"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Encore et encore, on lui demande comment il s'appelle. La première fois, des gens lui avaient psalmodié tous les prénoms commençant par la lettre A. Sans motif, ils s'étaient arrêtés sur Alam. Pour leur faire plaisir, il avait répété après eux les deux syllabes. C'était au tout début, à Paris. On venait de l'attraper sur un quai de gare, à la descente d'un train... Au fil de cette traque à l'enfant, se dessine l'histoire d'Alam. Celle d'un petit paysan afghan, pris entre la guerre et le traffic d'opium, entre son désir d'apprendre et les intimidations de toute sorte, entre son admiration pour un frère tête brûlée et l'amour éperdu qu'il porte à une trop belle voisine... Ce magnifique roman à la précipitation dramatique haletante éclaire la folle tragédie des enfants de la guerre. " Qui aura le courage d'adopter le petit taliban ? " semble nous demander avec une causticité tendre l'auteur d'Opium Poppy.
Dans Opium Poppy, Hubert Haddad relate le terrible destin d’un enfant afghan de douze ans qui a été arrêté sur un quai de gare, à la descente d’un train et conduit au Camir, Centre d’accueil des mineurs isolés et réfugiés.
Avant de se retrouver dans ce centre de rétention à Paris, celui à qui ils ont donné le nom d’Alam, était un petit garçon paysan né dans le désastre informe des guerres, dont on va découvrir la terrible histoire au fil du récit, dans ce pays en proie à la folie des hommes et à l’obscurantisme.
On le découvre sous le sobriquet de « l’évanoui », sobriquet qui lui a été donné parce qu’il a perdu connaissance lors de sa circoncision. Suprême déshonneur. Pouvait-il exister une plus grande violence pour lui ? Hélas, alors que le convoi formé par les trafiquants d’opium venaient récupérer la récolte annuelle au village, une attaque des insurgés exigeant leur part de la tractation, détruit des masures du village et son père victime d’un accident cérébral, devient invalide.
La famille se voit contrainte de partir se réfugier dans une ville proche de Kaboul…
Comme on aimerait prendre ce gosse dans ses bras et lui donner toute l’affection dont il manque cruellement !
Opium Poppy révèle le terrible destin et l’impitoyable destruction de cet enfant abandonné à lui-même, pris entre la guerre et le trafic d’opium, entre son désir d’apprendre et les intimidations de toute sorte, entre son admiration pour son frère véritable tête brûlée et l’admiration qu’il porte à une trop belle voisine, dont l’issue tragique laisse sans voix.
L’auteur alterne avec habileté le présent, c’est-à-dire l’errance de Alam dans la banlieue parisienne, une errance d’enfant réfugié sans papier dans le froid et toujours la drogue, avec le passé dans son pays en guerre.
Bien qu’écrit en 2011, c’est un roman, hélas, toujours d’actualité qui traite avec talent et concision et sans aucune concession, de thèmes qui prennent de plus en plus de place dans notre monde contemporain, à savoir, la guerre, l’immigration, le trafic de drogues, l’insensibilisation des êtres et la déshumanisation.
On ne peut être qu’être effaré et pétrifié en découvrant ces enfances saccagées, ces enfances volées, ces enfances broyées issues de la tragédie de la guerre, de même qu’on est suffoqué en lisant le sort réservé aux femmes et notamment à celles qui tentent de braver le sort et cherchent à s’instruire.
Hubert Haddad s’attache à décrypter le processus qui conduit inexorablement ces enfants à perdre toute trace d’émotion et de sentiment, et à devenir prêts aux pires excès. Un engrenage qui semble sans possible retour en arrière.
J’ai été dès le début prise aux tripes par ce récit très dépaysant, absolument bouleversant et terrifiant sur ces enfances sacrifiées qui n’ont par conséquent aucun futur, aucun avenir.
Opium Poppy de Hubert Haddad est un roman plein de réalisme, qui interpelle, qui révolte, qui reflète la folie des hommes et qui laisse désemparé…
Ayant déjà lu Un monstre et un chaos de Hubert Haddad, me voilà à nouveau conquise par la plume acérée de cet auteur.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/03/hubert-haddad-opium-poppy.html
Le prénom de l’enfant soldat, tout le monde l’a oublié dans son village d’Afghanistan, pour tous, Alan est devenu « l’évanoui », car à sa grande honte, la peur et la douleur l’on fait tomber dans les pommes le jour de sa circoncision.
Dans ce pays martyrisé par les guerres et la folie des hommes, il faut survivre, pourtant, il aimerait étudier et rêve d’un avenir meilleur.
Lorsque les talibans détruisent son village, Alan suivra sa famille dans les rues de Kaboul.
