"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le récit qui dans le présent tome de FORTUNE DE FRANCE commence le 29 avril 1624 par l'entrée du cardinal au Conseil du roi, s'achève le 8 octobre 1627.
Trois petites années, mais qui ne furent assurément pas petites par l'importance et la gravité des événements qui les marquèrent : l'expédition en Italie pour sauver la Valteline, les guerres sans cesse recommencées contre les rébellions des huguenots, le mariage de Madame, soeur du roi, avec Charles Ier d'Angleterre et, comble de scandale, les entreprises galantes de Buckingham sur la reine de France.
Le projet de mariage de Monsieur, frère du roi, marque assurément le tournant le plus périlleux de ces années-là. Il déplaît à Monsieur, mais plus encore à une reine sans dauphin. Sous l'impulsion des " vertugadins diaboliques " dont elle est entourée, l'intrigue devient cabale, et la cabale tourne à la conspiration. L'épouse et le frère du roi se liguent contre lui. Ses demi-frères, les Vendôme, dressent contre Richelieu des embûches mortelles.
Le roi lui-même est menacé par le couteau d'un assassin. La réaction est expéditive. Exil, geôle et décapitation punissent les coupables. Buckingham qui, à l'appel des huguenots, a pris pied sur le sol de France, en est chassé avec de lourdes pertes. Le roi met le siège devant La Rochelle avec une forte armée. Le récit galope. Les dialogues abondent, drôles ou pathétiques. L'action rebondit de péripétie en péripétie.
Les relations du roi et de Richelieu, dégagées des stéréotypes périmés, sont, en fait, riches et nuancées. Malgré les querelles, les ombrages, les " coups de caveçon " d'un roi malcommode, et les démissions données et reprises, elles se muent insensiblement en affection profonde, forgée dans les périls qu'ils courent côte à côte dans leurs incessants combats contre les factieux du dedans et les ennemis de l'extérieur.
Le dixième volume de "Fortune de France" voit la progression de Richelieu jusqu'à la place de ministre et de conseiller privilégié du roi. C'est aussi le dernier volume dont je rédigerai une note de lecture car il me semble qu'à partir de ce volume la fiction est presque complètement évacuée et laisse une place prépondérante à l'Histoire de France. Ce n'est pas regrettable en soi mais ce choix s'accompagne d'une narration moins vivante, plus figée dans l'approche historique, qui m'a impatientée. Certes la documentation est solide, l'érudition est remarquable et l'écriture reste d'une élégance admirable. Mais que puis-je dire d'autre à partir du moment où les personnages fictifs deviennent des silhouettes sur cette scène historique ? Les personnalités de Richelieu et du roi apparaissent dans toute leur ambiguïté et l'auteur en trace des portraits loin de tout poncif. Cependant, j'aurais aimé savoir de que devenaient les habitants de Mespech et d'Orbieu. Tout dévoué à ses missions auprès du roi, le narrateur en oublie sa famille et n'en donne que de fugaces et imprécises nouvelles. La mort de son père, qu'il disait pourtant tant aimer et admirer, est expédiée en un petit paragraphe ! Miroul, Samson, Quéribus, etc. ont complètement disparu du paysage. Je m'étais attachée, moi !
Quoi qu'il en soit, cette somme historique demeure une fresque incroyable où la vie palpite à chaque page ! Malgré mes déceptions des derniers volumes, j'en garde un souvenir marquant et je crois bien que j'aurai plaisir à relire les premiers épisodes !
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