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Piotr Krasnov était un général du tsar Nicolas II, un ataman des Cosaques du Don pendant la guerre civile russe, mais aussi un talentueux romancier au style réaliste, direct et efficace, dont les phrases claquent comme des balles. Dans son roman fleuve au titre on ne peut plus clair, il s'empare de l'histoire de la Russie d'Alexandre III et de Nicolas II jusqu'à la fin de la dynastie des Romanov : Guerre du Japon, Première Guerre mondiale, révolution de Février, d'Octobre, enfin guerre fratricide qui déchira le peuple russe.
Cette grande saga raconte, à travers le destin du personnage central, Alexandre Sabline, celui d'un empire en voie de décomposition. Mêlant fiction et réalité, l'auteur nous fait côtoyer les grandes figures de l'histoire russe de cette époque : Nicolas II et son épouse Alexandra Fiodorovna, Raspoutine, Lénine, Trotski et bien d'autres, qui, grâce à une intrigue habilement menée, des descriptions minutieuses et des dialogues finement ciselés, nous font véritablement vivre les der- nières années de l'autocratie russe.
Le roman de Krasnov traduit la vision manichéenne de l'auteur sur l'Histoire de son pays :
Les méchants Rouges d'un côté, et les bons de l'autre : Sabline, les Blancs, et l'armée russe du tsar, colonne vertébrale du roman, à laquelle l'auteur voue un attachement sans bornes, qui y est montrée dans toute sa splendeur.
Écrit de 1918 à 1921, publié à Berlin en 1921, en France en 1926, en Russie en 1992, De l'aigle impérial au drapeau rouge connut un énorme succès dans l'émigration et est considéré au- jourd'hui en Russie comme un témoignage.
Piotr Krasnov (1869-1947), officier russe et écrivain militaire. Ancien officier de la Garde impériale russe, il mène dès 1917 la lutte armée antibolchevique dans sa région du Don.
Fondamentalement antisoviétique, il opère un rapprochement avec l'Allemagne nazie dès 1941 préconisant la création d'unités cosaques armées par la Wehrmacht. Il finira pendu par les auto- rités soviétiques après un procès éclair.
Une fois n’est pas coutume, cette chronique commencera par quelques mots sur l’auteur de ce roman, Piotr Krasnov.
Ce dernier était un général de la Garde impériale sous Nicolas II mais, également, écrivain militaire. Exilé suite à la révolution russe, il fut livré par les Anglais aux soviétiques et fusillé en 1947.
C’est en 1921-1922 qu’il publia ce roman qui a pour personnage principal le militaire Sabline.
Nous le découvrons jeune homme, droit, plein de principes puis découvrant la passion amoureuse, fugace et intense, sans se soucier des conséquences.
Un homme dévoué à l’armée, à la Russie, à la foi et à l’empereur.
Les années passent, la sagesse prend le pas sur la fougue.
Mais les nuages s’amoncellent, tant à l’extérieur avec la première guerre mondiale qu’à l’intérieur avec l’agitation socialiste.
Cette temporalité constitue un point très positif de ce récit. Je n’ai lu que peu de romans se déroulant sous le règne de Nicolas II et il est très intéressant d’avoir le point de vue d’un contemporain des événements. Nous croisons des personnages fictifs et d’autres bien réels.
On sent toute la dévotion que l’auteur vouait à sa patrie sans pour autant être aveugle aux difficultés et aux abus du tsarisme. La contrepartie de cette dévotion est la vision très noire de la révolution rouge, beaucoup de communistes apparaissant comme monstrueux, opportunistes, marqués physiquement par leur déchéance morale.
J’ai beaucoup apprécié les descriptions de la vie militaire où l’on sent la maîtrise de l’auteur à ce sujet.
Si je devais apporter un bémol, il résiderait dans la construction psychologique des personnages qui ne m’a pas toujours convaincue.
Une belle lecture, qui si elle ne restera pas parmi mes favorites, n’en reste pas moins un roman, un témoignage intéressant sur la chute d’un empire.
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