Une sélection de bandes dessinées pour buller intelligemment
"Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt.
Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d'un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.
Face à l'adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d'intelligence, d'énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie.
"
Une sélection de bandes dessinées pour buller intelligemment
Je ne suis pas une grande connaisseuse de bande dessinée mais là j'ai adoré.
L'adaptation de "Couleurs de l'incendie" de Pierre Lemaître est parfaite.
Les dessins, l'ambiance, les dialogues apportent quelque chose à la noirceur du récit.
Ce n'est pas gai, c'est une impitoyable vengeance, les personnages sont souvent cruels et le graphisme nous emporte dans le récit.
Des BD comme cela, j'en redemande.
Voici la suite du fabuleux roman, et adaptation BD aussi, "Au revoir là-haut".
Et quelle belle réussite encore !
Cette fois-ci nous suivons l'histoire de Madeleine Péricourt, qui était un des personnages secondaires du premier opus.
La composition de la couverture est encore exceptionnelle avec ce portrait de Madeleine Pericourt flottant au-dessus d'un incendie comme un fantôme...
Elle est très évocatrice pour la suite...
Les couleurs chaudes de la couverture annoncent aussi que le contenu ne sera pas de tout repos.
Le dessin de Christian de Metter pour "Couleurs de l'incendie" :
Le dessin de l'auteur est toujours aussi beau.
Toujours le trait épais, allant à l'essentiel la plupart du temps, mais laissant par moment des vignettes somptueuses regorgeant de détails placés avec minutie.
Les couleurs sont très originales, donnant en effet rétro très appréciable et faisant de chaque case un tableau, une véritable oeuvre d'art.
Les jeux d'ombres et lumières sont réalisés d'une main de maître et apportent énormément de relief aux dessins et aux personnages.
Les mises en scène sont admirablement structurées, alternant beaucoup de plans bien variés, des effets subtils et des pleines pages particulièrement sombres et cruelles.
Les perspectives sont magnifiques, travaillées...
Les caractères des protagonistes sont parfaitement bien révélés par le coup de main de l'artiste, à l'image de Madeleine qui, au début de l'histoire, parait effacée et dépassée par tout ce qui arrive, et petit à petit reprends ses esprits pour dominer tout le monde.
Les escrocs ne sont pas détectables à première vue mais lorsqu'il se révèlent, on constate une véritable différence dans les traits révélant les émotions (méchanceté, ambition, culpabilité et...).
C'est vraiment admirable de vivre cela par le dessin.
Il n'y a pas de doutes, c'est l'oeuvre d'un grand talent.
Le scénario, l'histoire de Pierre Lemaitre pour "Couleurs de l'incendie" :
Evidemment l'histoire est issue du roman éponyme de Pierre Lemaitre. L'histoire se déroule donc après-guerre, en plein essor industriel, ou la fortune sourit aux audacieux...
Madeleine Péricourt, qui vient de subir de nombreux drames, se retrouve victime de nombreux escrocs et criminels. Mais elle comprend vite l'art de la manipulation et les points faibles de chacun des tortionnaires trop ambitieux.
Habilement, et fort génialement, elle s'en va ainsi retourner la situation par le plus grand des secrets.
Cette histoire formidable est emplie d'ingéniosité et d'émotions.
Suivre cette héroïne, plutôt "banale" en première approche, vous conduira à franchir de nombreux stades émotionnels.
On passe ainsi de la tristesse d'un drame, à de l'affection, en passant par de la compassion, du dégout, de l'ambition, de la perfidie, du génie, de l'amour, etc.…, pour finir sur une belle satisfaction du devoir accompli.
Le découpage reste similaire à celui de "au revoir là-haut", singulier et classique avec tout au plus 5-6 cases par page.
Le récit laisse une grande part à la narration voix off ou au visuel.
Les effets sonores imagés par de nombreuses onomatopées sont très appréciables pour bien vivre la scène, comme ce concerto de diva ou bien ces bruits de motorisation de réacteurs balbutiant…
Rien à dire, Christian de Metter gagne son pari. Il a su adapter admirablement bien ce best-sellers du non moins talentueux et renommé Pierre Lemaitre.
Le style graphique est unique et très agréable tenant encore parfaitement bien cette aventure passionnante.
Cette bd (et roman) est à lire sans hésitation !
Ça fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de Christian De Metter… Voici donc sa deuxième adaptation des romans de Pierre Lemaître après « Au revoir là-haut » et avant « Miroir de nos peines ».
Je n’ai pas lu les romans en question, je prends donc cet album pour ce qu’il est : une fresque romanesque, une machine mettant en route la vengeance d’une femme, savamment orchestrée par Lemaître et brillamment rendue vivante par De Metter !
L’ambiance est sombre, le climat historique tendu en toile de fond, les personnages sont très expressifs, le style De Metter est bien là et je prends toujours un plaisir fou à m’y plonger !
Que vous connaissiez les romans ou pas, que vous ayez lu « Au revoir là-haut ou non, plongez vous dans ces « couleurs de l’incendie » avec Madeleine, une femme forte qu’on n’oublie pas !
