"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l'action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet, écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit (1932), une pièce capitale de l'oeuvre de l'écrivain est mise au jour. Car Céline, entre récit autobiographique et oeuvre d'imagination, y lève le voile sur l'expérience centrale de son existence : le traumatisme physique et moral du front, dans l'«abattoir international en folie». On y suit la convalescence du brigadier Ferdinand depuis le moment où, gravement blessé, il reprend conscience sur le champ de bataille jusqu'à son départ pour Londres. À l'hôpital de Peurdu-sur-la-lys, objet de toutes les attentions d'une infirmière entreprenante, Ferdinand, s'étant lié d'amitié au souteneur Bébert, trompe la mort et s'affranchit du destin qui lui était jusqu'alors promis. Ce temps brutal de la désillusion et de la prise de conscience, que l'auteur n'avait jamais abordé sous la forme d'un récit littéraire autonome, apparaît ici dans sa lumière la plus crue. Vingt ans après 14, le passé, «toujours saoul d'oubli», prend des «petites mélodies en route qu'on lui demandait pas». Mais il reste vivant, à jamais inoubliable, et Guerre en témoigne tout autant que la suite de l'oeuvre de Céline.
Mon impression en parcourant ce manuscrit c'est que je ne saurai toujours pas davantage pourquoi l'écriture de Céline passionne tant de lecteurs, d'intellectuels ou autres grandes figures de la culture.
Lorsque Fabrice Luchini le lit, j'adore l'écouter, je peux presque ressentir quelque chose. Mais dès que je suis seule devant cette écriture un peu façon kalach de la première moitié du vingtième siècle, je décroche. Les idées sont certes intéressantes mais la mise en forme de Céline ne m'a pas davantage interpelée dans ce manuscrit de 200 feuillets nouvellement édité que dans beaucoup de ses autres ouvrages.
Je n'ai pas réussi à le lire en totalité. Peut-être un jour comprendrai-je quelque chose à la "passion Céline" ?
Je vais devoir le reprendre à partir des oeuvres qui ont fait son succès
J’ai attrapé la guerre dans ma tête.
Et depuis, le style de l’auteur tente de rendre sensible cette folie.
De Céline, je n’ai lu que Voyage au bout de la nuit, qui m’avait fortement marqué, et j’ai retrouvé avec plaisir le style inimitable. Ce qui m’a étonné, car il s’agit presque d’un premier jet.
En revanche, j’ai été assez étonnée de trouver dans ces pages beaucoup de scènes de sexe. Je n’avais pas garder ce souvenir-là. Mais peut-être dans ses autres romans….
J’ai été surprise de constater que Bébert devient Cascade, mais que sa fiancée, elle, ne change pas de prénom.
J’ai été amusée des noms de ville que l’auteur déforme.
J’attends la suite, maintenant.
L’image que je retiendrai :
Celle de la surdité unilatérale gauche dont le narrateur souffre depuis l’attaque au front et qui lui cause du soucis.
https://alexmotamots.fr/guerre-louis-ferdinand-celine/
Soixante ans après sa mort, trois inédits de Céline ont été retrouvés. « Guerre », écrit en 1934, soit deux ans après la publication du « Voyage au bout de la nuit », en est le premier opus.
Tout a peut-être écrit sur la guerre de 1914-1918, cette immense boucherie absurde qui ne régla aucunement la question de la haine entre les peuples puisque, vingt plus tard, éclata le conflit le plus meurtrier de toute l'histoire de l'humanité.
À mon sens, seul Louis-Ferdinand Céline a su saisir, au plus près, et dans son entièreté, toute l'horreur de la « Der des Ders » dont il fut l'un des acteurs. Comme des millions d'hommes qui n'en sortiront pas indemnes.
Tout commence sur un champ de bataille. Ferdinand, le narrateur, est seul. Ses camarades gisent, inertes, victimes des combats. Le survivant est blessé au bras et à l'oreille gauche.
« J'ai attrapé la guerre dans ma tête » écrit-il. Elle ne la quittera plus jamais.
Soigné dans un hôpital, il est bichonné par une certaine Mlle L'Espinasse, modèle de dévouement ou de perversion, c'est selon, qui se dépense sans compter pour adoucir les souffrances de ses protégés. Même les cadavres sont les objets de ses attentions !
Les relations entre le blessé et l'infirmière vont donner lieu à des descriptions très crues auxquelles Céline ne nous avait pas habitués, sauf dans « Mort à crédit ». Pour Ferdinand, le sexe est la preuve qu'il est bien vivant.
Il se lie aussi d'amitié avec un certain Bébert, un maquereau de la pire espèce.
Si « Guerre » n'est qu'un premier jet et que Louis-Ferdinand l'aurait très sûrement peaufiné, il n'en reste pas moins que ce roman plus ou moins autobiographique est de belle facture.
On reconnaît bien le style expressionniste, truculent, inventif, explosif et délirant d'un Céline, plus misanthrope que jamais, dont le double est pris au piège de ses pulsions de vie et de mort.
En devenant un poilu, Ferdinand est entré dans le monde des adultes. Il doit alors faire le deuil de son enfance évanouie...
Et, si on rit beaucoup aux excès de l'auteur, on compatit avec lui, confronté à cette perte et à la douleur provoquée par la guerre à jamais gravée dans son corps et son esprit, l'affliction étant renforcée par l'incompréhension de ceux de l'arrière.
EXTRAITS
J'ai appris à faire […] de la belle littérature aussi, avec des petits morceaux d'horreur arrachés au bruit qui n'en finira jamais.
Même si on n'avait plus que dix minutes à vivre on chercherait encore de l'émoi tendre d'antan.
Il pouvait jamais plus arriver que du pire.
C'est putain le passé, ça fond dans la rêvasserie.
J'en avais marre […] d'être en pièces de la tête depuis les idées, l'oreille jusqu'au trou du cul, je voulais me réparer d'une manière ou d'une autre.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-guerre-louis-ferdinand-celine-gallimard/
Cet ouvrage est constitué de documents inédits retrouvés récemment et relatifs à une partie de la vie de l’auteur qui y raconte sa participation à la guerre de 1914, les blessures dont il a été victime et son hospitalisation qui a suivi. La première partie, véritable cri de douleur et de souffrance semble décrire une réalité brute de fonderie figurée par l’emploi des mots crus de soldat et constitue un témoignage précieux sur les séquelles des souffrances endurées par l’auteur. La suite, les soins à l’hôpital et l’environnement décrits, sans doute inspirés des personnages réels rencontrés semble avoir fait l’objet de compléments romanesques avec les qualités littéraires qu’on connaît de l’auteur, son goût pour les scènes de sexe et ses outrances libertaires. Du grand cru de Céline, à la hauteur de « mort à crédit » et de « voyage au bout de la nuit »
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