"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
2023, La Haye, Cour pénale internationale.
Trois Africains sont accusés de crimes contre l'humanité. Ils sont complices d'un médecin afro-américain considéré comme l'auteur d'un document sulfureux - le Manifeste pour la vie - proposant au monde entier un projet écologique d'une radicalité inédite. Poussée par son instinct, une femme, Hélène Morel, qui a vu son petit-fils métis, Julien, disparaître au coeur de l'Afrique, assiste au procès. Julien Morel, employé par les Nations Unies, a reçu cinq mois plus tôt d'un certain Joseph Klein une photo qui l'a attiré au coeur de la forêt équatoriale en lui donnant l'espoir de revoir vivantes sa mère et sa soeur alors qu'elles ont été déclarées victimes du génocide rwandais. Le procès et la disparition de Julien deviennent une seule et même affaire.
Au fil des semaines, Hélène se rapproche d'un des prévenus, Djany, une femme congolaise qui a connu son petit-fils. Cette dernière lui révèle le lent et périlleux trajet de Julien le long du fleuve Congo. Récit qui pourrait entraîner un bouleversement majeur du procès... Qui est le véritable auteur du Manifeste pour la vie qui a provoqué ces violences extrêmes ? Quel est le rôle de Julien dans ce projet insensé dont un des volets est de chasser tous les étrangers d'Afrique, en commençant par les Occidentaux ?
Le récit est celui d’une « enquête » menée par Hélène. Le petit-fils de cette dernière a disparu au coeur du Congo, où il était parti sur les traces de sa mère qu’il croyait morte depuis le génocide du Rwanda de 1994. Le procès devant la Cour pénale internationale de La Haye de trois individus pouvant être en lien avec cette disparition s’ouvre pour des faits de complicité auprès d’un mouvement écologiste radical. Hélène trouvera en la personne du président de cette juridiction, Leonidas, une aide précieuse pour faire la lumière sur cette disparition.
Plusieurs particularités émanent de ce roman, difficilement classable. Pourquoi tout catégoriser? Disons, que si je devais le classer, je le mettrais entre le thriller judiciaire et le roman noir.
Tout d’abord, l’histoire se déroule dans le futur, certes court puisqu’on est en 2023 mais quand même. Je ne suis pas habituée dans mes lectures habituelles de trouver ce genre d’éléments. Attention qui dit futur ne dit pas un futur éloigné de ce que nous connaissons actuellement. C’est juste un choix de l’auteur de ne pas placer son histoire à l’heure actuelle. Pas de robot, d’innovations technologiques ou de voitures volantes dans ce récit.
Ensuite, le décor est planté à la fois à Cour pénale internationale et au coeur de l’Afrique. Ayant étudié le droit et de plus m’étant spécialisée dans le droit international, retrouver des éléments étudiés lors de mes études était assez agréable. En effet, mon mémoire portait sur la présomption d’innocence devant les juridictions internationales en matière de crimes internationaux. Le thème de ce livre est parfait pour moi, qui reste attachée à ces matières en m’y intéressant encore beaucoup, malgré que mon diplôme date de plusieurs années maintenant.
L’Afrique n’est pas souvent abordée dans mes lectures, terre pourtant si riche mais aussi si souvent violentée par de nombreuses guerres et génocides. L’auteur, Richard Boidin, a été directeur des Archives diplomatiques et toujours diplomate en poste au Zimbabwe et Malawi depuis 2016. Son amour pour ce continent se ressent à son écriture, dont les descriptions sont fortes mais si sensibles. Il est difficile de passer à côté du fait que Richard Boidin connaît et maitrise parfaitement son sujet. Il tire du fleuve Congo un personnage à part entière, présent tout du long, s’insinuant au fil des pages.
Les personnages sont savamment construits et les thèmes abordés sont radicalement actuels. Richard Boidin a fait le choix d’un style narratif particulier puisque ce qui s’est passé pour Julien est relaté par Djany, l’une des accusées au procès et est ensuite transmis par Hélène, sa grand-mère, au juge Leonidas. Cela pourrait en dérouter plus d’un.
La petite déception pour moi est la fin de ce livre, que j’ai considérée comme assez ouverte. Vous devez le savoir, je ne suis pas une grande amatrice de ce genre de final. Bien entendu, je ne pourrai pas considérer une lecture comme mauvaise, juste pour ce détail qui est tout à fait personnel pour moi. Il ne reste donc plus à vous en faire votre propre avis.
Je remercie les éditions Presses de la Cité et Babelio pour l’envoi de ce livre.
J’ai eu un coup de cœur pour se livre qui nous emporte avec lui en Afrique, terre de richesses et de beautés mais aussi terre ignominieusement souillée par les génocides et les guerres. Tout commence dans un futur proche en 2023, à la Cour pénale internationale de La Haye. Deux hommes et une femme Africains y sont poursuivis pour crime contre l’humanité. Ils seraient les complices de l’auteur du « manifeste pour la vie » qui donne une nouvelle vision écologique radicale. En parallèle, Hélène Morel suit le procès et reste activement à la recherche de son petit fils métis, Julien disparu en Afrique il y a quelques mois. Julien remonte la piste de sa mère et sa sœur disparues pendant le génocide rwandais grâce à une photographie qu’un certain Joseph Klein lui a fait parvenir. J’ai beaucoup de tendresse pour le personnage D’Hélène qui va réussir un tour de force incroyable. Elle va devenir la confidente attitrée de Djany cette femme au banc des accusées qui a connu son petit-fils et dans le même temps, elle fera tout pour rencontrer le Juge de la cour. Ce qui m’a le plus surpris c’est le choix narratif de l’auteur. On apprend tout de l’histoire, du fleuve Congo et des exactions par la voix de Djany qui parle pour Julien puis il y a une seconde retranscription d’Hélène au juge. Cela nous donne un récit par personnes interposées. Il y a des scènes et des descriptions très dures qui nous montrent le chaos, la violence et le côté barbare de l’Homme. On ne peut imaginer l’impensable de ce génocide fratricide, l’auteur a parfaitement su rendre l’atmosphère de sauvagerie et de bestialité. On ressent son amour pour ce continent, sa population et ses croyances. La place du fleuve Congo est magnifiée dans ce que nous en dit Djany, on touche là à la spiritualité mais aussi à une sorte d’obscurantisme cela m’a captivé. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2019/10/14/37712175.html
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