"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mamie-Rose se souvient de ses visites à l'hôpital auprès du jeune Oscar, 10 ans, atteint d'une leucémie. Elle relit ses lettres, celles qu'elle lui avait conseillées d'écrire à Dieu. Pour se sentir moins seul, pour le faire exister... Alors qu'il se sait condamné, Oscar écrit pour raconter ses derniers jours, sa relation avec ses parents, avec la maladie, l'hôpital, ses amis malades. 12 jours qui valent des années.
Le scénariste Vincent Zabus adapte le roman à succès d'Eric-Emmanuel Schmitt. Il en propose une revisite dans laquelle Madame Rose convoque ses souvenirs et les revit en présence d'Oscar et de tous les autres personnages croisés à l'hôpital... L'émotion est forcément au rendez-vous mais pas que. Humour, philosophie, il y a beaucoup à apprendre en écoutant Oscar .
Valérie Vernay (Rose, Un loup pour l'homme, notamment) a la lourde tâche de mettre en images cette histoire et elle parvient à la rendre lumineuse et poétique. C'est très coloré, vivant, rond, rien ne se passe vraiment à l'hôpital puisque Mamie-Rose convoque ses souvenirs depuis chez elle, son jardin, sa maison... Le récit est allégé par la magie graphique et par ce petit garçon qu'il a fallu dessiner et qui s'avère charismatique.
Cet album remarquable allie la qualité de l'adaptation et la qualité graphique. Il me semble apporter une véritable plus-value notamment parce qu'il rend accessible un récit vers lequel je ne serais pas allé. Et c'est probablement un exploit pour un livre devenu un classique, déjà vendu à 1.3 millions d'exemplaires.
La toute jeune Maya se voit exclue de la maison de Baron lorsque sa mère, employée malmenée par le propriétaire terrien abusif et brutal, se pend dans la cour du domaine. En se débattant, elle a mordu son maître, et on abat les chien qui mordent pour éviter la récidive !
La jeune fille grandit alors dans les bois alentour, aidée par le jeune Markus, fils adoptif du patriarche, sauvageonne éprise de nature, de liberté et de colère...
Jusqu'à ce que les insomnies de Baron ne se révèlent à nouveau, réveillant de vieilles blessures en sommeil.
Cet album vous révélera de jolies surprises, c'est certain.
Débutant sur une histoire plutôt classique faite de patriarcat crasseux, de violence domestique et d'amour filial en souffrance assaisonné par une jeune fille aux airs de Mowgli en terre Francaise, le récit se voit pimenté par des embruns de fantastique et de mythe classiques de terreur bien connus qui lui font prendre un tournant extrêmement intéressant.
À la question de qui est vraiment la bête, la réponse est rapidement trouvée.
Mais elle est un savoureux prétexte à démêler des relations complexes entre les personnages, imbriquées savamment les unes aux autres, et qui ne se régleront pas à l'amiable, comptez sur Mathieu Reynès pour ça !
Valérie Vernay nous offre pour ce faire des pages de jours et de nuits entremêlées extrêmement belles ou la férocité des bêtes n'a d'égal que celle des amours contrariées des hommes et de leurs travers.
Dame nature, droite dans ses bottes, ne permet que peu les perversions humaines et leurs déviances et finit toujours par remettre les choses en ordre, jusqu'à ce qu'un homme ait le vrai courage de l'amour pour faire cesser la folie, quelles que soient ses raisons.
Une belle fable métaphorique qui oblige à se plonger dans le regard profond de la bête pour en affronter une autre, bien plus dangereuse, vindicative et destructrice.
Un très beau one-shot !
Alchimie parfaite entre une satire sociale, un conte fantastique et un graphisme somptueux.
Dans les années 1920, le Baron est un notable campagnard, rustre, tyran violent envers tout son environnement, y compris ses enfants. Nul ne doit s’opposer à ses volontés et surtout pas une domestique qu’il étrangle après avoir essayé d’abuser d’elle. Il maquille le crime en pendaison, aux yeux de tout le village.
Maya, la petite fille de la jeune femme, s’enfuit dans la forêt.
On la retrouvera 8 ans plus tard, en parfaite symbiose avec les animaux et notamment les loups. Maya est désormais une adolescente, elle défend les animaux, détruit les pièges du Baron, invente des systèmes afin de ne pas être surprise. Le Baron décide d’en finir avec elle. Son intendant, son fils Eugène, sans cesse méprisé par son père et Louison, sa fille qui a le même âge que Maya, l’aideront. Même si Maya est soutenue par Markus, qui a toujours vécu dans le domaine, qui a joué avec les enfants du Baron, les évènements vont se précipiter.
Le suspens demeure haletant jusqu’à la fin.
Au début de la lecture, j’ai craint la caricature, la facilité. Les planches travaillées, magnifiques m’ont fait poursuivre le récit. Les dessins sont tellement beaux ! Les traits simples, dépouillés des personnages, y compris ceux des loups, accentuent leurs expressions. Les fonds sont différents selon les environnements, bleu froid pour les loups, bleu sombre pour la forêt, plus clair pour la vie dans le domaine et au village. De véritables tableaux ! On n’en finit pas de les détailler, de découvrir d’autres détails.
Les relations entre les personnages sont plutôt complexes et bien mises en valeur. Comme l’indiquera la fin….
La violence est permanente, verbale et physique. Le seul moment d’humour est celui où le Baron consulte une hypnotiseuse (pétrie de psychanalyse) qui libèrera la boîte de Pandore.
Extraits :
_ « C’est ça qui vous inquiète, que vos ennemis disent que vous êtes fou ?
_ Non, m’dame, j’ai surtout peur qu’ils aient raison. »
Une vraie réussite pour les amoureux des dessins travaillés, puissants et pour le plaisir d’une histoire où les pages se tournent toutes seules.
Merci aux Éditions Dupuis, à Netgalley de m’avoir fait découvrir Paul Reynès et Valérie Vernay.
https://commelaplume.blogspot.com/
La France rurale des années 20, un propriétaire terrien, "Le Baron", une poigne de fer, des jeunes employés à sa solde, voire même un peu plus que ça en ce qui concerne Maria. Elle finira par se pendre, laissant sa petite fille Maya seule et chassée vers la forêt.
Ici commence une fable sombre et mystérieuse à l'image de cette superbe couv. Une fable autour du mythe de l'enfant sauvage, Maya grandit seule dans la forêt, pleine de ressentiment, entourée des animaux et aidée par Markus, un jeune employé du Baron.
Un autre mythe est au centre du récit, celui du lycanthrope... Mais je n'en dirai pas plus. Le récit de Bastien Reynès navigue progressivement au-delà du réel mais prend soin de laisser le mystère se dévoiler petit à petit.
Valérie Vernay (dont j'avais apprécié le travail dans Rose) réalise une prestation de haut vol avec ce dessin semi-réaliste qui excelle dans des pages noires impressionnantes.
"Un loup pour l'homme" est un one-shot de grande qualité, qu'on se le dise !
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