"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Igor Kahn est un homme bien sous tous rapports. D'humeur égale, contremaître scrupuleux dans une usine qui fabrique des baignoires balnéo à débordement permanent, poli avec tout le monde. Et solitaire. Il n'a qu'un seul ami, René, placé comme lui en famille d'accueil lorsqu'ils étaient enfants. Son licenciement suivi d'un pactole à la Française des Jeux va le propulser au pays de ses rêves. Fini la vie atone !
Igor achète sur l'estuaire de la Gironde une maison d'artiste. Il s'offre un boubou pour peindre des aquarelles, pêche, assiste aux réunions du conseil municipal, invite ses voisins, se fait des amis... Tout semble lui réussir, il s'acclimate, se cultive, est apprécié de tous, y compris du maire. Mais Igor sent bien qu'il tourne en rond.
En assistant aux réunions de philosophie organisées par le Club des 40 du village (réservé aux quadras et plus), notre ami a découvert une notion qui le stupéfie : l'hapax existentiel. De quoi s'agit-il ? De « cette expérience unique et insolite qui partage de manière irrémédiable l'existence de celui qui l'éprouve entre un avant et un après. » Il se donnera jusqu'au solstice d'été pour trouver son hapax à lui... Inattendu, extravagant, son graal le mènera à l'autre bout du monde.
Igor Kahn n’a plus à aller travailler : il a été licencié et il a gagné le gros lot au loto. Alors il décide de faire ce dont il a vraiment envie. Il achète une maison d’artiste, se met à peindre, profite de ses amis. Pas de contraintes. Le bonheur ! Vraiment ?
Ce roman interroge sur la vie : comment passer d’être à exister ?
Il le fait à travers un récit tout simple, à hauteur de vie d’homme. Un livre à déguster pour la joie simple qu’il procure, à la manière d’un film de Jean Becker.
Igor Kahn vient de déménager. Kristal, sa voisine, lui passe une barquette de fraises par-dessus la haie en guise de bienvenue. Igor vient d'emménager dans une maison d'artiste au bord de la Gironde. Il est à un tournant de sa vie. Il a longtemps travaillé dans une entreprise de sanitaires où il était affecté à la chaîne de production de bidets. Il menait alors une vie paisible très bien organisée. Il partageait son temps de loisirs entre ses constructions de maquettes d'avion, l'entretien de ses bonsaïs et sa passion pour l'art. Un jour, il apprend qu'il est muté à la production des baignoires à débordement permanent. L'entreprise s'adapte aux besoins de sa clientèle. Mais voilà, un jour, l'annonce du rachat de l'entreprise par une multinationale tombe, Igor Kahn aussi. Il est licencié. Le proverbe dit qu'un malheur ne vient jamais seul mais là, il est démenti. Dans les jours qui suivent, Igor Kahn gagne au loto la modique somme de 850 000 euros. Une toute nouvelle vie commence pour lui...
Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de Igor Kahn.
Ce roman, c'est un hymne à la contemplation. Il montre tous les bienfaits de l'observation, de la pensée, de la méditation. Et dans ce domaine, il faut bien dire que l'art y est propice. L'art justement, l'auteur va explorer le sillon de sa finalité.
Mais la vie de Igor Kahn ne saurait être réduite à l'art. En fait, cet homme cultive une certaine philosophie de vie. Il puise dans la beauté de la nature quelque chose pour se ressourcer. Il fait l'éloge des rives de la Gironde qui offrent un panorama exceptionnel dans lequel il ira puiser bien sûr son inspiration pour peindre. Mais il adore aussi la pêche, cette idée de rester des heures à attendre que le poisson s'intéresse à son hameçon colle très bien au personnage qui prend le temps de vivre. Il savoure l'instant présent dans l'attente de son hapax existentiel !
