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En tête de la seconde partie du Quichotte, publiée en 1615, Cervantes annonce qu'il est en train de terminer l'¦uvre la plus importante jamais écrite en espagnol : le Persiles. Gravement malade, il le finit quelques jours avant sa mort, en 1616. Publié en 1617, le livre sera effectivement celui de ses ouvrages qui aura le plus de succès au moment de sa première publication. Mais il a été par la suite continûment décrié, depuis le début de l'exégèse cervantiste et jusqu'au "pape" de la critique espagnole, Menéndez Pelayo, qui le dénonce, en 1882, comme produit de "débilité sénile". Cette appréciation qui sous-tend les interprétations jusqu'à nos jours incite une exégèse catholique à s'emparer du Persiles pour le déclarer ¦uvre d'un Cervantes repenti qui - de ses positions érasmistes détectables dans le Quichotte - serait revenu au sein de l'église tridentine. La lecture précise du texte faite par Michael Nerlich révèle un des cas les plus incroyables de cécité collective devant un texte issu du dialogue avec Dante. Poème en prose d'une extrême précision, condamnation historico-philosophique de l'Église catholique contre-réformiste et de la monarchie espagnole engagée à ses côtés, précipitant le pays dans l'abîme, le Persiles est bel et bien le grand texte dont Cervantes parle en 1615. C'est ce qui explique aussi son succès au moment de sa parution.
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