Une réussite que cette adaptation du roman de Pierre Lemaitre, deuxième opus de la trilogie Les enfants du désastre. Le roman était magnifique et l'adaptation en roman graphique l'est tout autant. On met enfin un visage sur tous ces personnages qu'on avait imaginés, ils prennent vie sous nos yeux. La quête de Madeleine pour assouvir sa vengeance devient alors encore plus concrète.
Mais par contre, à choisir, mieux vaut avoir lu le roman avant la bd, plutôt que l'inverse.
Si Pierre Lemaître avait participé à l’adaptation en bande dessinée de son roman « Au revoir là-haut » au côté de Christian de Metter, il a laissé cette fois le dessinateur-scénariste seul aux commandes puisqu’il était occupé à finir le troisième volet de sa trilogie (« Miroir de nos peines » paru le 2/01/20) et se consacrait en parallèle à l’adaptation cinématographique de ce second volet.
On retrouve d’emblée, une parenté entre cet album et le précédent puisque le « saut de l’ange » du petit Paul en pleine page à la p.4 rappelle la magnifique couverture d’ « Au revoir là-haut ». Cette pleine page du deuxième opus donne le ton choisi par de Metter également : quand on avait dans le roman un véritable morceau de bravoure, une description qui s’étendait sur 30 pages un peu grandguignolesque (le corps du petit garçon rebondissait sur le catafalque funéraire avant de s’écraser sur le cercueil), ici tout est traité en ellipse et en sobriété. Pour passer du roman foisonnant de 530 pages à un « one shot » de 160 p, l’auteur a en effet choisi de resserrer l’action, de ne pas développer certains caractères comiques (Vladi et Robert Ferrand par exemple) et de ne pas multiplier les interventions d’un narrateur-bateleur comme dans l’œuvre source. L’album devient plus noir et se concentre sur de très beaux portraits de femmes, la trame de la vengeance et la chronique des années 30.
Une affaire de femmes
Le sujet principal de « couleurs de l’incendie » c’est Madeleine Péricourt, personnage très secondaire d’ « Au revoir là-haut », qui prend l’envergure d’une grande héroïne comme l’indique la superbe couverture sur laquelle elle occupe les deux tiers de l’espace. Elle nous y dévisage, nous toise même, avec une expression énigmatique : à la fois moqueuse et mystérieuse ; elle se présente à la fois comme une sphinge et une Joconde moderne. Après le roman et l’album qui racontaient une histoire d’hommes, voici venu celui consacré aux femmes.
En effet, la bande dessinée de De Metter donne beaucoup moins d’importance au Paul adolescent de la deuxième partie du roman par exemple et met au premier plan Madeleine, Léonce, Solange Gallinato et même un personnage a priori anecdotique et qui devient crucial ici : Hortense Péricourt.
Ce sont les femmes qui amènent de la couleur dans cet univers sombre : les seules pages à bénéficier de lumière sont celles dévolues aux héroïnes et dotées de couleurs pastels bleu, rose et jaune d’or. De Metter en fait des personnages bien plus complexes que les protagonistes masculins. Ainsi, Solange Gallinato malgré son aspect comique de Castafiore (aux traits proches de ceux de Rastapopoulos !) s’avère être une vraie héroïne qui brave le Reich et son führer ; Léonce et Madeleine entretiennent une relation presque amoureuse que souligne un montage parallèle dans lequel on voit d’une part Solange interpréter un air dans lequel l’abandonnée se plaint de la trahison de son amant et d’autre part Madeleine comprendre la machination de Joubert et découvrir que sa fidèle gouvernante était de mèche. Avec le dernier plan du passage on perçoit que le chant d’amour (« je vous ai tant aimée pourquoi vous haïrais-je ?) s’adresse à l’amie … Les héroïnes sont donc moins lisses qu’on pourrait le penser.
A travers ces figures féminines, l’auteur évoque le sort des femmes des années 1930 qui, malgré ce qu’elles avaient fait durant la grande guerre en assurant le rôle des hommes, demeuraient d’éternelles mineures et passaient de la tutelle d’un père à celle de leur mari. Il souligne comment certaines s’affranchissaient de cela grâce à leur art (Solange), leurs charmes (Léonce) ou en décidant de ne plus être de simples femmes objet en agissant (Madeleine mais aussi Hortense).
Une vengeance à la Monte Cristo
Lemaître l’indiquait lui-même dans ses notes finales, il avait voulu rendre dans ce roman un hommage à Dumas. De Metter reprend également ce thème de la vengeance. Le tournant de l’album est fort bien marqué par l’épisode central (dans tous sens du terme) du long flashback en noir et blanc avec juxtaposition de scènes présentées par ordre chronologiques en pleine pages qui s’affranchissent du gaufrier comme pour évoquer le débit précipité de l’aveu longuement tu du petit Paul.
