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"Violeta" est l'histoire d'une secrétaire à Lima dans les années 60. Le pays, en pleine euphorie économique, croit au développement et à la modernité. Le patron de cette secrétaire est un ingénieur qui se sait instrument privilégié de la modernisation tant attendue du Pérou.
Violeta élève seule sa fille de 15 ans. Le roman est l'approfondissement du point de vue de cette femme, toujours partagée entre le rêve romantique et la vie pratique. Elle rêve aux amours de son patron, à l'avenir de sa fille, et au cours du roman, elle comprend que la réalité est mille fois préférable et infiniment plus complexe et mystérieuse que ces rêves de roman feuilleton. L'idylle de l'ingénieur avec la jeune chilienne, fille d'immigrés, révèle sa part d'ombre et de lumière. La société péruvienne, déchirée entre son histoire coloniale et son passé impériale, est profondément raciste. La couleur de la peau détermine la position sociale et les possibilités d'ascension sociale. La jeune chilienne est blanche, la fille de Violeta ne l'est pas et la secrétaire se rend compte de ce désavantage. L'injustice intrinsèque aux rapports sociaux est révélée et perd de son innocence. Violeta, avec sa bouche et ses ongles roses, ses faux-cils, ses cheveux ondulés et ses romans-photos, porte en fait un regard profondément lucide sur le monde et prend sa vie en main. "Violeta" est donc l'histoire d'une ascension de la conscience des personnages principaux que sont la mère et la fille, deux femmes qui vivent dans un contexte très difficile aussi à cause du machisme.
Le roman repose en grande partie sur le dialogue, le dialogue riche et rebondissant qui donne une dynamique particulière à l'écriture. Cet aspect-là, à la différence de "L'Attente" (éd. Balland, 2001), inscrit l'histoire dans le quotidien et dans la grande part de subjectivité du langage oral. L'auteur s'intéresse au destin des femmes, des femmes seules, des vieilles filles, des mères célibataires. Ce n'est pas une préoccupation d'ordre sociologique, il s'agit plutôt d'une profonde curiosité, d'un intérêt passionné pour l'envers du décor, pour ce qui dans l'ordre du monde est caché, recouvert par le tapage extérieur mais qui se révèle être à la base, en quelque façon, le monde, le vrai cette fois-ci, le monde en tant que vision subjective et sentimentale. L'auteur s'intéresse aux gens que l'on ne remarque pas mais qui, comme Violeta, de sa position subordonnée, ont un oeil clair et précieux sur le monde qui les entoure
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