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Est-il possible qu'un couple de chiens - en l'occurrence deux lévriers italiens - puisse modifier le comportement amoureux d'un couple d'humains qui se croient leurs maîtres ? C'est ce lent travail de séductions entrecroisées et d'influences occultes entre la femelle Namouna, le mâle Méphisto et le ménage en apparence uni du nonchalant Jérôme Petitberthier et de sa femme, la très jolie et très autoritaire Alix, qu'Henri Troyat analyse impitoyablement. Ce drame conjugal, doublé d'une fascination animale, est l'occasion pour lui d'évoquer le milieu mal connu des cynophiles de profession, des éleveurs officiels, des compétitions canines qui se déroulent, en France et à l'étranger, tout au long de l'année. Pris dans cet univers si particulier de la passion et du commerce des bêtes, les héros, Jérôme Petitberthier, ne sait plus au juste s'il est un bipède ou un quadrupède. A mesure que le temps passe, le chenil, autour de lui, gagne du terrain sur la maison et l'aberration sur la réalité. Namouna ne serait-elle pas une magicienne changée en petit lévrier italien ?
Henri Troyat fait partie des auteurs de ce que j'appelle l'héritage familial. Ce sont ces écrivains dont vos parents sont férus et dont ils vous rabâchent le talent toute votre enfance jusqu'à ce qu'un jour, vous tentiez à votre tour l'aventure. J'ai découvert Henri Troyat à travers "Toute ma vie sera mensonge" puis "Le bruit solitaire du cœur" et "Youri" avant de me lancer vers d'autres auteurs. "Namouna ou la chaleur animale" n'est donc que le quatrième roman de l'auteur que je lise mais signalons d'emblée que je n'ai pas reconnu le style de l'auteur ici.
Ce roman paru en 1999 m'a, à vrai dire, fait un effet identique à celui que m'avait procuré la lecture du "Manuella" de Philippe Labro, à savoir qu'on se demande si on a affaire au même écrivain. "Namouna ou la chaleur animale" est un roman qui baigne dans l'insouciance dont l'histoire, bien que plaisante à lire du fait du style de l'auteur, n'a pas beaucoup plus d'intérêt que ne l'aurait un roman à l'eau de rose d'une célèbre collection. L'auteur était-il devenu gâteux pour nous servir cette ode aux lévriers italiens mièvre, dégageant une odeur douteuse de bons sentiments et de phrases toutes faites qui placent ses personnages hors du temps, loin des contrariétés de la vie réelle ? Quiconque a eu un chien se reconnaîtra dans le rapport que Jérôme et Alix entretiennent avec leurs animaux, mais cela méritait-il de consacrer un roman complet à ce sujet ? Je ne le pense pas d'autant qu'en dépit de l'image du père, comme d'habitude chez Troyat, écrasante, on ne retrouve rien de ce qui fait le charme de l'auteur. Si vous avez du temps à perdre ou une envie de lecture agréable et sans prise de tête, "Namouna ou la chaleur animale" se prêtera bien à l'exercice, mais en dehors de ça, mieux vaut se replonger dans les premières années de sa bibliographie.
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