"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il existe à New York une rue au nom évocateur: Division Avenue. Elle se situe dans une partie spécifique de Brooklyn, le quartier juif orthodoxe. C'est là que vit Surie Eckstein, qui peut s'enorgueillir d'avoir vécu une vie bien remplie: mère de dix enfants, elle passe des jours tranquilles avec sa famille. Alors qu'elle pensait être ménopausée, Surie découvre qu'elle est enceinte. C'est un choc. Une grossesse à son âge, et c'est l'ordre du monde qui semble être bouleversé. Surie décide de taire la nouvelle, quitte à mentir à sa famille et à sa communauté. Ce faisant, Surie doit aronter le souvenir de son ls Lipa, lequel avait - lui aussi - gardé le silence sur une part de sa vie. Un secret peut avoir de multiples répercussions; il permettra peut-être à Surie de se réconcilier avec certains pans de son passé.
Avec Division Avenue, Goldie Goldbloom trace le portrait empathique, tendre et saisissant d'une femme à un moment charnière de son existence. Et nous livre un roman teinté d'humour où l'émancipation se fait discrète mais pas moins puissante.
Surie Eckstein vient de fêter ses cinquante-sept ans. Mère de dix enfants et heureuse grand-mère de pas moins de trente-deux petits enfants, Surie a eu jusqu’ici une vie bien remplie. Très impliquée dans la vie de son quartier juif hassidique de New-York, elle est respectée de tous et très aimée de sa famille. La vie de Surie bascule lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte, et qui plus est de jumeaux ! Comment parler de cela à son mari et à ses enfants ? Comment ne pas prêter le flanc aux commentaires des habitants de son quartier ? Cette grossesse fait par ailleurs ressurgir en force le souvenir de son fils Lipa, qui lui aussi cachait un secret.
Goldie Goldbloom dresse ici le magnifique portrait d’une femme pleine de contradictions, de doutes, de peines mais aussi d’amour pour sa famille, ses enfants et son mari avec qui elle a noué une belle complicité. Une complicité mise en difficulté par ce lourd secret que Surie n’arrive pas à partager et par la perte de leur fils que chacun vit à sa manière.
Ce livre est riche en émotions mais aussi très intéressant par ce qu’il exprime de l’environnement religieux dans lequel Surie évolue. On apprend ainsi énormément de choses sur les traditions et les codes hassidiques qui régissent la vie de chacun. L’utilisation de nombreux mots yiddish, dont on retrouve la traduction dans le glossaire en fin de livre, permet d’être encore plus immergé au milieu de la famille Eckstein. On comprend ainsi qu’il est difficile pour Surie de s’émanciper et d’accepter sa condition de femme enceinte, ses craintes d’être jugée par ses pairs alors qu’elle est grand-mère et que cette grossesse prouve qu’elle continue à avoir une vie sexuelle active. Une grossesse qui vient à la suite du décès de Lipa, son fils homosexuel qui s’est donné la mort et autour duquel elle se pose beaucoup de questions.
La relation qui s’installe entre la sage-femme qui suit la grossesse de Surie est aussi très touchante et la confrontation de leurs deux mondes très intéressante. Surie finira d’ailleurs par assister la sage-femme et lui apporter son aide notamment pour suivre les grossesses des femmes hassidiques. Cette relation aidera aussi Surie à se confronter à ses peurs.
Ce livre montre à quel point les secrets peuvent être lourds à porter et les conséquences terribles qu’ils peuvent avoir. Mais il montre aussi la capacité de résistance et de résilience d’une femme qui cherche à trouver une certaine forme de liberté au milieu d’une communauté ultra-religieuse et extrêmement codifiée qui contrôle les vies et les actions de ses membres.
Si le récit de Goldie Goldbloom est d’une grande sensibilité, il n’est pas dénué d’un certain humour notamment lors du passage de Surie à l’hôpital et dans les scènes qui mettent en évidence le déni de la famille de Surie qui ne perçoit à aucun moment sa grossesse. C’est un magnifique récit qui éveille de nombreux sentiments tout au long de la lecture.
