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Il m’a fallu du temps pour laisser retomber l’émotion suscitée par Nous, les passeurs. Avant même de l’ouvrir, je savais qu’il ne me laisserait pas de marbre. Je savais qu’il me transporterait. J’étais pourtant loin d’imaginer les traces qu’il encrerait en moi après l’avoir refermé.
Bien sûr c’est encore un énième livre qui traite de la seconde guerre mondiale. Encore un témoignage. On pense désormais en connaître un rayon sur le sujet. Et pourtant Nous, les passeurs est un de ceux que je vous recommande parmi les nombreux ouvrages existants. Parce qu’il aborde un pan de l’Histoire que l’on ne connaît pas forcément. Parce qu’il est pur, et écrit avec le cœur, le corps, les tripes, le sang.
2016, Marie Barraud décide de coucher sur le papier sa tragédie familiale. Celle d’un grand-père, Albert Barraud, médecin, résistant, déporté en 1944 au camp de Neuengamme. A son arrivé au camp, il devient médecin du « revier 1 » sans jamais perdre son esprit de résistant. Durant toute sa déportation, il a consacré sa vie à ses camardes en les aidant, soignant sinon soulageant des centaines, des milliers de malades. Il a trafiqué des papiers pour tenter de sauver ces déportés de la mort. Toujours cet homme a vécu l’espoir au cœur. Toujours il a cru en l’Homme et en l’humanité.
Albert Barraud est mort en 1945 sur un paquebot bombardé par les alliés qui pensaient y trouver des allemands. Or dans cet immense tas de ferraille, il n’y avait que des milliers de déportés, entassés sur des corps sans vie. Eux-mêmes déjà un peu morts.
Albert Barraud a laissé derrière lui deux fils et une épouse. Aucun d’entre eux ne parle de lui. Jamais. Quel est la raison de ce silence ? Lorsque Marie aborde le sujet, c’est la colère qui rugit dans les yeux de son père. Pourquoi ? Comment son père peut-il ressentir une telle rage face à cet homme, à ce père, qui fut un héros ?
La jeune femme décide de chercher à comprendre qui était ce grand-père et pourquoi personne ne l’évoque, jamais. Elle qui ressent un vide en elle par l’absence d’un homme qu’elle n’a jamais connu. Un inconnu qui semble étouffer le monde des vivants.
C’est un travail de fourmis qu’a entrepris Marie Barraud, rien ne l’a arrêté dans cette quête d’identité, de vérité.
Au sein de ce récit, elle remonte le cours du temps à la recherche de témoins, plongeant son nez dans les archives, les lettres que son père n’a jamais lues. Elle parcourt des centaines de kilomètres pour trouver une réponse, ses réponses, leurs réponses.
A mesure qu’elle avance dans ses découvertes, Marie Barraud se crée des souvenirs avec ce grand-père qu’elle n’a pas connu. Elle le dessine en rêves, geste par geste, mot par mot. Si réels dans ce sommeil nourrissant.
Avec une infinie délicatesse, elle partage ce lien invisible qui la relie à lui. Avec un amour indéfectible, et une détermination sans pareil, elle reconstitue tous les épisodes de ce malheur familial, malgré la douleur, pour permettre aux siens de trouver la paix, de trouver la force de pardonner.
Plus qu’un roman, Nous, les passeurs, est un foudroyant témoignage de vie et d’Histoire. La plume de Marie Barraud se fait précise afin de ne rien laisser au hasard. Elle se fait douce également et vous serre le cœur, vous noue le gorge, vous arrache quelques larmes par l’histoire retranscrite d’une part mais aussi parce que ses mots transpirent de sincérité et d’un besoin viscéral de partage. Ce besoin nécessaire de devenir elle aussi "un passeur".
Ce n’est évidemment pas un livre que l’on lit pour le style, mais c’est un roman que l’on lit pour le symbole qu’il porte, pour son geste. Un geste d’amour porté à un père, à un grand-père, à une famille toute entière et bien au-delà même. Un geste d’amour pour ne jamais oublier l’homme, l’horreur, la vie.
