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S'il est vrai que la raison est d'abord un motif, un mobile, le désir qui émeut l'esprit - et pour le mettre en mouvement -, une société qui engendre une démotivation généralisée des producteurs et des consommateurs est profondément irrationnelle.
La démoralisante liquidation de l'aidôs (vergogne) qu'étudiait constituer l'europe 1. dans un monde sans vergogne, résulte d'une idéologie de la performance basée sur le calcul des motivations comme fondement de techniques de management et de marketing, mais qui, calculant l'incalculable, élimine la singularité qui est cependant le seul objet possible de la motivation, et ruine ainsi les processus d'individuation.
Ce sont ces modèles de direction de l'activité industrielle, devenus contre-productifs, qui engendrent la démotivation. le présent ouvrage esquisse une analyse des techniques managériales de contrôle et de stimulation de la motivation et de la performance qui dominèrent le xxe siècle, et propose des éléments pour une politique industrielle européenne, appuyés sur une autre théorie de la motivation.
Celle-ci en appelle au concept d'individuation pensée comme processus à la fois psychique et collectif, et oú l'articulation des deux niveaux s'opère à travers l'organisation des échanges symboliques, eux-mêmes conditionnés par des mnémotechniques aujourd'hui devenues industrielles. le processus psychosocial est générateur de motifs en fonction des conditions d'organisation des échanges symboliques, et la définition de ces conditions en vue de l'intensification des motivations constitue la question politique en propre.
Or, le devenir technologique des mnémotechniques, qui s'est subitement accéléré et modifié avec la numérisation, signifie qu'une politique n'est possible qu'à élaborer et à mettre en oeuvre les critères d'une économie industrielle des mnémotechnologies culturelles et cognitives, qu'il s'agit de transformer ainsi en technologies de l'esprit. seule une politique industrielle de l'esprit constituera un nouveau motif européen fondé sur une rationalité économique revisitée, réinvestissant une raison européenne qu'il faut concevoir comme une économie du désir que concrétisent les motivations psychiques et collectives propres à l'âge des technologies industrielles de l'esprit.
Soit la constitution européenne sera l'invention d'une nouvelle civilisation industrielle, soit l'europe politique ne verra jamais le jour.
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