Les liens forts qui unissent les membres de la communauté hassidique sont évoqués avec beaucoup de subtilité.
Surie nous touche, son corps nous interroge, ses doutes sont les nôtres. C'est avec plaisir que nous marchons à ses côtés dans les rues de New York, l'écoutant nous confier ses pensées les plus intimes.
Comment être soi-même sans renoncer à être celle que les autres attendent de vous ? Comment aimer son enfant quand toute la communauté le rejette ?
Toutes questions (et tant d'autres) nous sont posées mais jamais imposées.
L'autrice appartient elle-même à la communauté hassidique, elle est mère de huit enfants et militante pour les droits des LGBTQ+. Il y a de l'amour dans son roman, mais un amour lucide.
La vie est loin d'être un long fleuve tranquille pour Surie. A l'heure où d'autres s'apprêtent à devenir grand-mère, elle, qui l'est déjà depuis longtemps, apprend qu'elle va donner la vie. Pour la onzième fois...
Elle, qui aspirait à souffler un peu, à avoir du temps pour elle, va devoir une fois de plus changer des couches, nourrir et s'occuper d'un être qui aura besoin d'elle avant tout. Et Surie fait aussi un étrange choix, celui de n'en parler à personne, pas même à celui qui partage sa vie depuis quarante ans. Durant cette grossesse surprise remontera aussi le souvenir de son fils, Lipa, trop tôt disparu. Faut-il pouvoir se réconcilier avec son passé pour vivre sereinement l'avenir ?
Je ne savais absolument pas à quoi m'attendre en ouvrant ce livre qui m'a quelque peu sortie de ma zone de confort. Je savais que l'histoire se passait dans la communauté juive hassidique, communauté dont je ne connaissais pas grand chose pour ne pas dire rien. Et je me suis totalement retrouvée immergée dans la vie et les codes de cette communauté pourtant si éloignée des miens.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a emmenée dans des contrées que je n'imaginais pas, non pas dans la jungle ou au fin fond des États-Unis, mais simplement à Brooklyn, New York, sur cette Division Avenue qui porte décidément très bien son nom. Car avant même d'être américaine, Surie est juive hassidique et doit obéir aux règles des siens. Sa vie est rythmée par les traditions, les fêtes, les rites, le regard des autres, ce qui est autorisé ou non de faire, avec en toile de fond la Shoah qui reste très présente à l'esprit. L'auteure a en effet eu l'excellente idée d'intégrer au début de son récit un arbre généalogique de la famille, remontant aux grands-parents, ce qui fait que l'esprit de famille, certainement ce qu'il y a de plus important pour les juifs hassidiques, reste très prégnant dans la tête du lecteur lambda qui ne peut finalement suivre la trajectoire de Surie qu'à travers ce prisme.
La plume de Goldie Goldbloom est très agréable, teintée d'humour – j'ai ri ou souri à plusieurs reprises – tout en étant pleine de pudeur et de finesse. Le texte est parsemé de mots yiddish mais ça n'a pas gêné ma lecture. Il existe un glossaire à la fin de l'ouvrage mais si vous êtes comme moi, c'est à dire un peu feignasse sur les bords, et que vous n'allez pas voir systématiquement la traduction du mot, cela ne gâchera en rien votre lecture.
En résumé, j'ai passé un très bon moment avec ce roman qui parsème çà et là des indices et nous emmène inexorablement vers la vérité, du moins la vérité de Surie. Il serait tentant, et facile, de ne pas se sentir proche de cette communauté, de la juger aussi car on ne la comprend pas, mais le personnage de Surie est tellement dense et complexe qu'il en devient attachant dans sa dualité. C'est un très beau portrait de femme que nous offre l'auteure, une femme forte, intelligente et courageuse. Ce que je garde en mémoire près d'une semaine après avoir tourné la dernière page est la tendresse infinie que j'éprouve pour Surie, cette anti-héroïne des temps modernes qui ne lâche rien.