A partir de ce moment, Madeleine se transforme en louve et va se venger de ceux qui leur ont fait du tort en élaborant une machination. On notera d’ailleurs le rôle symbolique de sa confrontation avec Léonce dans son ancien hôtel particulier : elle sont dans le hall qui est pavé en noir et blanc et ressemble à un échiquier. Madeleine va petit à petit avancer ses pions et gagner la partie. Pour souligner ce côté méthodique et implacable, de Metter multiplie les parallélismes de situation et les répliques en écho : ainsi le baiser de Judas que Léonce lui avait donné en première partie est présent de façon symétrique dans la deuxième partie de l’album mais cette fois c’est Madeleine qui embrasse ; la phrase moqueuse « la roue tourne » prononcée par l’une des nièces Péricourt se retrouve dans la bouche de Madeleine au moment du procès et à chaque fois qu’un de ceux qui ont œuvré à sa perte est châtié, elle apparait fugacement telle Edmond Dantès pour lui signifier qu’elle est à l‘origine de sa ruine…
Chronique des années 30
Mais ce roman d’aventures est aussi une chronique des années 30. Le livre était extrêmement documenté, l’album l’est aussi. A la manière d’un Zola dans «L ’Argent », Lemaître et De Metter dépeignent grâce aux personnages de Charles Péricourt et de Joubert les magouilles financières des députés, les délits d’initiés et la spéculation. Dans l’album tout se négocie de façon feutrée dans des dîners. On y perçoit également la montée du nationalisme lors des diverses assemblées ainsi que l’accueil favorable fait à Hitler par des entrepreneurs français qui vont jusqu’à arborer sa célèbre moustache ! De Metter souligne aussi un certain retour hypocrite de l’époque vers l’ordre moral avec le personnage de Delcourt devenu la coqueluche des soirées depuis qu’il a écrit un article contre l’avortement ainsi qu’avec le chantage dont est victime Hortense.
Ce climat particulièrement délétère est bien symbolisé par les camaïeus de bruns qui composent l’essentiel de la couleur des pages. On a vraiment l’impression d’y voir « les couleurs de l’incendie », c’est-à-dire l’extension de la tragédie brune… De Metter inclut dans sa bande dessinée des extraits de journaux de l’époque qui relatent le boycottage des magasins juifs et montre par la retranscription in extenso de la lettre que le petit Paul adresse à son idole qu’ un enfant de douze ans, est finalement bien plus clairvoyant que la plupart des adultes de son entourage. Il nous emmène également à Berlin où le décorum nazi fonctionne déjà à plein et consacre un long passage au récital de Solange afin de souligner comment les artistes furent parfois les premiers à entrer en résistance et à éveiller les consciences ( Solange provoque ainsi la révolte du chef d’orchestre allemand qui l’accompagne).
Loin d’être anecdotique, cette adaptation tient donc toutes ses promesses …
Après l'adaptation graphique d'Au revoir là-haut, Christian de Metter s'est emparé du second volet de la trilogie, Couleurs de l'incendie et c'est une réussite ! Je n'ai pas lu le premier volume graphique, donc c'est une totale découverte pour moi et j'ai beaucoup aimé.
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Le graphisme, les couleurs en parfaite adéquation avec l'ambiance de chaque planche ou double page d'abord, et avec l'ambiance générale de cet entre-deux-guerres où se profile déjà la seconde. Une période sombre bien rendue où Madeleine Péricourt doit faire face à la situation de son fils Paul (qui au début du roman commet un geste désespéré) et à sa ruine ourdie par les gens peu scrupuleux en qui elle avait placé sa confiance. Elle va alors patiemment concocter sa vengeance...
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En un peu plus de 160 pages, l'auteur réussit le tour de force de rester fidèle au roman d'origine qui, lui, en comporte un peu plus de 500, et d'en restituer les scènes principales. J'avais lu le roman l'an dernier et je trouve que l'adaptation graphique est un excellent complément. Bravo !
Adaptation dessinée du roman du même nom de Pierre Lemaître, paru en 2018 chez Albin Michel et suite de Au revoir là-haut du même romancier et pareillement adaptée par Christian de Metter qui a un talent incroyable, puisque je ne parviens pas à m'intéresser aux romans de Pierre Lemaître, mais ses adaptations BD me plaisent beaucoup. Passée une toute première partie un peu difficile, qui présente la galerie étoffée des personnages et les raisons de leur présence dans le livre, le pli est pris et l'histoire de Madeleine se déroule. Dessin et couleurs apportent profondeur et noirceur, ainsi que certaines pages libres de cases.
La part belle est faite aux personnages plus qu'aux paysages, à leurs relations, c'est une histoire de vengeance, de jalousie sur fond de montée de nazisme en Allemagne et de patriotisme en France et de gros sous. Très bien fait et si, comme moi, certains romans un peu longs ne vous tentent pas, essayez les adaptations BD, surtout si C. de Metter s'y colle. Mais il ne fait pas qu'adapter des romans, il scénarise et dessine dans Rouge comme la neige, et dessine sur un scénario original dans Terre gâtée.
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