L'adaptation à l'écran du Prix Goncourt 2016 est une réussite saisissante...
L'adaptation à l'écran du Prix Goncourt 2016 est une réussite saisissante...
Entretien chez Gallimard avec l’éditeur Jean-Marie Laclavetine
Bravo à Leïla Slimani, également n°1 au palmarès de nos Explorateurs
#RL2016 : 560 romans à paraitre, nos #Explolecteurs vont en dévorer 50, venez les découvrir ici !
« A ce moment ils n'étaient pas dans deux camps opposés. Ils ne se réjouissaient pas du malheur de l'autre. Ils n'attendaient pas que l'un pleure ou se félicite pour lui tomber dessus et l'accabler de reproches. Non, à cet instant ils appartenaient tous deux à u camp qui n'existait pas, un camp où se mêlaient de manière égale, et don étrange une indulgence pour la violence et une compassion pour les assassins et les assassinés »
Quelle magnifique écriture ! J'ai été subjuguée par ce roman
Dès les premières lignes on sait comment ça se termine. Louise, la nounou, tue les deux enfants dont elle s’occupe.
Le roman consiste donc à reconstituer l’enchaînement des événements, les causes et les effets, les actes et les omissions, les paroles et les silences, qui ont abouti à cette tragédie.
Tout commence donc lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, étouffe entre ses quatre murs de femme au foyer et décide de reprendre son travail d’avocate. Paul, son mari, est réticent, mais finit par s’accommoder de ce choix, et accepte l’idée d’embaucher une nounou. Et là, bingo, ils dénichent Louise, une nounou de derrière les fagots, la perle rare qui fait disparaître tous leurs soucis d’organisation. Louise est parfaite, maniaque de l’ordre et de la propreté, elle gère la maison et les enfants, et est disponible à tout moment. En un mot, elle se rend rapidement indispensable.
Louise a bien quelquefois des comportements inattendus, vaguement décalés, mais Myriam et Paul, trop heureux de pouvoir se consacrer à leurs carrières respectives, ne s’y attardent pas. Après tout, Louise est efficace, les enfants l’adorent, alors pourquoi se poser plus de questions sur cette nounou dont au fond ils ne savent rien ?
Et s’ils s’en posaient, des questions, ils se rendraient compte que Louise n’a pas d’autre vie ni d’autre identité que celle de nounou. Hors de cette famille, elle ne vit pas, elle survit, solitaire, en attendant l’heure de retourner au travail. Si elle perd ce travail, elle perd tout, son appartement miteux, son dernier lien avec la société, le peu de dignité qu’il lui reste. Elle n’aura plus nulle part où aller et se retrouvera SDF. Alors elle s’accroche à eux, devient de plus en plus envahissante, frustrée, jalouse. Elle voit avec une peur panique arriver le moment où le plus jeune des enfants ira à l’école et où ils n’auront plus besoin d’elle. Et la folie chemine lentement dans son cerveau fragile.
Terrible roman psychologique dont on connaît la fin dès le début, mais malgré l’issue connue, la tension et le malaise prennent à la gorge.
Il y est question du vide abyssal dans lequel Louise existe à peine, un vide affectif, psychique, moral, culturel, social. Face à elle, il y a Myriam, coincée entre vie privée et professionnelle, qui voudrait s’épanouir et être reconnue en tant que mère, femme, avocate, et qui réalise que la mission est pratiquement impossible. Elle en ressent une sorte de culpabilité, à laquelle s’ajoute celle qu’elle éprouve en déléguant tout à Louise, dans ce qui ressemble à une exploitation bienveillante.
« Chanson douce » raconte cette relation entre deux femmes, l’une inadaptée, l’autre sur-adaptée mais dépassée, et leurs difficultés à trouver leur place dans une société impitoyable, aux injonctions multiples et contradictoires.
Un roman sans affect, sans jugement, glaçant et percutant.
PS: J’ai vu le film après avoir lu le livre. J’ai préféré le livre.
Qu’espérait la jeune Mathilde en débarquant au Maroc en cette année 1947 ? Une vie de princesse des mille et une nuits ?
Les rêves de la solide alsacienne vont se confronter à la réalité de son nouveau pays et aux projets de son mari. Rencontré à la Libération, paré du prestige du combattant, terriblement exotique, Amine, au Maroc, est un autre homme. Moins attentionné, peu présent, parfois violent et tiraillé entre son amour pour sa femme française et les traditions marocaines.