Je ne vais pas tourner bien longtemps autour du pot, je suis tombée amoureuse du personnage de Igor Kahn. Il a tout pour plaire, voire plus encore. Il faut dire qu'il est porté par une plume sublime, je ne la connaissais pas encore, et pour cause, il s'agit d'un premier roman, mais j'ai été subjuguée par son charme. Pierre DERBRE écrit magnifiquement bien.
http://tlivrestarts.over-blog.com/2017/09/luwak-de-pierre-derbre.html
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2017/10/09/35752522.html
Igor Kahn travaille comme contremaître dans une usine de baignoires à débordement permanent où il a su gravir les échelons grâce à ses compétences et son humanité. Mais, au bout de quinze années de bons et loyaux services, suite à une restructuration, il est licencié. Cet événement malheureux et un second heureux (il gagne au loto) lui permettent de s’installer dans une belle demeure sur l’estuaire de la Gironde. Mais progressivement, insidieusement, malgré une vie sociale active et quelques projets, l’ennui s’installe. Lors d’une réunion, il découvre la notion d’hapax existentiel à savoir une expérience qui change radicalement la vie d’une personne. Igor veut connaître cette expérience et décide de se lancer dans la culture d’un café d’exception : le kopi luwak. Récolté dans les excréments des luwaks, des petites civettes, ce café bénéficie d’une torréfaction qui lui confère un goût exquis. Et voilà notre Igor parti en Indonésie à la recherche de ces petits luwaks mais il pourrait bien y trouver autre chose…
Luwak est un récit linéaire où on suit la vie paisible mais ronronnante d’Igor. L’accumulation des différentes scènes de vie du personnage fait qu’à un moment donné je me suis demandée où l’auteur voulait m’emmener. Puis, j’ai fini par me laisser porter par ce roman qui, sous couvert de raconter la vie banale d’un homme, permet de mettre en avant l’importance du rêve dans la vie surtout dans un monde où règnent la consommation à outrance, l’immédiateté, la compétition entre les hommes. C’est aussi une façon d’aborder la crise de la quarantaine : quand on est au midi de sa vie, quel bilan fait-on ? Comment satisfaire ses envies quand tout concourt à abandonner les projets idéalistes, un peu fous et pourtant tellement nécessaires ? Quel sens donner à sa vie dans un tel capharnaüm ?
Les similitudes entre Igor et l’auteur existent et sont d’ailleurs abordés dans l’autoportrait qu’on peut lire à la fin du roman. Igor choisit le café et les luwaks, Pierre Derbré l’écriture comme hapax existentiel.
J’ai aimé que Pierre Derbré évoque les « petites gens », la banalité de l’existence mais où l’extraordinaire existe à condition de s’en donner les moyens. Les personnages secondaires sont assez bien brossés aussi. C’est un roman à la fois tendre, poétique qu’espiègle voire caustique. Un auteur et un récit à découvrir.
Malgré son travail irréprochable dans une usine spécialisée dans les baignoires à débordement permanent et sa récente nomination à un poste d’encadrement, Igor Kahn est licencié. Chance inouïe, il gagne le pactole au loto. Il décide d’acquérir et d’aménager à grands frais une maison d’artiste sur l’Estuaire de la Gironde. “La première forme d’expression artistique qui attira d’emblée Igor Kahn, ce fut le dessin”.
Il se plaît à participer à la vie du village, il assiste aux réunions du conseil municipal, et au lendemain de ses 40 ans se rend au“très chic club des quarante, principale association culturelle du village”. C’est à l’ atelier “découverte de la philosophie” que Igor est interpellé par la notion du doctorant intervenant, parlant de “l’hapax existentiel”, cette occurrence qui ne se produit qu’une seule fois, cette expérience unique et insolite qui partage de manière irrémédiable l'existence de celui qui l'éprouve entre un avant et un après". A partir de ce moment, l’effet déstabilisateur produit par ce phénomène a eu raison de la réflexion de Igor Kahn qui d’abord s’isole dans un état proche de la dépression puis décide de muer vers une autre existence.
Et c’est seulement dans les cents dernières pages que Pierre Derbé a commencé à éveiller ma curiosité et un peu d’ intérêt pour cette fable sans moralité.
Non que la lecture ne soit légère et limpide, l’écriture est agréable, dosée de discrètes notes d’humour, dessinant assez bien le portrait d’Igor Kahn, homme ordinaire devenu extravagant, prêt à se rendre à Sumatra pour y trouver l’une des matières nécessaires à la mise en oeuvre du projet issu de son doux délire.
A la fin du roman, l’auteur dresse son autoportrait. Les ressemblances à Igor Khan ne semblent pas fortuites. De son idée de “mettre en mot la vie héroïque des gens ordinaires, en léger decalage avec l’air du temps… leurs écorchures tout comme la part de génie qu’ils portent en eux”, est né Igor Khan.
L’essai est réussi j’en conviens. Toutefois, il est des rencontres manquées sans que l’on puisse en expliquer la raison, si ce n’est le côté naïf de cette histoire.
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