"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La Grammaire est une chanson douce est une fantaisie joyeuse.
Jeanne, la narratrice, une jeune adolescente, pourraît être la petite soeur d'Alice, l'héroïne de Lewis Carroll, précipitée dans un monde où les repères familiers sont bouleversés. Avec son frère aîné, Thomas, elle voyage beaucoup : leurs parents sont séparés et vivent chacun d'un côté de l'Atlantique. Un jour, leur bateau fait naufrage et, seuls rescapés, ils échouent miraculeusement sur une île inconnue.
Les jeunes héros de La grammaire est une chanson douce ont grandi. Jeanne est une adolescente rêveuse qui s'intéresse aux mystères de l'amour ; Thomas, lui, cherche la clef d'un nouveau monde. L'archipel des Mots est toujours sous la dictature du président Nécrole et la police traque les opposants. Un jour, Thomas disparaît et Jeanne est arrêtée. Sauvée par le cartographe officiel de l'île, elle part avec lui dans un audacieux voyage en planeur à la recherche de son frère. Après avoir survolé l'Impératif et le Conditionnel, ils atterrissent sur l'île des Subjonctifs, les ennemis de Nécrole. Accueillie par un jeune homme roux passionné de liberté, elle va découvrir chez ces joyeux contestataires le pouvoir de l'imagination.
Quand l’érudition se vêt d’une imagination débridée et accessoirise avec humour, cela vous entraîne dans une folle aventure pour appréhender la langue française.
Jeanne (10 ans) et son frère Thomas (14ans) traversent l’Atlantique pour aller rejoindre leur père. C’est le naufrage et ils se retrouvent sur une île, muets. Ils sont recueillis et informés que le prochain bateau ne passera que dans un mois. Le temps pour eux de récupérer « les mots » que la tempête leur a ravis.
L’île est sous le régime despotique de Nécrole.
Cependant ces deux jeunes naufragés vont rencontrer les personnes sympathique : Monsieur Henri et son neveu, une dame maîtresse des mots oubliés, etc.
Monsieur Henri va les conduire au marché aux mots.
« Vingt-cinq langues meurent chaque année ! Elles meurent, faute d’avoir été parlées. Et les choses que désignent ces langues s’éteignent avec elles. Voilà pourquoi les déserts peu à peu nous envahissent. Les mots sont les petits moteurs de la vie. Nous devons en prendre soin. »
Avant de partir en vacances, Jeanne lors de son dernier jour de classe, avait été traumatisée par une inspectrice pédagogique Mme Jargonos qui a tancé l’institutrice Mme Laurencin et lui a ordonné un stage de rééducation.
Jeanne va intégrer ce fameux stage dans l’île, seule petite fille parmi des adultes, un cauchemar.
Jeanne dans son périple croisera, Saint-Ex, Proust et La Fontaine, car les mots conservent en vie.
« Qu’est-ce qu’un grand écrivain ?
Quelqu’un qui construit des phrases, sans se soucier des modes, seulement pour aller explorer la vérité. »
Deux ans plus tard, Jeanne et Thomas vont entrer dans le monde de la dictature et de son bras armé, la propagande.
Mais Jeanne va être recrutée par un géographe, qui doit dessiner l’archipel et sa curiosité va la conduire à découvrir, qu’il y a un autre monde : celui des possibles.
La preuve, la terrible Jargonos tombe amoureuse, Monsieur Henri envisage de se remarier. Qui l’eut cru ?
L’amour est dans l’air. On fait fi du conditionnel, il a une armée d’avocats pour présager du pire car le conditionnel ne fait jamais, jamais confiance.
D’où l’absolue nécessité d’être curieux, qui vient du latin cura : le soin ? « Soyons fiers de notre défaut : être curieux, c’est prendre soin. Soin du monde et de ses habitants. »
Jeanne va survoler l’archipel de la conjugaison.
Le verbe, moteur de la phrase va se partager dans quatre enclos.
