"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paris, fin du XIXe siècle. Le peintre Gustave Gélinet, un barbouilleur qui a "moins d'imagination qu'un tabouret" (d'après Fulmel, critique d'art auto-proclamé arbitre des élégances), se met subitement à en avoir. Découvrant avec stupéfaction sa dernière oeuvre au Salon - une très jolie sirène -, Fulmel soupçonne une supercherie, mène son enquête et découvre qu'en effet, Gélinet n'a rien imaginé : il héberge dans son atelier une authentique sirène - une sirène bretonne "défectueuse", qui chante mal et n'a jamais pris aucun plaisir à noyer les marins. Pourtant, après avoir connu la gloire, Gélinet, qui deviendra un odieux personnage, pompeux, borné et toujours dénué d'imagination, finira noyé.
Dans un parfum de scandale pictural fin de siècle, alors que les Pompiers tiennent le haut du pavé en pleine période impressionniste, ce one-shot (enrichi d'un cahier de huit pages présentant les toiles du "maître") nous embarque pour une aventure (délicatement) fantastique où l'on voit une curieuse sirène, bien vivante et très attachante, rêver de Paris, arriver jusqu'à la Seine et patauger dans les égoûts, se faire inviter dans les salons les mieux fréquentés, danser en fauteuil roulant et s'intéresser à la peinture des couchers de soleil sur les récifs bretons (ça lui parle.) avant de partir nager dans toutes les mers du monde. Privilégiant le récit tout en donnant au dessin une force poétique remarquable, Zanzim et Hubert (considérés par l'Américian Franck Mignola comme les deux meilleurs auteurs français) nous font le merveilleux cadeau d'une histoire palpitante, pleine de charme et de beauté.
Voici un album des auteurs de Peau d’homme somptueusement réédité dans ce très beau livre.
Nous voici plongés dans le Paris fin 19ème, 2 styles artistiques se disputent : les impressionnistes et l’art officiel dit pompier (je ne connaissais pas du tout !). Gustave Gélinet est un besogneux de ce style de peinture…jusqu’à ce qu’il croise le chemin humide d’une sirène.
Histoire subtile et intelligente, très jolie à regarder, j’ai passé un excellent moment (inattendu pour moi) avec cet album. C’est drôle, fin et les réflexions autour de l’art, de la différence, des aspirations à une autre place dans le monde ne manqueront pas de vous toucher.
Touché comme je l’ai été par cette sirène, créature bien plus humaine que pas mal d’entre nous…
A l'instar de son titre fondé sur l'homonymie, le détournement et les solides références culturelles de son scénariste (il n'est nullement question de gyrophare ici mais d'une créature mythique croquée par un peintre pompeux) , cet album paru dans la collection -prédestinée!- "poisson pilote est tout bonnement surprenant et jubilatoire.
Situé aux débuts de l'impressionnisme, il constitue tout d'abord une féroce satire des salons et des peintres académiques (tels Cabanel et Bouguereau que goutait tant Napoléon III )grâce à son portait caustique du peintre raté Gélinet et du critique d'art imbu de lui-même Fulmel et surtout grâce au bonus présent dans la première édition : un faux catalogue d'exposition aux commentaires ampoulés à souhait !
Mais il ne se réduit pas à la peinture d'un milieu étouffant, hypocrite, corseté et moribond ( qu'on retrouvera une dizaine d'années plus tard dans "Monsieur désire ? " du même Hubert); En effet le scénariste qui est aussi coloriste lui offre une dimension poétique dans une palette pastel ; cet aspect est accentué par le dessin délicat de Zanzim qui magnifie l'héroïne, "sirène défectueuse" ( elle chante affreusement mal et déteste noyer ses amants ) qui, même sans jambes, mène la danse ! Montée à Paris de sa Bretagne , elle va découvrir l'amour mais surtout éprouver un véritable coup de foudre pour … la peinture impressionniste , refuser son rôle de potiche "modèle," ne pas finir tragiquement comme sa cousine de Copenhague et répudier son "prince" pour mener sa vie comme elle l'entend !
Bref, cet album hommage en creux à la peinture impressionniste est également féministe ! A déguster sans modération ! je regretterai tellement que "Peau d'homme" qui va sortir soit l'ultime collaboration entre Zanzim et le regretté Hubert...
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