A Meknès, les conditions de vie sont rudes. La maison est une cahute, l’exploitation agricole n’est qu’une terre aride et rocailleuse. Amine met toutes ses forces à faire prospérer la ferme, Mathilde rêve de jolies toilettes et de liberté. Leur couple est mis à mal mais deux enfants naissent. Des métis, ni français, ni marocains. Et, alors que le pays réclame son indépendance dans les cris et les flammes, Amine et Mathilde peinent à trouver un équilibre et s’interrogent sur leur avenir et celui du Maroc.
Inspirée par l’histoire de ses grands-parents, Leïla Slimani nous livre le premier tome d’une superbe fresque historique et familiale. Ce pays des autres, c’est celui que découvre Mathilde, jeune, fantasque, rebelle en arrivant au Maroc. Et les autres ce sont les colons français, ceux-là même qui la toisent, elle qui a eu l’idée incongrue d’épouser un indigène. Ce sont aussi les Marocains qui ne veulent plus des colons sur leur terre. Et, ce sont aussi les hommes parmi lesquels il est difficile de se faire une place honorable, prompts qu’ils sont à étouffer toute idée de liberté chez les femmes.
Et pourtant, ce sont bien les femmes qui illuminent ce roman. Mathilde qui trace son chemin entre amertume, déceptions et désirs. Sa belle-sœur Selma, trop belle, trop sensuelle, pour ce monde où la femme doit se cacher, se faire discrète, pour ne pas attiser le désir masculin. Sa fille Aïcha, timide, sauvage, qui va se révéler la plus douée des élèves, toutes blanches, qui fréquentent l’école catholique.
Plus ténébreux, les hommes se débattent dans leurs contradictions, leur sens de l’honneur, le respect des traditions.
Le roman est un équilibre subtil qui dévoile les caractères des uns et des autres sans sombrer dans les clichés. On y croise des personnages détestables, dérangeants mais aussi des gens bien, des gens bons, comme ce gynécologue, juif hongrois, toujours jovial malgré les épreuves traversées et sa jeune épouse française, sensible et fragile sous ses dehors de fille de joie.
C’est là tout le talent de l’autrice qui a réussi à décrire, un monde, une époque, un pays, des personnages contrastés, nuancés, ambigus. L’intime se mêle à une Histoire qui s’emballe, les Marocains brimés, déconsidérés, infantilisés, maltraités étant de plus en plus nombreux à revendiquer l’indépendance.
Quel avenir pour ce couple mixte, ces enfants métissés dans un pays où il va falloir choisir son camp ?
On a hâte de retourner à Meknès pour connaître la suite des heurs et malheurs de ces personnages et de ce ‘’pays des autres’’.
Prix Goncourt 2016
J'ai lu ce livre en LC (lecture commune) avec mon amie Delphine Beurné ... Heureusement car lorsque j'ai refermé le livre hier soir ma réaction a été de lui dire : j'ai pas compris ! Après en avoir discuté toutes les deux, j'ai compris ce que je croyais comprendre dès le début mais j'ai eu un gros sentiment de "tout ça ... pour ça" ! Impossible de vous expliquer sans spoiler donc je dirai seulement qu'il s'agit d'un roman noir sociétal ... L'autrice veut démontrer un fait de société qui tourne au drame. L'égoïsme humain ... Dans notre société occidentale aujourd'hui, tout va vite ! tout le monde est pressé ... Entre le travail, la vie de famille, les rendez-vous, etc nous ne prenons plus le temps de faire attention aux personnes qui nous entoure. Ici, la nounou ! Voici une jeune femme bien aimée de tous qui vit plus avec la famille que chez elle et pourtant que savent-ils d'elle ? Prennent-ils le temps de la connaître vraiment ? Non ! Ils connaissent la gouvernante qui prend soin de leurs enfants et ça leur suffit ! L'autrice dénonce aussi la différence de statut social ... forcément ^^ ça date pas d'aujourd'hui ! D'autres avant elle ont dénoncé ce fait ! et beaucoup mieux ... Je pense en littérature à Jean Genêt avec sa pièce de théâtre "les bonnes" que je vous invite vraiment à lire et/ou à regarder ou encore au film de Claude Chabrol "La cérémonie" avec Sandrine Bonnaire et isabelle Huppert ! Voilà ... une lecture nécessaire donc mais de là à gagner le prix Goncourt ... je suis dubitative !
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