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À l'époque où il conçut les nouvelles de ce recueil, (...) Andreïev semblait être sorti du solipsisme fiévreux qui avait atteint son point culminant dans La Pensée, confession d'un homme qui simule la folie jusqu'à en être victime.
Encore ébranlé par les souvenirs de la révolution, Andreïev rend hommage aux anarchistes dans deux nouvelles. Mais ses préoccupations religieuses l'amènent aussi à revisiter la figure de Lazare et à réécrire l'Evangile du point de vue du traître.
Lazare ressuscité et devenu obèse répand autour de lui ce que Blok appelle un « effroi rauque et mortel ». Son regard, pareil à celui de la Méduse, inspire aux hommes l'angoisse et le dégoût de vivre. Dans Judas Iscariote, le
« rouquin de Judée si laid, enfanté parmi les pierres », trahit le Christ par amour, selon le même motif paradoxal que prêta Milton à Dalila quand elle livra Samson aux philistins.
Dans ces pages arrachées du livre de Satan, la nouvelle la plus frappante est Histoire des sept pendus. Elle est dédiée à Tolstoï dont un texte, écrit en 1906, Le Divin et l'Humain, aborde le même thème : la pendaison d'un
révolutionnaire. Chez Andreïev, ce sont cinq anarchistes qu'on mène, telle une figure christique collective, à la potence avec deux criminels de droit commun, deux larrons. Nous assistons à leurs débats intérieurs et nous partageons avec eux l'angoisse face à la mort. Car la peur, ce démon mesquin, n'épargne pas les héros.
Linda Lê, Le Monde des Livres, 8 juin 2000.
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