"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La narratrice, née dans les années 1970, a passé son enfance auprès d'une mère envahissante, amère et négative. À l'adolescence, l'univers mental de la jeune fille sage et effacée se dérègle. Elle devient obèse, se réfugie dans la lecture, engage une correspondance avec un écrivain qu'elle finit par rencontrer. Brève rencontre : déçu, l'écrivain ne perçoit pas l'être humain caché sous l'épaisseur de la graisse.
Elle prend alors une décision qui aura de grandes conséquences : elle va devenir Genica, une jeune fille svelte et différente, débarrassée de ses complexes, inattaquable. Une nouvelle vie commence, mais jusqu'à quand ?
L'univers d'Amina Danton est très étrange et prenant. Le roman développe un charme glacial pour nous faire partager la solitude de la narratrice, sa mise à l'écart volontaire. La détresse ne s'y exprime jamais par la plainte mais par une distanciation ironique, qui laisse percer un fort désir de vivre. Comme la Nadja d'André Breton, la narratrice est toujours " là où on ne l'attend pas " : personne en effet ne l'attend, sinon elle-même, ce double rêvé et patiemment construit dans la solitude.
Voici donc cette narratrice si romanesque qu'à 16 ans elle provoque une rencontre avec Pierre R., l'écrivain dont elle se sent si proche que ses livres inspirent (aspirent?) sa vie. Si romanesque qu'après cette rencontre décevante, elle décide de devenir Genica, inspirée elle aussi d'un personnage de roman. Ce sera Nadja qui sera son guide dans cette nouvelle apparence et cette nouvelle vie qu'elle se construit peu à peu.
Cachée derrière cette armure de beauté, protégée mais toujours vulnérable, Genica rencontre ceux qui la créent, à la frontière entre oeuvre d'art et fantasme, entre apparence et existence. Dans ce jeu de masques, dans cette volonté de revanche, les repères deviennent instables et seuls la photo, les films permettent, paradoxalement, de préserver la réalité et -peut-être ? - de ne pas se perdre.
Romanesque, oui ! Follement, éperdûment romanesque ! Est-ce que la lecture, l'art nous font prendre "la tangente" de nos propres vies ? Peut-on "se" créer comme on écrit, comme on peint, comme on filme ? Que fait-on des romans qu'on lit ?
Moi je dis qu'un roman qui va si loin tout en racontant une vraie histoire qui touche "au-delà" du coeur c'est que du bonheur !
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