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HUIT heures. Noé, sept ans, ouvre les yeux. Il se met sur son séant, s'étire, allume sa tablette reçue à Noël et enfile ses chaussons. Comme tous les jours, il rejoint la cuisine, équipée, où sa maman, Gaïa, lui a préparé ses céréales. Nous sommes le premier janvier 2021, tout pourrait aller mieux. Comme chaque soir depuis des mois, la famille s'est couchée sans être sortie, sans avoir profité de la vie d'un pays en paix. Virus oblige, minuit n'a été qu'une minute sans masque, où l'on s'est simplement souri au lieu de s'embrasser. Noé regarde l'heure sur sa tablette. Tiens, il est sept heures cinquante-huit. Il est étonné mais ne sourit pas. Encore une camelote chinoise. Comme d'habitude.
DIX heures. Noé, sept ans, ouvre les yeux. Il se met sur son séant, s'étire, enfile ses chaussons. Comme tous les jours, il rejoint l'espace de la cuisine, sombre, installé dans la cave, où sa maman, Gaïa, lui a préparé son petit déjeuner. Nous sommes le premier janvier 1941, tout ne va pas bien. Comme chaque soir, la famille s'est couchée à 20 heures, couvre-feu oblige, sans faire de bruit. Minuit n'était qu'un passage bien triste, obligé, comme depuis deux ans. Noé regarde la pendule suspendue au-dessus de la TSF éteinte, à côté du chandelier. Tiens, les aiguilles tournent à l'envers, il est neuf heures cinquante-huit. Maman est étonnée mais ne sourit pas. Comme d'habitude.
Extrait de la nouvelle Comme d'habitude.
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