"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La lecture enrichit la vie comme la vie enrichit la lecture, c'est à cet art de lire qu'Hélène Bourguignon exerce ses étudiants de Sciences-po. Lire pour découvrir les expériences fondamentales à travers Buzzati, Tchékov, Reza.
Chaque cours est un défi recommencé, d'une semaine à l'autre il se passe toujours quelque chose. Un souvenir, une émotion, une réaction et tout déraille dans la vie si organisée d'Hélène Bourguignon. Elle a perdu son mari, mais elle n'a perdu ni sa sensibilité ni sa fantaisie. Lorsqu'elle répond aux questions de ses étudiants, lorsqu'elle accepte une invitation à dîner, le présent est là, dans son intensité.
Et cette joie de vivre chaque instant pleinement devient communicative. Bientôt le lecteur aimerait croiser cette femme, marchant boulevard Pereire, ou bouquinant dans le transat du jardin de son immeuble, car elle est libre. Elle est libre d'entendre ce qu'un personnage de Tchekhov éprouve, comme elle est libre d'écouter les propositions d'un homme. Et de croire à un nouveau départ.
Un roman tour à tour émouvant, cocasse, et intime. Pascale Roze suit le regard de cette femme solitaire et lumineuse pour évoquer des lieux, Paris, la Bourgogne, la Corse ; jusqu'au finale, qui esquisse la possibilité d'une seconde jeunesse.
«Elle n’a jamais su être à l’heure. Toujours en avance. Quand, exceptionnellement, elle est en retard, elle a pu vérifier qu’une sorte d’instinct avait essayé de la prévenir qu’elle aurait mieux fait de rester chez elle.» Hélène Bourguignon a un peu plus de soixante ans, mais n’a rien perdu de son enthousiasme et de son envie de faire partager ses bonheurs de lecture. Toutefois, l’atelier de lecture qu’elle anime au sein de la prestigieuse école parisienne de Sciences Politiques n’a rien d’académique.
Foin des cours magistraux et du bourrage de crâne. Elle s’est donnée pour mission de faire aimer les textes, de faire découvrir aux élèves combien ils peuvent accompagner leur vie et même – bonheur suprême – les aider à avancer dans la vie. Il faut dire que sa propre biographie lui donne des armes de persuasion massive: si elle vit désormais seule, elle a été mariée deux fois et est deux fois veuve, mère de Lou et grand-mère de Juliette, sœur de Stéphane qui a lui choisi l’agriculture.
Avec Xavier, un soixante-huitard, elle aura brûlé sa jeunesse avant de le quitter pour un écrivain. Laurent aura été son grand amour, parti trop tôt. À ses côtés, elle aura aussi fait ses premiers pas en littérature, comme nègre puis en publiant un premier roman. Outre son atelier de lecture, elle lit encore des manuscrits pour une maison d’édition. Une passion pour les mots qui l’accompagne désormais au quotidien, nourrie de la philosophie de Sénèque et d’Épictète, de Marc-Aurèle et de Simone Weil.
Pascale Roze a choisi de construire son roman autour de quatre leçons données durant le mois de mai 2018 avec de somptueuses nouvelles – qu’elle nous donne envie de (re)découvrir – signées Robert Musil, Anton Tchékhov, Dino Buzzati, Yasmina Reza et Richard Brautigan. Pour s’approprier ces textes, ses étudiants doivent non seulement les lire, mais les résumer et les commenter. Une façon fort agréable pour le lecteur de se plonger dans ces œuvres, y compris dans le ressenti quelquefois très différent de ces textes. De mieux comprendre et surtout de découvrir de superbes écritures: «Ma vie est tout à fait à plaindre, pire que celle du chien le plus malheureux» (Vanka, Anton Tchékhov ; «Le vent soufflait sur les éteules aussi doucement que s’il avait eu une soupe d’enfant à refroidir» (Trois femmes, Robert Musil) ; les gens ont besoin d'un peu d'amour, et bon dieu que c'est triste, parfois, de voir toute la merde qu'il leur faut traverser pour en trouver. (La vengeance de la pelouse, Richard Brautigan)
Avouons-le, la plupart de ses étudiants appelés à avoir de hautes fonctions administratives et politiques passent à côté de ces trésors. Mais Hélène se satisfait lorsqu’une seule élève démontre une sensibilité toute particulière. Elle la soutient et l’accompagne alors avec un œil pétillant vers une vocation théâtrale.
On imagine du reste que c’est ce même œil qui aura séduit ce juge avec lequel elle fera peut-être un petit bout de route, acceptera une invitation à dîner et découvrira plus tard l’île de beauté.
Hommage à la littérature et plus encore à la lecture et à la relecture, ce roman est aussi une exploration de l’intime, de ces «marqueurs» qui fixent à jamais une émotion, une boîte aux trésors bien précieuse. Cette petite musique qui – petit clin d’œil à La Belle Hélène d’Offenbach –fleure bon la nostalgie joyeuse.
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Hélène Bourguignon est professeur de lettres à Sciences Po. Elle enseigne avec passion et patience les auteurs qu’elle aime et dans lesquels elle puise aussi sa force.
A plus de soixante ans sa vie est habitée par les fantômes notamment de son mari, Laurent, qu’elle a accompagné dans la maladie. Mais aussi par d’autres vie que la sienne : sa fille, sa petite-fille, ses élèves et peut-être une possible histoire d’amour même si elle dit ne plus vouloir faire l’amour.
Au cours de ce récit, Hélène remonte le temps, égrène ses souvenirs, fouille les textes littéraires qui donnent un éclairage particulier sur les événements de sa vie.
Il n’y a pas de grandiloquence dans ce texte où tout semble doux et feutré et qui est habité par une tendre mélancolie.
On s’attache à cette femme qui ne renonce pas, qui ose espérer et croire en la possibilité d’une nouvelle vie. On entre dans ses pensées et dans son intimité, non pas comme un lecteur-voyeur mais comme un ami bienveillant qui chemine à son côté dans les rues de Paris ou sur les routes de Corse.
Pascale Roze, que je découvre ici, signe un roman plein d’humanité et de luminosité et rend un bel hommage à la littérature à travers le personnage d’Hélène.
Hélène, une femme d’âge mûr, est professeure de lettres pour des élèves de Sciences-po. Elle va tâcher d’enseigner le pouvoir des mots et à quel point ces derniers peuvent enrichir le quotidien de tout un chacun dans la vie de tous les jours. Au travers des récits de Buzzati, de Tchekhov et de Reza, elle inculquera à ses élèves son amour pour la lecture.
Ce court roman est bouleversant et rempli d’une profondeur et d’une sensibilité rare sur ke pouvoir des mots et comment ils transforment intimement jusqu’a l’héroïne dans sa transformation personnelle et ses accomplissements. La lecture enrichit indubitablement les personnes, Il y a une réelle évolution psychologique de ce personnage remarquablement dépeint.
Pascale Roze réussit à mélanger dans ce roman littérature et situations du quotidien avec brio. Pascale Roze a cet amour des mots qui transparaît tout au fil des pages. Un roman pour redécouvrir le plaisir de la littérature classique et grandir tous ensemble grâce aux mots.
#netgalleyfrance #labellehelene
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