant les secrets d'une famille que Milan découvre petit à petit, en quête de ses origines. Un récit fort, puissant, terrible de souffrances et de cruauté, avant d'arriver à une reconstruction et au pardon, seul capable d'apaiser les douleurs.
    En lice pour de nombreux prix littéraires, ce roman mérite amplement d'être récompensé.

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  • Parce que sa mère ne lui a jamais parlé de ses origines Tutsis, Milan ne s’est jamais posé la question de son métissage. Et c’est seulement à 16 ans lorsqu’il part en vacances à Kigali, qu’il découvre le Rwanda, ce pays dont il est issu.

    Mais nous sommes en 1998 et le génocide a déjà eu lieu,...
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    Parce que sa mère ne lui a jamais parlé de ses origines Tutsis, Milan ne s’est jamais posé la question de son métissage. Et c’est seulement à 16 ans lorsqu’il part en vacances à Kigali, qu’il découvre le Rwanda, ce pays dont il est issu.

    Mais nous sommes en 1998 et le génocide a déjà eu lieu, 4 ans avant, et c’est un pays dévasté dans lequel il se plonge avec effroi.

    Grâce à sa grand-mère et au petit frère de sa mère que ses parents avaient accueilli à Versailles après les massacres, il entrevoit l’horreur du génocide et s’immerge dans un pays au régime corrompu et à la classe politique arrogante, toujours menacé par les génocidaires Hutus en attente de reconquête.

    Alors, terrassé par le vertige des massacres passés, il y retournera plusieurs fois, pour essayer de comprendre comment « ce pays du lait et du miel » est devenu « un monde de douleur inouïe et de violence extrême ».

    Devenu avocat, il aidera sa nièce Stella à écrire l’histoire de sa famille, et à travers elle, l’histoire du Rwanda.

    Gaël Faye, à partir d’une saga familiale sur 4 générations, nous plonge dans l’histoire dramatique de ce pays d’Afrique de l’Est à travers tout le XXème siècle. Démontrant l’engrenage de la haine et pointant les responsabilités historiques, il décrit, avec un regard humaniste, un pays jeune qui tente aujourd’hui de se reconstruire.

    Avec son écriture rythmée et vivante, il nous livre un roman saisissant qui nous éclaire sur ces faits historiques d’un autre continent, en nous offrant une galerie de personnages à la grande force de caractère, déchirés entre vengeance et résilience. Il nous fait vivre à leurs côtés, ces lendemains douloureux qui ont vu le peuple rwandais prendre le difficile chemin de la justice pour pouvoir enfin regarder vers l’avenir.
    Déchirant, violent, humain et essentiel, en un mot ... passionnant.

