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"Fléau de Dieu", "Antéchrist", l'image occidentale d'Attila est très négative. Elle a été en fait entièrement fabriquée par deux ou trois historiens latins qui la dessinèrent cinquante ou cent ans après sa mort, et par les chroniqueurs ecclésiastiques du Haut Moyen Age. Roger Caratini montre l'inexactitude de cette image et reconstitue la personnalité et l'histoire d'Attila grâce à une critique très serrée des textes classiques et une analyse minutieuse des sources.
Attila, né vers 395 sur les bords du Danube, a passé une partie de son adolescence à Ravenne, à la cour de l'empereur Honorius. Il y apprit le latin et le grec et il eut pour compagnon le jeune Aétius, qui devint plus tard le dernier grand général romain. Lui-même sera, pour un temps, le meilleur allié de Rome dans sa lutte contre les Goths, mais il n'avait que dix ou onze ans lorsque les innombrables hordes germaniques déferlèrent sur les Gaules, l'Ibérie et l'Italie, et il venait d'avoir quinze ans lorsque le Wisigoth Alaric incendia la Rome des Césars et des Auguste.
Attila fut un Barbare, mais un Barbare éduqué, cultivé, qui a fait de son peuple à peine sorti du nomadisme une nation et qui a tenté de l'imposer comme tel, autant par la force que par la négociation, à Constantinople d'abord, dont l'empereur, Théodose II, dut s'incliner devant lui, puis en Occident où ses armées furent deux fois vaincues : en 451, dans les plaines de Champagne, par la géniale stratégie de son ex-ami Aétius, et, en 452, dans la plaine du Pô,... par la dysenterie, plus que par les prières du pape Léon le Grand.
Attila mourut lors d'une dernière nuit de noce, en 453, laissant derrière lui un embryon d'empire qui se déchiqueta, et parmi les peuples qui le suivirent, en Hongrie comme en Ukraine, le souvenir d'un demi-dieu.
Roger Caratini, agrégé de philosophie, est l'auteur savant et passionnant de plusieurs ouvrages de philosophie et d'histoire, en particulier de biographies : Jules César, Napoléon, et dernièrement Alexandre le Grand (Hachette Littératures, 1999).
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