"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J’ai un avis plutôt mitigé sur ce roman, je vais donc scinder cette chronique en deux parties qui vont coller au roman puisque l’on distingue bien deux parties radicalement différentes dans ce livre de Mary Costello.
Un début plutôt classique mais plaisant. Le personnage principal est assez atypique et ne manque pas de profondeur. Cette mise en place est soignée, peut-être un petit peu longue mais rien de trop dérangeant et puis c’est bien écrit, l’écrivaine a un style très agréable.
Après ce démarrage, voilà que survient l’évènement déclencheur avec cette rencontre amoureuse. A ce moment du récit, le lecteur sent bien que cela va mal se terminer et effectivement cette rencontre fait émerger des souvenirs du passé et la situation se dégrade assez vite. A ce stade, j’étais donc impatient de voir comment tout cela allait se terminer puisque toutes les options restaient ouvertes.
Et puis…Patatras ! Changement de rythme complet avec un dernier tiers de roman complètement décousu à base de questions/réponses. L’exercice de style, bien qu’intéressant, n’apporte pas grand-chose à ce roman et produit même un effet délétère à mon sens, celui de sortir complètement de lecteur de l’histoire, du moins c’est l’effet que cela a produit sur moi. Quel dommage !
La fin de cette lecture a donc été compliquée car je suis vraiment sorti du récit. D’autant que ce jeu de questions/réponses part dans tous les sens.
Un roman intéressant donc mais je n’ai malheureusement pas adhéré au dernier tiers avec ce changement de style qui m’a fait décrocher. J’attends avec impatience d’autres avis de lecteurs sur ce roman et notamment le ressenti sur cette fin de roman.
Ma note : 2,5/5
Mon avis sur ce livre est très partagé, voire paradoxal.
Tout au long de ma lecture, j’ai ressentie une profonde tristesse, une grande sensation de solitude aussi, comme si Tess déteignait sur moi.
Sa vie est une succession de mauvaises nouvelles, de recherche de reconnaissance, de coups durs. Elle semble entourée de la maladie, la mort plane ou s’abat sur son entourage, les épreuves se succèdent. C’est un ciel de plomb, une épée de Damoclès qui la suit continuellement.
Cependant, paradoxalement, ce roman se lit avec plaisir. Est-ce un plaisir macabre de suivre les malheurs des autres ? Est-ce parce que finalement nous avons envie d’aider Tess pour qu’elle se sente moins seule, pour que le sort arrête de s’acharner contre elle ?
Ce récit est très bien écrit, il nous emporte avec grâce sur le chemin de la vie de son héroïne.
C’est un plaisir de lecture stylistiquement parlant mais le sujet si gris et si triste ne nous laisse pas sereins en fermant le livre…..
un gros coup de cœur. J'ai terminé le livre en larmes... Tess perd sa mère très tôt et son père n'est plus très attentif à ses besoins et à ceux de ses frères et sœurs. Claire décide d'aller tenter sa chance en Amérique quelques temps après Tess décide de la rejoindre. Le bonheur sera-t-il au rendez vous de l'autre coté de l'océan ? un livre bouleversant et terriblement humain.
"Academy Street" est de ces livres qui vous prennent aux tripes, l'air de rien, tout en finesse et en légèreté. Peut-être parce que l'histoire de Tess a quelque chose d'universel et fait écho à des sentiments enfouis chez la plupart des individus, ces anonymes qui mènent leur vie du mieux possible sans que personne ne s'y intéresse. Tess n'est pas une héroïne mais elle est exceptionnelle, comme l'est chacun d'entre nous.
Tess a sept ans lorsque le décès de sa mère lui fait découvrir la solitude, un sentiment et un état qui ne la quitteront pas pendant le reste de sa vie. Le silence de son père s'impose à l'ensemble de la maisonnée, une ambiance que ses nombreux frères et sœurs supportent chacun à sa manière. Les années passent. L'école, puis l'internat. Tess se découvre une vocation d'infirmière et parvient à trouver une formation dans un hôpital de Dublin. L'occasion de quitter la demeure familiale et d'oublier que Claire, la sœur adorée part aux Etats-Unis rejoindre l'une de leurs tantes, Molly, installée à New York. Claire se marie, fonde une famille et Tess la rejoint. L'Amérique ! L'ouverture sur un monde nouveau, bien loin de sa campagne irlandaise, bien loin même des quelques années passées à Dublin. Tess poursuit son apprentissage de la vie et de la solitude. Elle observe, elle tente de comprendre ce qui se joue autour d'elle, ces liens sociaux qui se tissent et dont elle se sent exclue, presque persuadée de son manque d'intérêt pour autrui. Peu de gens entrent dans sa vie, elle dit elle-même que "peu font l'affaire" non par arrogance mais par souci de relations vraies dans lesquelles deux individus se reconnaissent. C'est ce qu'elle croit trouver avec David. Il y aura une nuit. Et puis un enfant. Mère célibataire, Tess assume avec courage et avec l'aide de Willa, sa voisine et sa seule amie. Théo grandit, se détache de sa mère comme tout adolescent, prend son envol et fonde à son tour une famille... Jusqu'au drame.
Ce que raconte Mary Costello à travers l'histoire de Tess c'est tout simplement la vie dans ce qu'elle a de plus banal, non pas au sens de sans intérêt mais au contraire, dans celui de commun à tous. Elle parvient à saisir ces moments où l'individu est seul face aux questions posées par un monde si vaste qu'on a dû oublier d'en fournir le mode d'emploi. Elle nous offre un personnage magnifique, fidèle à ses valeurs, avide de comprendre et de s'améliorer mais peut-être un peu trop plombée par son désir de ne pas déranger.
Sa solitude, Tess la soigne avec les livres. "Ce à quoi elle avait toujours aspiré - connaître la beauté, l'amour, le sacré -, elle le trouvait dans les livres. Elle se dérobait au laid, au vulgaire, mais jamais à la souffrance ou à la douleur de la honte, devinant dans l'âme de l'auteur des efforts colossaux qui visaient à transcender ces dispositions, à extirper de la blessure ou de l'angoisse une révélation, un aperçu, qui élèveraient le personnage comme le lecteur vers un nouvel état de grâce." Ces livres qui font tellement écho à ses propres sensations. Même s'il faut bien rester ancré dans le réel qui la rattrape une fois le livre refermé et qu'elle s'astreint à affronter sans jamais se plaindre..
De quoi est faite une vie ? A-t-on seulement le temps de le comprendre avant qu'elle ne se termine ? Ce livre merveilleux pose la question avec une délicatesse poignante qui m'a plusieurs fois menée au bord des larmes. C'est peut-être ça, le talent.
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