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S'il subsiste des particularités nationales, on peut à bon droit parler aujourd'hui d'une population européenne ayant quelques traits essentiels en commun : fécondité déclinante, faible mortalité, accroissement de la proportion des personnes âgées. Pour le passé, en revanche, la diversité des situations dans le temps et l'espace impose de parler des populations de l'Europe.
Ce premier volume invite à parcourir le temps long qui conduit les premiers pas de l'homme dans un espace encore inachevé jusqu'au siècle des Lumières où s'épanouit une civilisation déjà dominatrice.
Durant la Préhistoire, les notions de frontières et d'aires culturelles sont évidemment inadéquates ; les cités ou empires méditerranéens de l'Antiquité n'embrassent qu'une faible partie du continent, mais il est possible d'entrevoir les étapes d'un peuplement diversifié et même de se risquer à le mesurer avec une assez grande précision. Ce constat des différences appelle à réfléchir sur l'élasticité et les capacités d'adaptation d'une "démographie européenne" et à souligner le caractère unificateur des valeurs définies dès le haut Moyen Age par une culture chrétienne rejetant des pratiques comme la polygamie, l'avortement, l'infanticide et valorisant le couple conjugal. Du XVIe au XVIIIe siècle, l'Europe connaît également une relative unité avec l'apparition du mariage tardif des femmes qui permet de réduire la natalité dans un contexte de haute mortalité et de réaliser un équilibre approximatif entre ressources et population (ce modèle nuptial ne s'impose toutefois pas à l'Est).
Entreprise inédite menée par trente-cinq spécialistes européens de quinze pays, ce volume sera suivi de deux autres, le tome deuxième évoquant la "transition démographique" des XVIIIe et XIXe siècles et le troisième traitant de notre monde contemporain et des radicales nouveautés qu'il présente.
Jean-Pierre Bardet, professeur à l'université de Paris-IV Sorbonne, directeur d'études à l'EHESS, est l'auteur d'une thèse consacrée à la population de Rouen sous l'ancien régime (1983) ; il a participé à la direction ou à la rédaction d'ouvrages collectifs dont Enfance abandonnée et société en Europe, XIVe-XXe siècle (1991) et Peurs et Terreurs face à la contagion (1988).
Jacques Dupâquier, de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques), ancien directeur d'études à l'EHESS, est l'auteur d'une thèse sur la population du Bassin parisien (1979) ; co-auteur de la réédition de l'Histoire générale de la population mondiale (1968), de l'Histoire de la démographie (1985), il a dirigé l'Histoire de la population française (1988, 4 vol.) et, en collaboration avec Denis Kessler, un ouvrage consacré à La Société française au XIXe siècle (Fayard, 1992).
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