Suri est une femme orthodoxe typique du quartier juif orthodoxe de Brooklyn. A 57 ans, elle est mariée et s'occupe de ses enfants et petits-enfants mais aussi de ses beaux-parents. Une vie de famille régit par les traditions et les règles implicites de la communauté.
Et voilà que l'impensable se produit, elle qui se pensait ménopausée est enceinte. Comment annoncer cela à sa famille? Que va-t-elle en penser? Mais aussi que vont en penser les membres de sa communauté et quelles vont en être les conséquences sur ses enfants et petits-enfants, leurs scolarités, leurs futurs mariages?
Déjà le décès de Lipa, son fils qui menait une vie hors norme avait influé sur leur réputation. Mais pas seulement, comment faire son deuil et reprendre une vie normale quand rien que le nom de son fils est devenu tabou…
A la maternité où elle se rend chaque semaine pour suivre sa grossesse, Suri retrouve Val la sage-femme qui l'avait déjà accouchée de ses précédents enfants. Une complicité se créée entre ces deux femmes que pourtant tout oppose. De patiente, Suri en arrive à aider à la maternité et à s'intéresser au métier d'infirmière voire celui de sage-femme. Mais encore une fois, cela sort des traditions de sa communauté.
Au travers de ces mois de grossesse, Suri nous entraine dans son monde, un monde à part que connait bien l'autrice qui appartient à la même communauté mais en Australie.
Elle nous y décrit les contraintes liées à ce milieu, difficiles à accepter pour nous (l'intolérance vis-à-vis des différences, le rôle de la femme limité à son foyer, le destin des filles tout tracé…) mais aussi ce sur quoi nous devrions prendre modèle (l'importance de la famille, du respect des anciens, …). Le côté psychologique de cette histoire amène à beaucoup de réflexion de notre part.
Je me suis attachée à cette femme, à son histoire, mais aussi à son caractère. J'ai lu ce livre d'une traite, il est bien écrit, prenant: une très belle découverte.
Surie vit au sein du quartier juif orthodoxe de Brooklyn. Elle y est bien entourée par son mari, ses dix enfants, ses petits-enfants mais aussi par les voisins, leur regard, celui de la communauté du quartier juif orthodoxe. Regard qu’ils ont toujours porté sur sa famille car il faut poursuivre les traditions et surtout ne rien laisser entrer dans la communauté, ne rien en laisser sortir de négatif.
Sa vie paisible, à 57 ans, est perturbée par une nouvelle grossesse alors qu’elle pensait être ménopausée. Une grossesse à cet âge, alors qu’elle a encore des enfants à marier et que sa fille a été mariée à un homme bien en dessous de ce qu’elle mérite, ça passera mal au niveau de la communauté alors elle le garde pour elle et ne la partage pas avec son mari. Leur famille a déjà attiré l’attention à cause de son fils, Lipa, qui n’entrait pas dans les normes de la communauté et dont elle n’a même pas pu faire le deuil.
Surie se rend à l’hopital chaque semaine pour rencontrer une sage femme qui lui demandera de l’aide pour certaines patientes juives orthodoxes et la formera au métier.
Chacune servira de pont à l’autre pour un monde qu’elle ne connaît pas.
Le monde de Surie est un monde qui m'intrigue et cette plongée révèle certains aspects de cet univers qu’ils soient positifs ou négatifs sans jugement : l’importance de la famille, de l’entraide, du respect des aînés ou le jugement mais aussi l’interdiction de la différence, la méfiance quant à l’instruction ou aux livres de l’extérieur.
On découvre un femme pleine de tendresse et discrète mais incroyablement courageuse car elle tente d’aller au delà du monde qu’elle a toujours connu, au delà de la bulle dans laquelle elle a vécu et qu’on lui a imposé. Elle lutte contre tout un univers.
L’attitude humble et posée avec laquelle Surie traverse les épreuves et se dépasse vient contraster avec la violence du regard de la communauté et de ses règles mettant en valeur tout le courage de cette femme.
Une histoire bouleversante servie par un style paisible, confirmé et efficace qui vous emporte et immerge tendrement. Au passage, il n’en manque pas moins de nous perturber.
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