"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nous sommes à Budweis, en Tchékoslovaquie à l'époque du Printemps de Prague à la fin des années 1960. Moscou pèse sur les décisions du Parti et du pays, chacun gère sa vie comme il peut. La vie quotidienne se déroule avec petits compromis et petites lâchetés ou grand héroïsme, parfois involontaire. Zdenek Drahos aime le trolley, il aime son trolley et rien que son trolley au grand désespoir de sa femme qui prend un chien pour se consoler. Quand les lignes de trolley sont supprimées au profit des lignes de bus, et quand un collègue-camarade après l'autre change de travail, Zdenek résiste.
Quand un roman montre la réalité insidieuse et destructrice du pouvoir…
Fin des années 60 à Budweis, en Tchécoslovaquie. Les villes du pays assurent le transport des voyageurs avec un réseau de trolleys. Zdeněk Drahoš est l’un des conducteurs les plus passionnés : il ne veut pas devenir conducteur de bus ! Or, depuis l’invasion des troupes du pacte de Varsovie, la nouvelle direction du Parti s’aligne sur Moscou et veut de la modernité en remplaçant le trolley par le bus. Comment Zdeněk Drahoš pourra-t-il se faire entendre ? Echappera-t-il aux griffes d’un Parti omniprésent ?
Ce roman est important pour découvrir de l’intérieur ce que représente le pouvoir Russe quand les pensées dissidentes émergent mais aussi ce que la passion pour son travail peut représenter pour un homme.
C’est un livre compact, complètement abouti, hermétique à qui ne veut pas s’immerger dans une lecture éclairante. Le fond est lourd, argumenté, détaillé, assis sur une réalité historique et ce qui pourrait sembler anecdotique va servir à nous faire mesurer ce qu’est le pouvoir sans violence, sans possibilité de dire non puisque l’on ne s’en aperçoit pas.
Printemps de Prague en 1968, coulisses des luttes entre les responsables du parti majoritaire ayant le pays sous sa coupe, vie de famille des plus normales avec le souci de l’amour d’un fils, Stalinisme évoqué comme épouvantail par les réformateurs, ce livre est politique mais surtout social et sociétal. C’est en cela qu’il est particulièrement intéressant, pour montrer ce qui est souvent vu trop tard.
L’auteur est bilingue tchèque-français et cela se sent. Par l’amour de la langue parfaitement maîtrisée et par le souffle rebelle inscrit en filigrane. C’est savamment récréatif, l’humour, le corrosif, la dérision étant les vecteurs indispensables des contournements et des vérités cachées.
Ce roman sombre est aussi lumineux car transcendé par la vie d’un homme accroché de façon absurde à un moyen de locomotion qui ne reviendra que 20 ans plus tard. J’aime le titre qui résume tout.
Je remercie Babelio qui m’a fait gagner « Le char et le trolley » lors de leur dernière Masse critique.
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