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Elles ont vingt ans, ou trente, ou un peu plus, en 1934 et un peu après. Elles s'appellent Mademoiselle Haas. Elles sont bibliothécaire, concierge, cuisinière, coiffeuse, première main flou, fraiseuse, infirmière, écrivaine, femme de chambre, institutrice, journaliste, femme de ménage, chef de travaux, ouvrière métallurgiste, libraire, pianiste, physicienne, ourdisseuse, sage femme, vendeuse. Elles travaillent. Presque toutes avec leurs mains - mains de sage femme, mains d'ouvrière, mains de pianiste. Elles sont auxiliaires, adjointes, temporaires, mademoiselles. Elles rêvent. Elles vivent, dans la joie et dans la peine, une histoire qui, au fil des ans, s'emplit de bruit et de terreur.
Elles sont invisibles. Ignorées des livres d'histoire. Oubliées. Omises, plutôt.
Michèle Audin a cherché leurs traces, et réussi à reconstituer quelques heures de leur vie. Mises bout à bout, elles racontent leur présent, leur histoire, la sienne, la nôtre.
Le livre retrace des épisodes de vie de jeunes femmes âgées de 20 à 30 ans, et ce sur une période couvrant les années 30 (de 1934 à 1941).
On y croise à chaque fois "Mademoiselle Haas" puisque c'est le pari de Michèle Audin d'avoir donné à chacune de ses "héroïnes" ce patronyme : Léopoldine, fraiseuse, Peroline, accoucheuse, Albertine, femme de ménage...
La narration est originale puisqu'elle différe selon les histoires : le témoignage de l'une est recueillie sous la forme d'un formulaire à remplir, l'un des récits est constitué de nombreux renvois en bas de page, où encore l'un des chapitres alterne entre l'histoire d'Albertine et les informations de l'époque.
Ce sont ainsi de jolis portraits de femmes que Michèle Audin s'évertue à faire revivre dans ce livre, d'illustres inconnues qui, au final, nous racontent aussi ce que fut notre histoire.
Finaliste du prix Orange 2013 avec "Une vie brève", Michèle Audin répondait ainsi à la question "Qu'aimeriez-vous partager avec les lecteurs en priorité ?" : "le fait que la littérature, l'écriture, peuvent aider à appréhender, à comprendre l'histoire". Même si certains portraits auraient gagné à être plus développés, la mission est tout à fait remplie dans ce livre. Elle nous rappelle au demeurant que 37 femmes du nom de Haas sont répertoriées dans le Mémorial de la Shoah.
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