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L’étrangère est une œuvre protéiforme à la fois autobiographie, roman et chronique familiale, sorte de carte topographique comme l’écrit l’autrice.
« L’histoire d’une famille ressemble plus à une carte topographique qu’à un roman, et une biographie est la somme de toutes les ères géologiques que nous avons traversées. »
L’histoire débute par la rencontre de ses parents, tous deux sourds. Deux versions romanesques de cette rencontre existent car chacun prétend avoir sauvé l’autre de la mort.
Née et grandie aux Etats-Unis, Claudia Durastanti va quitter Brooklyn retrouver l’Italie lorsque sa famille émigre dans un village perdu de la Basilicate.
Aux côtés d’une famille quelque peu déjantée, la narratrice raconte sa vie avec deux parents sourds dont la relation tumultueuse et passionnée, le manque d’argent ne facilitent pas le quotidien. Aux côtés de son frère, elle qui entend parfaitement va grandir entre ces deux adultes non entendants et éternels adolescents Elle va devoir composer avec cette différence et apprendre à communiquer de façon très particulière puisque sa mère refuse de parler la langue des signes. Le fait de retourner en Italie alors qu’elle a débuté sa vie à Brooklyn, la rend aussi étrangère à cette nouvelle langue et cette culture qu’elle doit assimiler. Elle va construire sa propre langue avec ces fragments d’autres langues,
La narratrice va être ballotée entre deux cultures, entre ses parents quand ils auront divorcé, entre plusieurs langues et ces expériences vont l’interpeller sur le rôle et les pouvoirs du langage.
« Mais moi je m’intéresse moins à l’identification avec une langue qu’à l’évolution d’un langage au fil du temps »
L’originalité du roman tient à son découpage en chapitres courts, avec des titres évocateurs comme « La petite fille absente à cause d’un chagrin »
Dans cette « carte topographique » de ses proches, elle nous donne à entendre toutes les voix de sa famille élargie aux personnalités très différentes. C’est vivant et, sous sa plume, le pathétique devient drôle.
Au milieu de ces récits multiples, on suit avec un intérêt croissant cette petite fille différente des autres et qui va devoir se frayer son propre chemin pour devenir adulte. Elle sera à la recherche d’un enracinement plus profond après avoir été cahotée durant toute sa jeunesse.
Claudia Durastanti est devenue autrice et traductrice, preuve de l’importance du langage, quel qu’il soit, pour vivre tout simplement.
Ce roman est profond, beaucoup plus profond que ne le laissent supposer les premières pages, et on ne peut qu’être touché par ce récit.
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