"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Proposant une application de la THÉORIE DE LA RELIGION de Georges Bataille au roman LES 120 JOURNÉES DE SODOME de D.A.F. de Sade, cet ouvrage interroge les rapports de l'aristocrate libertin, personnage typique de l'univers fictionnel sadien, au fondement de sa communauté. L'analyse veut en outre montrer que, par un procédé d'inversion des valeurs morales sur lesquelles reposent nos sociétés historiques, et par une radicalisation corrélative de la polarité dominant/dominé, la communauté libertine cherche sa légitimation dans la perpétuation de la violence sexuelle. Les libertins, commentant sans relâche l'acte de tuer, semblent vouloir dépasser leur condition d'êtres mortels et basculer, depuis l'ordre culturel où ils se meuvent, dans l'immanence du monde naturel. Mais si un tel passage représente l'objectif supérieur visé par l'inauguration de cette « communauté du crime », nous ne pouvons ultimement que mesurer l'impuissance des libertins à l'atteindre : les seigneurs de Silling ressortent inchangés de leurs ébats meurtriers. En somme, de cette nature dans laquelle ils rêvaient de se fondre, il ne subsiste en définitive que les rouages d'une métaphysique du « crime naturel ».
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