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Roman et religion en France (1713-1866)

Couverture du livre « Roman et religion en France (1713-1866) » de  aux éditions Honore Champion
Résumé:

Le " nouveau roman " en France semblait avoir abandonné, après Bernanos, Mauriac ou Malraux, tout intérêt métaphysique ou spirituel (exception faite du sursaut récent d'un Bobisi ou d'une S.
Germain). Il était donc tentant de revenir aux débuts modernes du genre au XVIIIe siècle jusqu'à son... Voir plus

Le " nouveau roman " en France semblait avoir abandonné, après Bernanos, Mauriac ou Malraux, tout intérêt métaphysique ou spirituel (exception faite du sursaut récent d'un Bobisi ou d'une S.
Germain). Il était donc tentant de revenir aux débuts modernes du genre au XVIIIe siècle jusqu'à son triomphe au XIXe pour décrire et comprendre les fluctuations des rapports complexes de ces deux institutions majeures de notre culture que furent le roman et la religion. Des Illustres françaises (1713) aux Travailleurs de la nier (1866), le roman ne cessa d'être confronté, plus ou moins malgré lui, à la question religieuse.
Les états successifs de la " conscience moderne " (Elirodt, 1983) qui imposèrent " la découverte de soi " (Gusdorf, 1948) à l'invention littéraire, le relâchement du lien ancestral du roman, " poème héroïque en prose " (Muet, 1699) avec le genre épique (Baklltine, 1938), la demande grandissante de réalisme esthétique (Challe-1713, Lesage-1715, Marivaux-1734, Diderot-1762, etc.) le conduisirent à s'éloigner de l'inspiration morale, spiritualiste, idéaliste qu'avait favorisée le siècle de Louis XIV (le burlesque ou le comique n'étant que son envers moqueur ou sceptique).
Toutefois, de ses débuts (1713) à son triomphe (1866), il rencontra la question religieuse par des biais divers : interrogation inquiète (Prévost, 1731) ou critique (satire voltairienne, charge libertine d'un d'Argens en 1748, perspective tolérante d'une Isabelle de Charrière en 1792) ; méditation sur les aspirations spirituelles du Moi (Duelos-1711, Rousseau-1761, Barbev-1854), élaboration d'une théologie nouvelle fondée sur l'éloge du travail et de la technique humaine (Hugo, 1866).
Enfin, à propos de cet usage réflexif du genre (le récit comme exploration de la subjectivité), il convient de signaler deux conceptions rhétoriques : l'une, considérant le roman comme indigne de traiter des sujets graves, évacuerait par bienséance la question religieuse de sa sphère (Chape, 1713), l'autre le réduirait au statut de véhicule de propagande (antireligieuse chez Louvet-1791, catholique chez Gérard-1776, conformiste chez Barbara, 1855).
On a parlé du satire de l'écrivain (Bénichou, 1973) : le roman y a contribué fortement en déplaçant la focalisation religieuse du côté de l'écriture et de la sexualité qui mirent en crise tout idéalisme et toute spiritualité (Crébillon, Diderot, Sade).

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