"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À quatorze ans, Becky semble être une adolescente comme les autres. Elle vit avec sa mère, son beau-père et son demi-frère de sept ans. Elle va au collège avec ses trois meilleures amies, Léa, Julie et Alicia. Mais Becky avait un coeur malade et, pour survivre, elle a dû subir une greffe. Depuis, la jeune fille est assaillie par d'étranges visions dont elle ne s'explique pas les origines et elle a des pensées, des envies et des réactions qui ne lui ressemblent pas. Au lycée, les relations avec ses amies se tendent, à la maison, les disputes éclatent. Et si Becky avait reçu un « mauvais » coeur ?
Outre le titre, que je trouve magnifique, ce qui m’a tout d’abord attiré chez ce livre, c’est sa couverture. Sobre et très graphique, sans fioriture inutile, elle retient immédiatement le regard. De plus, la quatrième de couverture est très vide, à peine trois petites phrases d’accroche qui, en plus de résumer parfaitement l’esprit du roman, sont irrésistiblement intrigantes. J’avais beau avoir déjà dévalisé le rayonnage jeunesse du bibliobus – au plus grand désespoir du bibliothécaire qui allait devoir enregistrer tous ces prêts –, je n’ai pas pu m’empêcher de le glisser dans le sac ! Et je suis bien heureuse de ne pas avoir écouté la voix de la raison mais celle de mon cœur : ce fut une très jolie découverte.
Becky a quatorze ans : à cet âge-là, on va au cinéma avec ses copines, on fait du sport et on se délecte des rumeurs concernant les amourettes des autres élèves de sa classe. Mais Becky ne fait rien de tout cela : son cœur est malade et elle est bien trop fatiguée pour sortir de chez elle. Depuis deux ans, la famille de Becky vit dans l’angoisse du lendemain : un organe arrivera-t-il à temps pour la sauver ? Vous l’aurez compris en lisant le résumé, le miracle arrive : un cœur est disponible, et compatible avec son groupe sanguin. Becky va donc subir cette greffe, et sa nouvelle vie va pouvoir débuter.
Du moins, ça, c’est la théorie. En pratique, l’adolescente a énormément de mal à réaliser sa chance. Bien au contraire, elle vit dans la peur. Peur du rejet. Peur des bactéries. Peur du regard des autres. Car ce livre traite également du harcèlement, des moqueries, de la méchanceté des adolescents entre eux et du cruel effet de foule qui peut conduire un collège entier à se retourner contre une seule personne … Mais Becky est également envahie par la culpabilité : elle se rend compte que si elle est en vie, c’est à cause du décès de son donneur. Cette prise de conscience et l’immense détresse qui en découle est parfaitement bien décrite par l’auteur. Becky s’en veut, et par conséquent elle ne savoure par cette nouvelle chance de vivre.
D’autant plus qu’un autre élément vient gâcher cette joie : depuis son réveil à l’hôpital, Becky ne cesse d’être assaillie par d’étranges visions de lieux qui lui semblent terriblement familiers et apaisants alors qu’elle sait pertinemment qu’elle n’y a jamais mis les pieds. Pire encore, Becky a le sentiment de ne plus être totalement elle-même : ses gouts alimentaires changent, elle se découvre de nouvelles performances sportives, et surtout, son caractère n’est plus vraiment le sien. La colère monte en elle, inexplicable, elle a envie de hurler et même de frapper les gens qui l’entourent. Et si la personnalité de son donneur était en train de prendre le pas sur sa propre identité ?
La rencontre avec Sam, un jeune homme de quinze ans qu’elle croise dans ses visions, va l’aider à reprendre le dessus sur cette déferlante d’événements inexplicables. Becky va progressivement se rendre compte qu’elle veut vivre, mais que pour cela elle va devoir accepter de porter ce cœur qui n’est pas complétement le sien. Elle va réaliser la chance qu’elle a de vivre, elle va réaliser le cadeau que cet inconnu lui a offert. Et surtout, elle va apprendre à se reconstruire malgré cette épreuve. Le lecteur est plongé au cœur de cette prise de conscience, et c’est terriblement prenant, émouvant et poignant.