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  • Après Petit pays, Gaël Faye a réussi à me ramener au Rwanda en écrivant Jacaranda.
    Ce second roman de Gaël Faye est un hymne à la vie. Pour le comprendre, il faut passer par de terribles scènes, ces massacres incroyables, ce génocide préparé, organisé, facilité par la volonté des colonisateurs...
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    Après Petit pays, Gaël Faye a réussi à me ramener au Rwanda en écrivant Jacaranda.
    Ce second roman de Gaël Faye est un hymne à la vie. Pour le comprendre, il faut passer par de terribles scènes, ces massacres incroyables, ce génocide préparé, organisé, facilité par la volonté des colonisateurs de classer, de répertorier les habitants du Rwanda.
    Milan est le narrateur d’une histoire familiale bouleversante de bout en bout. Fils de Venancia, exilée en France en 1973, il débute son histoire en 1994, histoire qu’il conduira jusqu’en 2020. En ce mois de juillet 1994, le génocide prend fin. Venancia parle kinyarwanda au téléphone. La télévision diffuse des images de mort, de violence, d’exode mais la mère de Milan refuse de parler de son pays et de ce qui s’y passe.
    Voilà qu’arrive Claude, présenté par Venancia comme son neveu. Il porte un gros pansement sur la tête, a le même âge que Milan mais est nettement plus petit. Les parents de Milan l’hébergent et ce dernier tente de s’en occuper comme d’un frère. La musique s’invite déjà dans le récit de Gaël Faye car Milan essaie de communiquer avec Claude en écoutant Nirvana, Radiohead… Il danse même mais Claude ne réagit guère, pleure la nuit, montre des signes de terreur, gémit et Milan tente de le calmer.
    Gaël Faye raconte cela très bien, avec une délicatesse infinie. L’émotion est sans cesse sous-jacente ; l’humour n’est pas absent et je suis aussitôt captivé.
    Quatre ans plus tard, alors que Claude est reparti assez rapidement au Rwanda, que Milan a 16 ans, ses parents divorcent. Pour les vacances d’été, sa mère décide de retourner dans son pays d’origine et emmène son fils avec elle.
    Là-bas, se reconstitue peu à peu une histoire familiale compliquée à cause des ravages causés par le génocide. Milan retrouve Claude transformé, fait connaissance avec sa Mamie et doit s’adapter à des conditions de vie un peu frustes. Il a de la peine aussi à comprendre qu’on le considère comme un Blanc alors qu’il est métis. Heureusement, Claude lui sert de guide et d’interprète. Il lui présente Sartre, un personnage hors du commun qui recueille dans son « Palais », des mayibobo, enfants de la rue. Il consomme beaucoup de bière de banane, collectionne les livres et s’enivre de musique, ce que Milan apprécie.
    Les discussions se font de plus en plus franches, fortes, émouvantes et des vérités émergent. Milan fait connaissance avec Eusébie (43 ans), une tante qui vit dans un quartier riche. Elle a un bébé, Stella, et une grand-mère, Rosalie, dont le rôle ne sera pas négligeable.
    2005 est une nouvelle étape avec le retour de Milan au Rwanda.
    Le magnifique jacaranda du jardin est un lieu de refuge pour Stella pendant que les procès des assassins se tiennent à la campagne. Ce sont les gacaca. C’est un moment très fort avec le récit de Claude, les dénégations maladroites des génocidaires. Une écriture précise, profondément humaine, bouleversante.
    En 2010, nouveau retour de Milan à Kigali, la capitale, qui se transforme rapidement. Peu à peu, le parcours de chaque membre de la famille apparaît. C’est le moment le plus fort de Jacaranda quand Stella lit en public le récit de la vie de Rosalie. Il révèle beaucoup de surprises, d’événements incroyables, mettant en évidence l’état d’esprit des Rwandais conditionnés par les Pères Blancs et les scientifiques belges mais la France ne sera pas exempte de tout reproche.
    Il faut encore et toujours détailler cet engrenage atroce pour ne pas oublier, comme le fera Eusébie devant 90 000 personnes : poignant, bouleversant, révoltant, une horreur absolue. Devant l’attitude de l’Église, de certains prêtres complices, attirant les fidèles tutsi à la messe pour mieux les regrouper afin de faciliter leur massacre, je ne comprends pas comment ceux qui restent peuvent encore croire en Dieu ! Un mystère de plus pour l’âme humaine…
    2020, le covid se répand. Gaël Faye mène au bout Jacaranda, nouveau roman fort et indispensable, à son terme, sur le lac Kivu.
    Ne pas oublier, rappeler, raconter, ce n’est pas appeler à la vengeance. Comme le dit Alfred : le cycle de la vengeance est sans fin. Il faut en sortir et Jacaranda est un roman essentiel pour cela.
    https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/09/gael-faye-jacaranda-9.html
    Chronique illustrée à retrouver ici :

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  • Milan a douze ans quand il découvre, via les médias, le génocide du Rwanda. Son père est Français, sa mère rwandaise et elle n’a jamais abordé, son pays : mutisme complet.

    Quelques mois plus tard, elle arrive à l’appartement en compagnie de Claude qu’elle fait passer pour son neveu. Ce...
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    Milan a douze ans quand il découvre, via les médias, le génocide du Rwanda. Son père est Français, sa mère rwandaise et elle n’a jamais abordé, son pays : mutisme complet.