L’ile de l’infinitif.
À l’infinitif, il est nu. Mais sa garde-robes est fournie.
Certains sont paresseux et changent de métier, ils deviennent des noms comme savoir et sourire.
L’île des fous, ainsi nommée car leur maladie c’est l’impératif.
L’île de l’indicatif a trois régions : Présent, Passé et Futur.
L’île du subjonctif, le pays des rêves.
Ici, c’est le chaos et la faute au subjonctif.
Toute langue a une mère, pour le français c’est le latin.
Jungere vaut dire « joindre », Sub veut dire « sous » donc Subjungere veut dire atteler.
Jeanne fait ainsi une découverte primordiale :
« Plus quelqu’un écrase ceux qui sont au-dessus de lui, plus il s’écrase devant ceux du dessus. »
Le subjonctif se construit à partir du désir et du doute, donc très difficile à délimiter.
C’est un mode révolutionnaire qui a formé une chevalerie.
Avec trois écrivains de la mer : Melville, Conrad et Hemingway, l’aventure peut commencer.
« Comprendre n’est pas toujours nécessaire. Il suffit parfois de voir. »
La lecture est partout en dehors des bibliothèques.
Pour une démonstration ultime de cette belle aventure, Erik Orsenna nous donne les « Dernières nouvelles de oiseaux », histoire librement inspirée de l’aventure d’Aibus et de l’A380.
Vous êtes prêts pour l’embarquement ?
Sept enfants vont être choisis pour participer à une expérience. Ils ont pour points communs, des résultats médiocres à l’école et surtout une passion dans leur existence.
Javier est un fou d’escaliers, Morwenna passionnée par les ailes, Étienne, lui veut être déménageur-emménageur, Victoria se passionne pour la mécanique en particulier pour les roues, Thomas est expert en tout ce qui lie, vis, clous et colles, Hillary fabrique des boîtes pour tout et de toutes formes, Hans est un passionné de météo et dessine des nuages à l’infini.
Aucun ne parle la même langue, ils vont être installés sur une île avec pour directrice Mme. McLennan et relayé par Sir Alex, ancien entraîneur de football, donc il parle plusieurs langues et peut faire le lien entre ces enfants.
Mais aucun ne fait appel à lui, chacun continue en solo à vivre ses passions.
Jusqu’au jour où, l’île est dévastée par une terrible tempête.
La désolation s’abat sur le site et l’isolement n’est pas voulu mais subi.
« C’est maintenant que nous allons montrer qui nous sommes. Il n’y a plus une minute à perdre. »
Sans parler la même langue ils sont sur la même longueur d’ondes.
« La honte est un méchant microbe. Quand il entre en quelqu’un, il lui ronge la volonté, la gaieté, tout ce qui donne l’envie et le plaisir de vivre. »
Ils vont d’emblée comprendre qu’ils ne doivent pas se tromper d’ennemis.
Ensuite ils vont se regrouper, concevoir et construire. Ils sont dans l’action.
Être passionné c’est rêver et se donner des ailes pour réussir.
Un beau conte qui démontre la valeur du laboureur, trop rare, face à la multitude des buveurs de vent.
Excellente idée pour clore cette trilogie sur l’apprentissage.
Chacun de ces livres est mis en valeur par de belles illustrations, n'y a-t-il pas de faiseurs d'images pour mettre ces ouvrages en dessin animé ou film ?
Si vous voulez vivre d’aventure en aventure, lisez.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/08/03/la-grammaire-est-une-chanson-douce/
Je n'ai qu'une question concernant ce livre magnifique : Pour quelle obscure raison n'est il pas obligatoire au programme scolaire ? Ce conte nous entraîne dans tout les plaisirs de la langue francaise d'une manière poétique, touchante et serait capable de faire aimer les mots au plus récalcitrant des enfants... et des plus grands. Bref vous n en pouvez plus du langage sms ? Plongez dans Éric Orsenna et vous gouterez au paradis..
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