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Julien Signol, mon grand-père paternel, ne sut jamais lire ni écrire, et moi, son petit-fils, je suis devenu écrivain. Grâce à lui bien sûr, grâce à mes parents, à leur travail, à leur courage, à tout ce qu'ils m'ont légué. Et pourtant, il a fallu plus de quarante ans à Mien pour oser poser à son fils la question à laquelle sa mère avait répondu par une gifle cruelle quand il avait sept ans : « Pourquoi le ciel est bleu ? » Il en était resté meurtri, comprenant vaguement que l'enfant d'une domestique, veuve de surcroît, n'avait pas le droit de lever la tête vers le ciel. Cette scène ne s'est pas déroulée au XVIIIe siècle, mais à l'orée du XXe... C. S.Christian Signol a le chic pour faire toucher du doigt ce que furent les vies les plus humbles dans le Périgord du début du siècle passé. Blaise de Chabalier, Le Figaro littéraire.
Tout au long de l’œuvre de l’écrivain se croisent les gens de sa famille ou de leurs proches dans ce Périgord natal mais, à la différence de ses romans, ce livre est une biographie construite à partir de souvenirs et de témoignages sur fond d’histoire et c’est avec pudeur et sincérité que Christian Signol évoque la vie de son grand-père Julien qu’il a peu connu
Julien Signol, paysan illettré, a une volonté chevillée au corps : il ne courbera pas l’échine sur la terre au service d’un maitre comme l’ont fait ses parents et leurs parents avant eux. Orphelin de père très jeune, il veut apprendre un métier et deviendra maçon. A force d’obstination, il construira sa vie qu’il veut solide comme les murs qu’il maçonne et fondera une famille avec la douce, la tendre Hélène.
Mais la guerre de 14-18 va le rattraper.
« Julien venait de voir les premiers morts déchiquetés par les obus, les chevaux éventrés, des camarades blessés, certains mutilés, et il eut à peine le temps de s’y habituer que l’ordre de retraite, le 24, le jeta de nouveau sur les routes, pour un repli général dont nul ne savait où il s’arrêterait. »
Il en reviendra mutilé. En perdant l’usage de sa main droite, il ne peut plus être maçon et c’est une souffrance pour cet homme travailleur de ne pouvoir trouver de l’ouvrage. Heureusement, une solution sera trouvée qui le mènera à Bordeaux puis dans les Ardennes. C’est là que naitra son troisième fils, le futur père de Christian Signol.
N’ayant pas fréquenté l’école, Julien n’a pas eu la possibilité d’apprendre à lire et à écrire. Il en gardera une honte toute sa vie jusqu’à ce que ses fils, qui auront reçu l’éducation de l’école publique, puissent répondre à ses questions.
Sans misérabilisme, Christian Signol raconte comme il sait si bien le faire, cette vie de misère et de travail incessant. Ces vies « ont été construites au terme d’un labeur inimaginable aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui ». L’écrivain leur rend hommage tout en célébrant leur droiture et leur courage. On se rend compte que ces gens modestes vivaient dans des conditions difficiles en ce début du XXe siècle traversé par deux guerres.
C’est aussi le Périgord profond que l’on découvre, Sarlat et ses environs, car les familles ne s’éloignaient jamais beaucoup de leurs racines.
L’écriture lumineuse et généreuse de Christian Signol a su créer un récit de transmission émouvant et sincère.
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