    Quelques mois plus tard, elle arrive à l’appartement en compagnie de Claude qu’elle fait passer pour son neveu. Ce dernier est blessé après avoir reçu un coup de machette sur la tête et ne parle pas. Milan essaie de le rassurer, se réjouissant à l’avance d’avoir un ami mais au jour, Claude a disparu, « retourné dans sa famille » !

    Ses parents divorcent et il part pour le Rwanda avec sa mère, pour régler des problèmes administratifs, et il se rend compte qu’il a une grand-mère. Le séjour n’est guère facile, sa mère est partie s’occuper du dossier alors qu’il reste avec cette grand-mère dont il ignorait l’existence, retrouvant au passage Claude.

    Il se rend compte que sa mère avait une amie dont il fait la connaissance ainsi que celle de sa fille Stella, il fait aussi la connaissance d’un personnage haut en couleur : Sartre et son immense bibliothèque…

    Gaël Faye nous raconte l’histoire du génocide sur quatre générations, de l’arrière-grand-mère Rosalie jusqu’à Stella, les atrocités du génocide, la loi du silence qui en découlé aussi bien chez la mère de Milan que chez les autres protagonistes et les ravages de silence sur les êtres.

    Comment vivre, survivre, alors que les tueurs habitent juste à côté, quand il a fallu attendre une décennie pour que des « procès », les juridictions Gacaca, aient lieu et certains tortionnaires « jugés »…

    L’auteur évoque l’attitude des Belges au moment du génocide, qui ont préféré fuir, après avoir quand même contribuer à la haine avec les cartes d’identité comportement l’ethnie, la description de la manière de reconnaître un Tutsi qui rappelle étrangement les méthodes nazies il n’y a pas si longtemps avec leur « pied à coulisse » pour mesurer le nez, l’écartement des yeux…

    Comme tout le monde j’ai vu des images et lu des ouvrages sur le génocide des Tutsis par les Hutus, mais on est loin de tout savoir. J’admire la capacité de résilience de ces hommes et ses femmes, qui ont le courage de vivre à côté de leurs bourreaux, et la manière dont Gaël Faye parle du mutisme des survivants, l’horreur est indicible et rappelle les tentatives de témoignages des rescapés des camps, en 1945.

    J’ai retrouvé avec un immense plaisir la belle écriture, pleine de poésie de l’auteur dont j’avais tant aimé « Petit Pays » et dont j’apprécie les textes en général, la narration parfois sobre, parfois poétique, la langue qui résonne sous le texte, les chants… il y a la musique des mots, la magie du lac Kivu pour apaiser les souffrances.

    J’ai attendu une quinzaine de jours pour rédiger ma chronique, pour que l’émotion retombe un peu, et des images sont bien ancrées dans ma mémoire : Stella qui va se réfugier dans le jacaranda, lorsqu’elle souffre, pour aller discuter avec ceux qui ne sont plus là, sans savoir que l’arbre aussi a un secret.

    La couverture est très belle aux couleurs de celui qu’on appelle aussi l’arbre fougère, et la petite fille tout en faut…

    Bref : coup de cœur pour ce livre et j’espère qu’il sera récompensé lors de la distribution des prix littéraires (qui souvent m’étonne !)

    Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume d’un auteur que j’aime beaucoup.

    #Jacaranda #NetGalleyFrance !

    https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/10/01/jacaranda-de-gael-faye/

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  • Mon avis

    Attention coup de coeur ♥. Ce livre est fort, puissant, émouvant. Ses personnages sont attachants et resteront je pense un long moment dans ma mémoire, difficile de se détacher de Milan, Claude, Rosalie, Eusébie, Stella et les autres, il s'est créé une réelle empathie et...
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    Mon avis

    Attention coup de coeur ♥. Ce livre est fort, puissant, émouvant. Ses personnages sont attachants et resteront je pense un long moment dans ma mémoire, difficile de se détacher de Milan, Claude, Rosalie, Eusébie, Stella et les autres, il s'est créé une réelle empathie et symbiose.

