"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Avant je n'aimais pas les nouvelles. Je les décrivais comme un ensemble de textes trop courts, sans profondeur, qui me laissaient sur ma faim.
Mais tout ça, c'était avant! Avant que Claude CHABEL et son Entre deux, soleil voilé me fassent changer d'avis.
J'ai donc entamé ma lecture avec des a priori, je l'avoue, mais très vite je me suis laissée bercer par l'écriture fluide de ces chroniques douce-amères, quatorze magnifiques nouvelles surprenantes et tendres où la nostalgie, la douleur de l'absence tiennent une place prépondérante mais toujours dans la douceur, par petites touches mélancoliques.
Elles s'enchaînent, à leur rythme, pour faire rêver, laisser échapper une larme ou un sourire, mais sans jamais s'enliser dans la monotonie. La surprise est là aussi...lire la tendresse, le chagrin, le deuil de Tombe la neige, avoir à peine le temps de s'en remettre et se retrouver dans l'Intimité de François qui, confronté à la mort de ses parents, piliers de son univers, a contourné la perte de façon plutôt macabre...
Claude CHABEL a trempé sa plume dans la nostalgie de ce qui n'est plus, que ce soit un amour perdu, ou une jeunesse qu'on a déjà vécue. Ainsi L'amant revient sur les lieux de son ancien bonheur, ainsi dans Fin de siècle, un homme part seul sur une petite île pour ne pas subir les festivités du Nouvel-An sans son ami David, ainsi Le survivant plonge dans les souvenirs des "combats et errances" de sa jeunesse, de son époque, de son passé.
Le passé, on le retrouve aussi dans les très drôlesEffets pervers des orages d'été, une nouvelle où le héros, au détour d'une petite route de campagne, va voir sa vie bouleversée par sa rencontre avec une communauté hippie comme surgie des années 70. Rêve ou réalité? Toujours est-il que plus jamais il ne trouvera le chemin de cette "ferme du bonheur" et il se lancera dans une quête digne du Grand Meaulnes.
S'il me fallait choisir une nouvelle et la sortir du lot...et bien j'en choisirais deux!
L'armoire d'abord. Pleine d'émotion, cette nouvelle évoque, en quelques pages d'une justesse admirable, l'horreur de la shoah et la force de continuer à vivre pour les survivants, malgré l'effroi, malgré la perte, malgré tout.
Marine d'abord. Bouleversante de justesse, elle évoque une femme qui peint la mer qui lui a arraché son amour. Déracinée sur cette côte bretonne, elle habite une maison qu'ils avaient choisie ensemble et vit dans le souvenir de Franck, disparu en mer il y a dix, et qui ne vieillit pas sur sa photo. Difficile pour elle de faire son deuil, sans une tombe à fleurir...
Avec ce recueil, j'ai appris à lire une nouvelle, à me laisser guider sur un bout du chemin par l'auteur, pour ensuite laisser mon imagination terminer la route. J'ai appris à me laisser surprendre au détour des pages pour déguster ces petits instants de vie, ces moments choisis.
J'ai aussi découvert une plume, une voie, un auteur dont j'attendrai désormais les écrits.
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