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Connu pour ses romans, Hanif Kureishi est aussi l'auteur de nombreuses nouvelles, écrites pour la presse ou parues en recueils (Le Corps, Des bleus à l'amour, La lune en plein jour...). Certaines demeurent inédites en français.
Ce recueil présente une sélection de huit d'entre elles, écrites entre 2004 et 2009 pour des journaux tels que The Guardian et The New Yorker ou parues dans l'édition complète de ses nouvelles publiées en Angleterre en janvier 2010. On y retrouve de nombreux thèmes qui lui sont chers tels que la filiation et le rapport père-fils, le couple et la transformation de la relation au fil du temps, ainsi que certains questionnements politiques, notamment une déception quant aux mesures et engagements pris par le gouvernement de Tony Blair. - Les chiens : Une mère et son fils de huit ans traversent un terrain vague. Ils se font attaquer par des chiens affamés qui ne leur laissent aucune chance.
Racontée en deux pages, cette histoire, qui peut être lue comme un conte d'avertissement pour adultes (soulignant la faillite de la mère dans le rôle de protectrice de son enfant) laisse le lecteur sous le choc. - Il y a longtemps hier : Le narrateur nous livre une scène onirique de retrouvailles avec ses parents morts, alors qu'il repasse par hasard sur les lieux de son adolescence, dans une banlieue du West End, après un week-end à la campagne, au moment où la guerre en Irak redémarre. Au-delà d'une remémoration du lien père-fils, cette nouvelle est l'occasion d'aborder des questions plus intimes (disparition du désir au sein du couple des parents, avances très directes à une serveuse, vitalité supposée de la vie sexuelle du narrateur homosexuel, attachement aux enfants comme compensation acceptée de la perte d'intimité au sein du couple et inlassable questionnement sur le temps qui passe et ne se rattrape pas) ainsi que des questionnements politiques, notamment une désillusion quant à la politique menée par Tony Blair. - Unions et décapitations : Dans un pays en guerre, un réalisateur se voit contraint de travailler pour des groupes armés qui médiatisent ensuite les décapitations de leurs otages en diffusant les vidéos sur Internet. Entre humour noir, réalisme sec et auto-apitoiement, cette nouvelle revient aussi sur la question du voyeurisme à différents niveaux:
Celui qui amène les décapiteurs à mettre en ligne et à envoyer aux médias les vidéos de leurs meurtres ; voyeurisme de celui qui filme à son corps défendant mais qui se met en scène aussi ; voyeurisme du lecteur, in fine. En avril 2007, cette nouvelle avait fait l'objet d'une adaptation pour la BBC mais la radio décida de ne pas la diffuser du fait de nouvelles inquiétantes concernant l'enlèvement d'un correspondant de la BBC à Gaza. La trop grande proximité entre le sujet du texte et le sort cruel réservé à plusieurs journalistes pris en otages les avaient conduits à prendre cette décision, qui fit polémique. - L'agression : Après avoir accompagné son fils à l'école, une femme monte dans la voiture d'une autre mère d'élève qu'elle ne connaît pas mais qui lui a gentiment proposé de la déposer à quelques pas de chez elle. La conversation espérée se révèle un insupportable monologue, qui est aussi l'occasion pour la narratrice de s'interroger sur ce qui la pousse à rechercher ces situations d'insidieuse maltraitance. - Maggie : Max, père de famille et homme au foyer faute de percer réellement comme scénariste, retrouve tous les ans Maggie, une amie de jeunesse avec qui il a vécu à la fin des années 1970, avant de la partager difficilement avec Joe au point de les quitter l'un et l'autre. Cette fois, l'habituelle évocation des souvenirs et des projets immédiats prend un autre tour quand Maggie demande à Max de lui prêter de l'argent pour s'installer à Londres et relancer sa vie professionnelle. Cette nouvelle fonctionne en miroir avec la suivante, où il également question de la confrontation avec un ami d'enfance dont la réapparition oblige le narrateur à mesurer la distance qui les sépare, ainsi que le mélange d'égoïsme, de culpabilité et de questionnement que suscite ces « retrouvailles ». - Phillip :
Fred se voit recontacté par un de ses meilleurs amis de jeunesse alors qu'ils ne se sont pas vus depuis plus de quinze ans. Atteint d'un cancer de la gorge, Phillip lui demande de venir le voir pour parler de la vie. Alors que Fred lui répond qu'il a besoin d'un peu de temps pour accepter et s'organiser, Phillip meurt. L'intervalle entre ces deux coups de téléphone est l'occasion pour le narrateur de se remémorer cette relation très particulière, d'attirances et de haine mêlées, qu'il avait nouée avec Phillip, rencontré à la fac dans les années 1970 alors qu'il vivait avec Fiona. Il lui permet aussi de faire le bilan de son parcours professionnel et amoureux du dramaturge célèbre qu'il a pu être au professionnel de l'immobilier qu'il est devenu, du dragueur actif à l'époux se limitant à vivre des aventures platoniques avec des femmes délaissées par leurs maris voyageurs. tte d'agrandir, comme tous les voisins de leur quartier ? signe des temps où l'on trouve des artisans issus d'une immigration des pays de l'est (mais qui ont déjà largement entrepris de retourner « chez eux ») ; signe aussi d'une époque où l'endettement n'est plus une honte (comme ça l'était pour son père) mais un fonctionnement normal pratiqué par tous. Une tension émerge progressivement quand Mike dévoile au lecteur ce qui le hante ce soir-là : le licenciement du personnel du service financier qu'il a créé, duquel découle son propre renvoi. Dans le contexte ultra sécuritaire de l'après 11- Septembre et de la crise financière, le narrateur imagine la vie future de sa famille, écarte la tentation du saccage de son « outil de travail » et de la réputation de ses « responsables » :
Pendant quelques heures encore, il sauve les apparences, devant l'incapacité de sa femme et de ses enfants à lui laisser la possibilité d'annoncer la nouvelle.
- Une histoire horrible : Egalement placé sous le signe du bilan, cette nouvelle prend la forme d'une discussion au pub entre Eric et Jake, la cinquantaine, deux amis qui se connaissent depuis trois ans seulement. Ils évoquent habituellement leur passion commune pour la période « électrique » de Miles Davis et le jazz norvégien de ces dix dernières années ainsi que d'autres sujets plus anodins. Mais ce soir-là, Jake dévoile à Eric des aspects plus personnels de sa vie, lui racontant comment il s'est fait quitter par sa femme.
D'une histoire de divorce qui pourrait paraître banale à première vue découle un enchaînement de crises et de drames qui sonnent comme un avertissement tragique et grotesque à la fois pour le narrateur qui avait évoqué avec légèreté une dispute avec sa femme en début de soirée. La plongée vertigineuse dans les révélations de ce double le ramène chez lui dans de nouvelles dispositions d'esprit, le laissant en admiration devant le spectacle de sa femme et de son fils, tous deux endormis dans le lit conjugal.
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