    A travers ce récit multigénérationnel ce n'est pas l'histoire du terrible génocide qui nous est contée mais les répercussions de ces violences extrêmes subies par la population, les familles et surtout la question de comment retisser des liens après tout cela. C'est comprendre le génocide et trouver comment vivre avec ce passé.

    Ce récit est universel, c'est décrire ce que l'humain peut faire de pire et comment après ces atrocités, cette noirceur, il est possible de retrouver la lumière et le vivre ensemble.

    Milan vit en France né d'un père français et d'une mère rwandaise. Il ne sait rien du pays maternel et de ses origines, ne s'est jamais interrogé car à la maison, on n'en parle pas.

    Il a 12 ans lorsque fin juillet 94 arrive chez lui, un petit garçon, maigre, blessé. Il vient du Rwanda dont il a vu les reportages des massacres à la télé. Ce petit garçon auquel il s'attache, qui repartira dans son pays un peu plus tard sans qu'il puisse lui dire au revoir et mieux le connaître, c'est Claude, son oncle.

    Quatre années plus tard, il va accompagner sa mère à Kigali, découvrir le Rwanda et retrouver Claude. Il va découvrir un autre monde, ses origines, ignorant de son histoire, il va néanmoins resentir pleinement ce qu'ont vécu ses ancêtres.

    Avec lui on va découvrir Sartre qui vit dans un squat, sa mamie, mais aussi Eusébie, l'amie de sa mère qui vient de donner vie à une petite fille; Stella qu'il retrouvera à plusieurs reprises et Rosalie, la grand-mère centenaire qui raconte l'histoire du Rwanda.

    On accompagnera Milan à plusieurs reprises dans ce pays, à la recherche de ses racines dont sa mère ne lui dit toujours rien, juste le silence pour un passé trop douloureux à porter.

    Ce récit sur 5 générations, étalé sur un siècle va nous faire comprendre et ressentir l'histoire du Rwanda, de ses ethnies, la colonisation, la christianisation, la responsabilité des colons, des pouvoirs locaux, utilisant souvent la foi, les églises comme lieu d'extermination.

    J'ai découvert l'importance des Gacacas, tribunaux populaires pour permettre de savoir, de comprendre ce qui s'est passé, de ne plus laisser des impunis, permettre au peuple de pardonner et vivre ensemble.

    J'ai compris et ressenti la difficulté et le dilemne de penser vengeance et vivre ensemble, l'importance d'avancer dans cette société, de ne pas oublier.

    Stella, la petite fille qui vient de naître lorsque Milan fait son premier voyage au Rwanda est née en 98 bien après le génocide, elle va être un fil rouge, en nous racontant son lien fort avec Rosalie, son arrière grand-mère, ses ancêtres et racines. Le Jacaranda est son refuge, ses racines, indispensable pour elle.

    Un livre magnifique qui ouvre la voie vers la lumière et le vivre ensemble.

    Je pourrais encore vous dire beaucoup de choses, lisez-le vous ne serez pas déçu.e.s.

    C'est un gros coup de coeur ♥♥♥♥♥


    Les jolies phrases

    Mais on ne vient pas en vacances sur une terre de souffrances. Ce pays est empoisonné. On vit avec des tueurs autour de nous et ça nous rend fous Tu comprends ? Fous !

    Ecoute-moi bien, beaucoup de Rwandais qui ont vécu toute leur existence en exil sont revenus après le génocide. Peu importe ce que l'on te dira, c'est ton pays. Tes ancêtres vivaient sur ces collines et certains ont payé de leur vie pour que tu te sentes chez toi.

    Tu sais, l'indicible ce n'est pas la violence du génocide, c'est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout.

    Dans quel marécage intérieur les gens de ce pays pouvait-il vivre ?

