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Love & Pop traite d'une forme de prostitution propre au Japon : par l'intermédiaire de messageries téléphoniques, de jeunes lycéennes acceptent des rendez-vous avec des inconnus pour pouvoir s'acheter des produits de marque. Le roman raconte la journée d'une jeune fille qui, désirant absolument s'offrir la topaze aperçue dans la vitrine d'un bijoutier, accepte coup sur coup deux rendez-vous avec des hommes. Mais les rencontres ne vont pas se passer comme elle l'avait prévu.
La littérature n'a que faire des questions de moralité, dit Murakami Ryû, qui a construit son roman à la manière d'une oeuvre d'Andy Warhol, en fondant dans la narration des bribes d'émissions de radio ou de télévision, des paroles de chansons à la mode, des litanies de marques, de titres de films ou de conversations sur un portable. Comme un bruit de fond faisant soudain irruption au premier plan pour saturer le sens de ces rencontres qui ouvrent sur tous les possibles de l'humain. Tandis qu'une violence latente se fait de plus en plus pressante et précise.
Hiromi est une lycéenne accro à la mode et influençable. Quand elle convoite une bague qu'elle ne peut pas s'offrir, ses amies l'incitent à se tourner vers des rendez-vous arrangés. Monnayer des services ou son corps pour de l'argent sera-t-il la promesse d'une félicité ou d'une prise de conscience cuisante et involontaire ?
Le récit est construit de manière un peu particulière, avec des passages et des descriptions répétitifs et ennuyeux. Pour autant, c'est une manière de dénoncer une société de consommation frivole et vide de sens.
Il y a quelque chose de choquant et d'immoral à ce que cela s'inscrive dans une banalité consentie. On suit les aventures d'Hiromi qui glisse insidieusement et librement dans la prostitution. Ses rencontres disent l'absurde, le danger et une immense solitude.
J'ai eu l'impression que la jeune fille n'était pas vraiment présente dans son rapport aux autres jusqu'à cette confrontation offensante.
L'écriture est résolument moderne et accrocheuse, et l'auteur a décidé ici de taper fort sans rien édulcorer. C'est un récit crucial pour un phénomène insaisissable et dérangeant.
C'est un docu-fiction. Murakami Ryû s'appui sur une enquête menée sur le terrain auprès de ces jeunes filles. Pour ce qui est du style, les intrusions sonores, les listes de marques, les messages téléphoniques, aident à rendre un. Ce livre ne parle pas de l'actuelle jeune génération (Y) mais de la génération précédente (X). Le livre à été publié au Japon en 1996. En outre ce phénomène qui existe encore de nos jours touche une tranche d'âge plus large. Il est difficile de juger la société japonaise de l'extérieur. Il n'est pas toujours question de sexe, plus souvent d'intimité. Ce qui est troublant c'est la banalisation de cette activité, cette impression de détachement que semblent avoir ces japonaises qui ne sont pas dépourvues d'un sentiment de culpabilité selon l'auteur.
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