J'ai lu ce roman juste après "Reste le chagrin" de Catherine Grive, finalement je l'ai trouvé dans la continuité, là on parle d'un grand-père qui a disparu dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale. J'ai aimé suivre Marie dans sa quête pour découvrir qui est Albert, ce grand-père dont personne ne parle jamais dans sa famille, alors qu'il est connu pour être un héros (une rue porte même son nom dans sa commune). On découvre la souffrance de sa disparition sur la grand-mère de Marie et son père et son oncle,. Ils la gèrent différemment : distance et silence ; colère et fureur ou bonté et bienveillance.
Finalement ce fantôme déchire cette famille et la quête de Marie, qui la mènera avec son frère Benjamin sur le lieu de déportation et celui de la mort de leur grand-père, apaise les non-dits, les silences et délivre sa famille.
Le point qui m'a dérangé est qu'il s'agit d'un livre très personnel, que Marie Barraud écrit pour son père, son oncle et son grand-père, je me suis sentie comme une intruse, une voyeuse sur cette histoire. Je comprends le geste de l'auteur , touchant mais son récit m'a déstabilisée, c'est la première fois que je lisais un récit comme cela. Il m'a appris certains points de la fin de la seconde guerre mondiale, pue réjouissants, preuves de l'horreur humaine, d'un homme (Himmler) qui fait ici preuve de sa profonde inhumanité.
Tout comme le livre de Catherine Grive, je pense que sa lecture est importante pour le souvenir, comme une trace de la petite histoire dans la Grande Histoire, de ces hommes qui ont lutté contre l'inhumanité et ont sacrifié leur vie pour en sauver d'autres, qui sont peut-être nos grands-parents.
Marie comprend que le côté taciturne de son père est lié à l’histoire de son grand-père. Ce dernier, fervent humaniste et médecin a été déporté et n’en est jamais revenu, laissant femme et enfants.
C’est grâce à un survivant que Marie va pouvoir retracer la vie de celui qui a choisi de sacrifier sa vie au nom de l’espoir de l’humanité.
Si ce roman montre la nécessaire connaissances de ses racines, de son passé pour avancer dans la vie de façon équilibrée et que les zones d’ombre doivent être éclairées à un moment ou un autre, il ne m’a pas emballée n’ayant pas trouver un intérêt romanesque. J’ai eu plus la sensation d’être en position de voyeur cependant je peux comprendre ce besoin de partager.
« J'ai voulu raconter l'histoire de mon grand-père et, par ricochet, celle de ses deux fils. J'ai voulu dire ce qui ne l'avait jamais été, en espérant aider les vivants et libérer les morts. J'ai pensé que je devais le faire pour apaiser mon père. Ces mots, c'est moi qu'ils ont libérée. »
Oui, c’est un livre émouvant, très émouvant. Il est impossible de rester de glace devant les écrits de Marie Barraud, devant ses recherches sur son grand-père, sa vie dans le camp de Neuengamme, les dégâts que cela a causé…
Oui, mais voilà, cela ne suffit pas pour faire un livre qui me plaise. Je ne suis pas entrée dans le livre, j’ai cheminé à côté de ses mots. Cheminer est un euphémisme, je devrais dire, couru car j’y ai trouvé de l’urgence, enfin, je l’ai ressenti ainsi, une lecture au pas de charge. J’aurais aimé que le sujet soit plus approfondi car il y a de la matière.
Peut-être cette rapidité, cette urgence qui fait que je n’ai pas pu voir autre chose, m’a gênée. Je pense que j’aurais aimé y trouver autre chose que l’émotion.
Ce livre est plus un cri vers son père pour dire, Papa, je suis là, regarde moi, regarde ce que j’ai fait, je l’ai fait pour TOI, pour que tu me regardes enfin comme je le voudrais.
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