    Avant de s'éteindre paisiblement sur la terre de ses ancêtres, elle m'aura enseigné que l'on ne peut pas comprendre qui on est si on ne sait pas d'où l'on vient. Elle est racine de mon arbre de vie. Elle existe pour toujours sous l'écorce de ma peau.

    Après le génocide, j'ai rencontré d'autres rescapés dans des situations encore plus terribles que la mienne et j'ai compris que je devais vivre pour les miens qui n'étaient plus là. Je n'avais pas le choix. Les corps de mes enfants avaient été déplacés au mémorial et j'ai pu les enterrer en dignité. J'ai repris mes études. En 1998, je suis devenue mère à nouveau. Ma fille, Stella, est ma raison d'être. Aujourd'hui, les miens vivent à travers moi mais aussi à travers elle. Il faut se souvenir que les Tutsi ont été tués non pas pour ce qu'ils pensaient ou ce qu'ils faisaient mais pour qui ils étaient. Nous devons continuer à raconter ce qui s'est passé pour que cette histoire se transmette aux nouvelles générations et ne se reproduise jamais plus nulle part.

    https://nathavh49.blogspot.com/2024/08/jacaranda-gael-faye.html

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  • Première liste sélection Renaudot et Goncourt 2024

    Gaël Faye nous replonge en plein Rwanda aux heures sombres de ce pays, après le génocide des Tutsi. Un court roman poétique qui explore ce pays à travers le regard de Milan un jeune garçon qui y voyage pour la première fois et qui ignore...
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    Première liste sélection Renaudot et Goncourt 2024

    Gaël Faye nous replonge en plein Rwanda aux heures sombres de ce pays, après le génocide des Tutsi. Un court roman poétique qui explore ce pays à travers le regard de Milan un jeune garçon qui y voyage pour la première fois et qui ignore tout de l'histoire nationale. L'apprentissage de cette histoire se fera a travers les témoignages de quatre générations, la mémoire, la perte et la nostalgie, l'amitié, l'amour, les silences et l'horreur. Une fresque intime et bouleversante, un texte puissant et sensible. Un récit de l'après, d'une quête de ses origines identitaire, une liberté de la parole, une lecture que je conseil.


    "Depuis ma chambre, je pouvais apercevoir de hautes flammes dans les marais salants. Le spectacle était beau et terrifiant. C'est là que je l'ai remarquée. Debout au milieu du jardin, pieds nus dans l'herbe, une chemise de nuit blanche, immobile et seule. Sa silhouette se détachait en une ombre énigmatique à la lueur vacillante des flammes.
    Nous étions en juillet 1994. Au moment où j'observais ma mère de dos qui regardait la nuit en feu, un génocide prenait fin dans son pays natal. Je n'en savais rien."

    "Tout ce que dit la vieille femme est vrai. J’ai frappé cet enfant. C’est Gaspard qui a insisté pour qu’on ne tue pas les autres dans la bananeraie. Il ne faisait que répéter les ordres du bourgmestre qui avait demandé de ne pas laisser les corps pourrir sur les collines, pour des questions d’hygiène. C’est Gaspard qui a eu l’idée de déshabiller les Tutsi et de récupérer les habits avant qu’ils ne soient taché de sang . Les autres étaient d’accord, ils voulaient offrir de beaux cadeaux à leurs filles et leurs épouses en rentrant le soir chez eux après le travail. Quand le groupe a été entièrement nu, nous nous sommes mis en route. J’en vois certains, ici, dans cet assemblée, qui me regardent comme un criminel. Mais ce jour-là, en traversant le village, les mêmes qui me jugent aujourd’hui, étaient sur le bord du chemin à pointer les Tutsi du doigt, à se moquer du corps des femmes, à leur cracher dessus, à leur jeter des pierres, les traiter de cafards et de serpents. J’ai peut-être tué de mes mains, mais vous les avez toutes condamnées à mort par vos regards sans pitié, vos mots et vos pensées."

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