Après la disparition des siens, il cumule les petits boulots harassants, dangereux et peu rémunérateurs.
Et si son salut était auprès des rebelles, dans les montagnes ? là où seules les armes ont la parole, auprès de ces hommes prêts à tout pour assouvir leur idéal, même à transformer un enfant en bête féroce, sans émotion, ni peur, ni sentiment.
Après bien des drames, l’enfant sera pris en charge par le Croissant Rouge avant de se retrouver sur les trottoirs de Paris. Ne lui avait-on pas toujours dit que la France était le pays des droits de l’homme ?
Hubert Haddad nous donne à lire un texte magnifique et bouleversant sur la vie de ses enfants soldats à qui on a volé leur bien le plus précieux : leur enfance.
J’ai profondément aimé ce petit garçon, je l’ai suivi dans ses errances, ses interrogations, ses blessures, ses espoirs.
Le plus terrible c’est que des histoires semblables puissent exister et devenir banales au point de passer presque inaperçu dans un monde cruel.
Quand le médecin de la croix rouge tomba sur Alam, le petit afghan avec ses trois cicatrices de même magnitude alignées comme le baudrier d’Orion, voilà ce qu’elle rapporta : « vêtu des hardes ordinaires aux bergers illettrés des montagnes, celui-là portait curieusement de solides sandalettes de cuir. Les yeux clos, il saignait du nez et des lèvres ; une expression d’infini détachement flottait sur ce beau visage près de se transformer en masque de poussière ». Comment un enfant de onze ans peut-il se résigner à la mort aussi facilement? Quelle folie peut amener les hommes à faire le sacrifice de leurs fils ? Pour y répondre, Hubert Haddad nous conduit d’abord à Kandahar, là où le petit Alam a fait connaissance avec la guerre. Dans la chaleur et les cailloux, sa famille décimée veille sur lui tant bien que mal. C’est encore un innocent, un petit être émotif qui tombe dans les pommes le jour de sa circoncision, ce qui lui valut le sobriquet de « l’évanoui ». Il ne somnolera pas longtemps. Il semble qu’en temps de guerre la violence s’immisce en chacun, comme un virus, et que les enfants ne sont plus que des jouets ou des accessoires : « comme partout où l’économie de guerre encourage les pires trafics, la pusillanimité des adultes s’appuyait largement sur cette main d’œuvre privée de recours. Les cohues juvéniles courant en tous sens ou hélant le chaland donnaient aux rues un air de fausse gaité ; cette explosion de jeunesse affairée à suivre sous l’oeil d’ancêtres aux allures de momies n’avait d’autres circonstances que l’intangible vitalité d’un peuple ». Tel le poilu d’une autre époque, que la mutilation précoce sauvait d’une mort certaine, Alam doit son salut à sa vilaine blessure. Il quitte son pays de malheurs, traverse l’Europe et rejoint la France, sa nouvelle terre d’accueil. Une douille et une émeraude en poche, des cicatrices à l’âme, il se cherche une famille parmi ses mauvaises fréquentations dont Poppy, la tendre camée, est la figure maternelle et dérisoire.
Le roman de Hubert Haddad est un plaidoyer pour ces enfants soldats qui furent les témoins et les acteurs de combats qu’ils ne devraient connaître – et encore - que par la virtualité du jeu vidéo.
Une écriture ciselée et précise accompagne le destin d’un enfant de la guerre afghane. Violence, réalisme et qualités littéraires font de ce roman un témoignage contemporain sans pitié.
Opium Poppy, suit les traces d’un petit paysan afghan dont l'innocence est volée dans un pays écrasé par la guerre et le trafic d’opium.
On suit avec effroi, à travers les yeux de l'Evanoui (un sobriquet dont on l'a affublé parce qu'incapable de rester conscient le jour de sa circoncision), le parcours d'un petit afghan rêveur dans sa campagne qui verra peu à peu broyer son environnement pour n’être plus qu’un être en sursis, inexorablement happé par le vertige de la mort. L'errance d'un enfant-soldat confronté à la barbarie, des montagnes afghanes aux banlieues parisiennes au rythme de chapitres alternant les souvenirs du pays natal – rédigés au passé – et l’errance d’Alam à Paris – au présent.
Peu à peu désensibilisé par les évènements dont il est témoin et acteur, le garçonnet, tout comme son nom ou comme son enfance, disparaît dès les premières pages dans la tragédie. L'enfance n'existe plus et le futur est inévitable ("Pour le futur, il a compris, c'est ce qui arrivera fatalement.")
Hubert Haddad conte cette épopée avec poésie et un réalisme poignant dans une langue éblouissante (on pourrait citer la moitié du livre) !
Un roman déchirant, noir et magnifique.
Vous n'oublierez jamais le petit héros d'Opium Poppy !
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