"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jaime Torrijos était lieutenant dans le régiment de cavalerie d'Agreda, qui tenait alors garnison à Cochabamba. Il était admiré et aimé des officiers et des soldats parce qu'il y avait dans son corps une force et une audace extraordinaires. Il était aimé des femmes pour la même raison.Quand je le connus sa renommée commençait à se répandre hors du régiment et de la ville. Il en jouissait insoucieusement. J'étais guitariste et je m'attachai à Jaime qui me voulait dans ses orgies. Il manquait toujours d'argent à cause des cartes et de l'amour.J'étais joueur de guitare, mais j'avais été aussi séminariste ; quand je ne grattais pas ma guitare je lisais des livres de théologie. J'observais les hommes et les femmes de toute espèce et je voyais comme il était facile de les mener. Le pouvoir qu'exerçait sur les hommes et les femmes le corps valeureux de Jaime me frappa et m'intéressa tout de suite. Moi qui méprisais tout pouvoir, je me demandai avec curiosité si ce don pouvait être poussé hors de son aire natale. Certes la guitare suffisait à me faire de la vie un enchantement, mais j'avais envie d'introduire de périlleuses figures dans l'intime cercle de moi-même.Pendant les orgies de Jaime, je le regardais et j'improvisais des chansons qui vantaient son courage et celui des cavaliers d'Agreda. Tous les goûtaient et se nourrissaient d'orgueil.Dans ce temps-là, c'était Benito Ramirez qui était le Protecteur de l'État. Il était ferme et rusé à souhait, mais sa domination avait duré assez longtemps pour que ses amis autant que ses ennemis en fussent fatigués.Dans mes chansons, je commençai d'exciter le mépris contre le Protecteur et de le menacer de la défaveur des cavaliers d'Agreda. D'abord, je ne faisais que plaisanter. Mais Jaime, qui s'ennuyait, qui avait besoin d'aventures et qui avait appris de moi qui il était, commença de déchiffrer le sens secret de mes chansons.Une nuit, étant ivre, il s'écria :- Benito Ramirez reste au pouvoir parce que je le veux bien.Le lendemain, je vins dans la chambre d'une femme où il était et je l'interrogeai sur ce propos. Il ne s'en souvenait plus, mais bientôt il convint qu'il l'avait tenu et même qu'il connaissait la pensée qui était derrière ce propos.Là-dessus, il rencontra Conception. Conception était la plus belle putain de Bolivie, et quand elle arriva à Cochabamba, Jaime n'eut plus d'yeux que pour elle. Elle avait eu dans la capitale beaucoup d'amants distingués et elle méprisa le petit lieutenant...
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