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Bien loin de constituer un ouvrage isolé dans la production de Max D'Ollone, Pendant la tempête appartient, avec L'Été, Hymne et Sous-bois à un ensemble de quatre choeurs réalisés dans le contexte particulier du concours pour le Prix de Rome. Institué en 1803, supprimé dans la foulée des événements de mai 1968, ce dernier fut pendant plus d'un siècle et demi le plus convoité des prix français de composition musicale. Organisé par l'Institut, il garantissait à ses lauréats, à défaut de l'assurance d'une future carrière sans embûches, du moins l'entrée par la grande porte dans le monde artistique et quelques années de pension en Italie, dans le cadre prestigieux de la villa Médicis. De fait, bien peu résistèrent à l'attrait de cette récompense susceptible de marquer avec éclat l'aboutissement de longues années d'études. Même parmi les représentants les plus progressifs de l'art français tels Berlioz, Debussy ou Ravel, on s'appliqua à répondre aux attentes plutôt conservatrices de l'Académie des beaux-arts. C'est à partir de 1894 que D'Ollone se présenta aux deux épreuves qui constituaient alors le concours. La première, éliminatoire, consistait en la réalisation sur une semaine d'une fugue et d'un choeur avec accompagnement d'orchestre sur un poème donné, la seconde en la composition d'une grande cantate pour trois voix solistes, à l'image de cette Frédégonde avec laquelle il remporta son premier grand prix.
Composé en mai 1896, pour sa troisième participation, Pendant la tempête ne compte certes pas parmi les ouvrages les plus fondamentaux de D'Ollone. Oeuvre de jeunesse, oeuvre de concours, elle fut avant tout conçue pour répondre à diverses exigences dont le musicien n'était pas véritablement le maître. Pour autant, on ne saurait considérer ce véritable petit tableau comme un vulgaire exercice de style : en quelques pages, l'auteur parvient à saisir l'atmosphère du saisissant poème de Gautier, propre il est vrai à enflammer l'imagination. Suivant fidèlement la progression dramatique de ses quatre courtes strophes, il adopte une forme bipartite à la fois simple et efficace. À l'expression tourmentée des affres de la tempête succède l'implorante prière d'un ténor solo bientôt repris par le choeur en un grandiose tutti au lyrisme chaleureux, dans un ultime élan d'espoir que viennent seulement assombrir les échos sourds des flots encore menaçants. Au-delà d'une esthétique partagée entre pure démonstration technique, expression d'une véritable originalité et respect du grand héritage français, D'Ollone parvient à assurer l'homogénéité d'un ensemble hautement maîtrisé. Ainsi, comment ne pas être impressionné par cette tempête tout en tangage et en roulis, contrastant avec la douceur des voix d'hommes bocca chiusa soutenant la partie soliste ? Sans nul doute, autant de raffinements ne sauraient que plaider en la faveur de ce répertoire encore à découvrir.
Cyril Bongers
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