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Depuis six ans déjà, la réalité virtuelle, qui transcende la vision des possibles de ceux qui ont pu l'essayer, est devenue un nom familier. Une petite révolution qu'on peut rapprocher de l'éclosion d'Internet dans les années 1990. Cette fois-ci aussi, l'engouement est massif, comme le sont les investissements et les promesses technologiques sidérantes. Mais à quoi ça sert la réalité virtuelle exactement ? Là, ce sont les artistes qui, selon nous, offrent la meilleure réponse : ce sont eux qui explorent avec appétit les possibilités expressives d'un médium tout entier tourné vers la sensation et l'immersion. Quoi de plus normal pour eux qui sont habitués à chercher, dans leur sensibilité et leur histoire, le matériau de perceptions intenses. Loin des sensations gratuites des montagnes russes ou des zombies, il existe une autre réalité virtuelle qui réenchante nos perspectives, génère de la poésie et élargit le champ de nos possibles. « La différence entre science-fiction et réalité sociale est une illusion d'optique », formule la philosophe Donna Haraway. Nous avons donc cherché à régler notre optique et à dénicher, pour ce numéro hors-série, ces réalités virtuelles artistiques qui proposent des moments à vivre, des sensations nouvelles, des expériences de pensée, à faire au présent. À Berlin, nous avons rencontré des artistes branchés sur le futur, que l'on aperçoit hybridés de sophistication et de tragique. À New York, de puissantes énergies, souvent de la part de femmes, sont à l'oeuvre pour mettre en scène virtuellement des créations concernées et militantes comme celles de Morehshin Allahyari ou du musée virtuel DiMoDA. À Dakar, la créatrice Selly Raby Kane ravive les flammes mythologiques sénégalaises au coeur d'une cité en mutation rapide. Une oeuvre qui fait monde, à l'image des facéties géniales du Grec Theo Triantafyllidis. Enfin, nombreux sont les artistes nés à l'ère du cyborg et pour qui le matériau même du numérique est source d'inspiration, que ce soit les résolutions complexes de Rosa Menkman, les rêves post-Internet de Jon Rafman où les dessins à l'aquarelle de Julia Spiers rendus virtuels par Ferdinand Dervieux. Notre balade internationale, forcément incomplète, fait voir un monde où le virtuel est un moment du réel, un moment dans lequel le coeur des artistes fait naître des possibles. Une démarche que Fisheye met en lumière depuis cinq ans en photographie, et désormais dans ce nouveau champ de jeu qu'est la réalité virtuelle.
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