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La Grande Illusion de Jean Renoir compte parmi les films les plus étudiés de l'histoire du cinéma. On a pourtant méconnu un aspect essentiel de ce film qui emprunte à la culture visuelle de son auteur des oeuvres de peinture aussi importantes que le retable d'Issenheim de Grünewald, le Polyptyque de saint Antoine de Piero della Francesca ou L'Annonciation de Léonard de Vinci. Ce matériel iconographique qui constitue la documentation raisonnée du musée imaginaire de Renoir est encore et surtout l'instrument d'une politique de l'art en temps de guerre qui rencontre les engagements de Georges Bataille, de Pablo Picasso et d'André Malraux. C'est à partir de quelques chefs-d'oeuvre de la peinture occidentale que Renoir a choisi de s'interroger sur le destin de la civilisation, thème douloureusement polémique de l'entre-deux-guerres, ainsi que sur ses attaches chrétiennes qu'il rassemble sur la figure de la Vierge Marie. La Grande Illusion est « un film fantôme » disait Renoir à l'occasion de sa ressortie en 1946 : quelque soixante-dix ans plus tard ce film continue de hanter notre imaginaire cinématographique.
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