Tesfay Ali (nom d'emprunt) est un migrant érythréen arrivé en Suisse en 2014. Après huit entretiens, l'auteure a retranscrit ses paroles à la première personne. Tesfay Ali raconte son parcours de migration, de son pays d'origine, l'Erythrée, à la Suisse, en passant par la Libye et la Méditerranée. Dans ce récit, il raconte comment des photos sur Facebook l'ont poussé à quitter le camp de réfugiés où il vivait avec sa famille, au Soudan. Il revient sur ses conditions de vie en Libye et sa désillusion en Europe.
Après s'être retrouvé complètement isolé en Suisse, il en est arrivé à la conclusion suivante : « Avant je me disais, Tesfay, l'Europe, c'est l'argent ! C'est la sécurité ! Mais maintenant je vois que le plus important, c'est d'être avec la famille. Parce que même si on vit mal, il y a la famille. C'est ça la richesse. Oui c'est vrai, je suis bien habillé. De mon studio, j'ai une belle vue sur le lac Léman et le Mont-Blanc. Je peux voir la neige fraîchement tombée et j'ai la chance d'avoir un travail. Mais je suis à la maison tout seul... Je suis tout seul... Qu'est-ce que je peux faire maintenant ? Rien... » Ce récit de vie est complété par un apport de Mohamed Jeghllaly sur la Libye. Avocat et ancien chercheur assistant à l'Université de Lausanne, il travaille depuis 2014 en Libye comme conseiller en médiation auprès du Centre pour le dialogue humanitaire à Genève. Il a effectué de longues missions sur le terrain, ce qui lui donne un accès direct auprès des acteurs libyens impliqués dans les réseaux de trafics humains.
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