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Durant près de deux millénaires, la représentation du corps humain -notamment féminin - que l'on retrouve en quantité dans l'art grec, romain ou médiéval n'a posé aucun problème moral particulier aux artistes occidentaux. Mais au XVIe siècle, sous la double pression de l'Eglise et de ce que Norbert Elias a appelé La Civilisation des moeurs, la nudité jusqu'alors naturelle fut jugé indécente, et sa représentation prohibée. Il fallut pour contourner l'interdit, soit publier des gravures sous le manteau (par exemple Les Amours des dieux de Marc-Antoine Raimondi d'après des dessins de Jules Romain en 1524 ) soit passer par des sujets mythologiques, historiques ou bibliques. Dans le cas particulier des Femmes au bain, les trois principaux thèmes utilisés pour représenter des nus socialement acceptables furent Suzanne et les vieillards, Le bain de Bethsabée et Diane et Actéon. Le paradoxe est grand de constater que la peinture religieuse impudique a prospéré durant plusieurs siècles au nom du combat pour la pudeur. L'évolution de ces représentations dans le temps vient confirmer celle que l'on peut constater dans les moeurs. Un changement intervient au XVIIIe avec le libertinage pictural de Watteau, Fragonard ou Boucher, prétexte à des dispositifs sophistiqués fondés sur les relations du désir et du regard. Puis au XIXe, avec l'invention de la photographie, qui met la nudité à la disposition du plus grand nombre, et avec le réalisme de Courbet et l'impressionnisme qui bouleversent le statut traditionnel -et académique- du nu. Alors que durant plus de trois siècles les peintres avaient dû prendre des sujets-prétextes pour fournir au public des images de corps déshabillés, la représentation du nu profane redevient chose normale. Renoir ou Cézanne en font un thème intimement personnel. Et Degas et Bonnard peignent des femmes à leur toilette, avant tout, pour leur propre curiosité. L'interdit qui, au XVIe siècle, avait entraîné dans le public l'éclosion du voyeurisme artistique, et incité les artistes à le flatter, aboutit à la fin du XIXe siècle au voyeurisme des artistes eux-mêmes. L'ouvrage permet, aussi, d'aborder sous un angle original et révélateur un certain nombre d'oeuvres et de peintres importants, et d'éclairer par l'image des approches historiques de la civilisation occidentale habituellement plus littéraires ou philosophiques .
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