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L'infanterie d'Hannibal était soutenue par un corps spécial qui terrifiait ses adversaires: les éléphants. Une quarantaine d'entre eux écrasèrent les troupes espagnoles qui avaient inconsciemment traversé le Tage. La réputation des éléphants invincibles parvint jusqu'à Rome. Vingt-et-un d'entre eux traversèrent les Alpes et participèrent aux victoires d'Hannibal, à Cannes et à Trasimène. Scipion étudia alors l'emploi et les faiblesses de ces machines de guerre, ce qui lui permit, vingt ans plus tard, de les affronter sans crainte à Zama (202). Hannibal avait regroupé cinquante mille hommes et 80 éléphants, face aux trente mille fantassins de Scipion qui disposait d'une cavalerie plus nombreuse et plus manoeuvrière que celle d'Hannibal. La charge des éléphants devait tout enfoncer, mais les troupes romaines avaient appris la parade en dégageant des couloirs à travers lesquels les pachydermes pouvaient librement s'engouffrer: les légions romaines ne subirent aucune perte et la cavalerie légère de Scipion tailla ensuite les troupes d'Hannibal en pièces. Vingt mille Carthaginois restèrent sur le terrain, alors que les Romains n'avaient perdu que deux mille hommes. Quant aux éléphants, ils avaient déserté le champ de bataille. Certes, la machine de guerre américaine est impressionnante : ses porte-avions, missilles, satellites, chars, bombardiers en font une puissance militaire sans rival, mais l'auteur estime que la plupart des systèmes d'armes déployés s'apparentent désormais aux éléphants d'Hannibal. Curieusement, les puissances moyennes, à commencer par la France, se ruinent et s'épuisent à imiter les Etats-Unis dans une course à toujours plus cher. Une question se pose aujourd'hui quelle est la valeur stratégique réelle des éléphanteaux européens et français?
Pourquoi un tel scepticisme? Parce que les techniques modernes permettent de concevoir des armes de destruction précises (les ADP) à des coûts cent fois inférieurs aux prestigieux, mais ruineux armements en service. L'auteur, qui estime impensable une offensive contre l'Iran, propose par contre trois Kriegspiel (Jeux de la guerre) : une attaque sur la France, paralysant les centrales électriques, une guerre fictive à un Irak qui aurait disposé d'ADP et la neutralisation d'un porte-avions nucléaire.
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