La plume de l’auteur est d’une finesse rare : le style est fluide, très simple à lire. Les chapitres sont courts et le roman se lit vraiment vite. Laura Summers aborde dans ce livre plusieurs thématiques importantes : le don d’organe, bien évidemment, mais également la solitude, la relation avec les parents, l’engagement du personnel soignant, ainsi que la solitude et la difficulté à se reconstruire suite à un bouleversement. Contrairement à nombre d’auteurs actuels qui affectionnent les fins tragiques et moroses – dans l’objectif de montrer que la vie n’est pas toute rose –, Laura Summers a fait le choix de terminer par une touche d’espoir et d’optimisme.
C’est donc le sourire aux lèvres que j’ai achevé cette lecture, et je remercie l’auteur pour cela. Mon cœur battant a été une très bonne lecture, sans prise de tête, mais suffisamment bien menée pour être inoubliable. Je recommande ce livre à tous les lecteurs, jeunes comme moins jeunes. Il s’agit en effet d’une thématique assez peu abordée en littérature, et ce petit récit vaut vraiment le coup d’être lu. Je pense que je le relirai avec plaisir dans quelques années !
A l’âge de l’insouciance, Becky est rattrapée par sa mauvaise santé, qui s’est gravement dégradée à cause d’un virus qui a affecté son cœur. Elle qui adorait courir et profiter de la vie avec ses amies, à seulement 14 ans, sa vie future dépend désormais d’une greffe cardiaque. Chance qu’elle va finalement avoir. Mais suite à cette greffe, Becky se sent différente. Depuis son réveil, elle ne cesse d’avoir des visions. Des lieux lui semblent familiers, alors qu’elle ne les a jamais visités. Ses goûts changent, mais ce n’est pas le plus marquant. Le plus frappant, c’est l’image de ce garçon qu’elle ne connaît pas. Est-il réel, est-il rêvé ? Tout cela n’est-il que le fruit de son imagination ?
En toile de fond de ce roman, la question du don d’organes et de la maladie, abordée ici simplement mais clairement par le biais du personnage principal. Le fait qu’elle ait le même âge que le public visé laisse entrevoir l’importance de sensibiliser le lectorat sur cette question, et pas uniquement à l’âge adulte. En cela j’ai trouvé ce roman singulier, car au-delà des sujets classiques propres à l’adolescence, il aborde un sujet plus profond, auquel on ne songe pas forcément à cet âge là.
De base, Becky symbolise typiquement l’adolescente « lambda », mais ce qui la rend différente, c’est justement sa maladie et la nécessité pour elle de subir une greffe de cœur. La différence, qui est un sujet sensible chez les ados, m’a semblé ici traité avec justesse. La jeune fille vit désormais avec le cœur d’un autre, et face à ce qui semble être de l’incompréhension, ou de l’incrédulité face à des choses que ses camarades ne maîtrisent pas, elle devient alors l’objet de toutes les attentions (pas toujours bienveillantes) et des moqueries des élèves. Et alors que l’isolement gagnait du terrain, Becky fait la connaissance de Sam, un lycéen rencontré dans l’un des lieux qui lui apparaissait familier. Sans trop vous en dire, pour ne pas ôter tout suspense à l’intrigue, j’ai trouvé la coïncidence dont il est question un peu grosse, mais en même temps, si on part du principe que rien n’arrive par hasard et que tout a un sens, on peut se dire « pourquoi pas » ? Tout finit par prendre sens, y compris les visions vécues par l’adolescente, et c’est bien là l’essentiel pour une fiction.
Selon moi, le propre des romans pour ados, qu’ils soient ancrés dans le réel ou non, c’est d’offrir la possibilité à ses lecteurs de s’identifier au personnage principal, de s’en sentir proche. Je perçois le livre comme moyen de se projeter à travers la fiction, pour trouver, de manière consciente ou non, des réponses à ses propres questionnements, à ses propres épreuves personnelles. Et avec celui-ci, c’est ce que j’ai retrouvé : des thèmes qui parleront au public ciblé, autour de la différence, de la relation avec les pairs, de l’amitié, de l’amour… Et malgré son apparente épaisseur, ce roman se lit de manière fluide et rapide (pour certains, la taille d’un livre, ce n’est pas un argument, mais pour d’autres…!).
Conclusion : c’est un roman agréable, qui a le mérite de traiter un sujet qui s’avère être peu (ou pas assez) abordé en littérature pour la jeunesse. A recommander à partir de 13-14 ans.
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