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Narcisse, c'est l'écrivain l'autofiction d'aujourd'hui. On reproche son impudeur, son égocentrisme, son amoralisme. En autant de chapitres qui reprennent ces accusations (« l'impudeur autobiographique » ; « petits meurtres entre amis : un genre sans éthique »...), Philippe Vilain leur fait un sort.
Rappelant les origines du genre, de saint Augustin à Montaigne, Philippe Vilain montre que le reproche d'égocentrisme fait à ce qui ne s'appelait pas encore « autofiction » a toujours existé, et a toujours été faux. Loin de chercher à promouvoir son « moi » dans une entreprise publicitaire, l'écrivain d'autofiction vise au contraire une leçon plus générale. Narcisse, ce n'est pas seulement moi, Narcisse, c'est nous.
Ne se plaçant pas seulement sur le terrain théorique, Philippe Vilain s'appuie sur une expérience personnelle, sa relation avec Annie Ernaux, qui a elle-même écrit un livre sur le sujet (L'Occupation, Gallimard, 2001). Une histoire d'amour devenant des livres successifs, n'est-ce pas l'objet même de l'autofiction ?
Le livre se conclut par un long et passionnant entretien où Serge Doubrovsky, l'inventeur du mot « autofiction », et de la chose, confie : « l'Autofiction, pour moi, ne ment pas, ne déguise pas, elle énonce et dénonce dans la forme qu'elle s'est choisie. »
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