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« On n'aborde pas la littérature monastique des premiers siècles sans une sorte de stupeur. [.] Comment [certains] êtres ont-ils été attirés par un mode de vie qui rebutait certainement leurs contemporains et qui, plus encore, est aux antipodes de ce qui attire les hommes d'aujourd'hui ? Extrême pauvreté, solitude affective, silence et obéissance sont en effet le contraire exact des valeurs en vogue dans la cité moderne. [.] Pourtant au sein même de son enfermement - dans un tombeau, un habit, un lieu définitif, ou dans le «non-lieu» du désert ou de l'exil -, le moine découvre aussi la possibilité d'une liberté intérieure, d'une plus grande simplicité, d'une communion universelle. Il n'a pas besoin de communiquer avec beaucoup de ses semblables pour les connaître en se reconnaissant en eux. Sa solitude est le lieu paradoxal où il rejoint chacun, visiblement ou invisiblement. Il ne fuit pas le drame de l'existence ordinaire : il y descend, suspendu au fil de la prière. S'il s'enfonce dans la solitude, ce n'est pas en se séparant radicalement des hommes, mais en les retrouvant par d'autres chemins. Creusant le puits de sa vocation propre, il atteint les eaux d'un lac souterrain, d'un amour sans frontières. » Daniel Vigne.
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