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L'horloger Macias Möll a deux passions : la philosophie des sciences, qui accompagne son travail de mécanicien du temps, et la course en fauteuil roulant qu'il pratique seul contre lui-même, au crépuscule, dans une rue pentue de son quartier, bordée de curieux parmi lesquels de nombreux enfants. En spécialiste des mécaniques de précision, le paraplégique étudie tous les moyens d'atteindre son objectif : battre son record de descente. Mais ne voilà-t-il pas qu'à chacun des records battus un enfant disparaît ! Le quartier s'émeut, la police enquête, prêtant foi à toutes les suppositions, mais aussi à toutes les élucubrations. Et c'est toute l'existence de Macias qui s'en trouve ébranlée.
Non sans ironie ni humour, avec un sens rigoureux du récit mêlant à de savoureux dialogues des réflexions métaphysiques, Gabriel Bañez entraîne le lecteur dans un éblouissant conte philosophique. Que sont les horloges, que nous disent-elles sur le temps qui passe, le temps passé et à venir, le temps d'une vie, le temps des morts. Splendide métaphore, le récit de l'Argentin a la concision des écrits qui se lisent vite et qui vous habitent longtemps, car ils conduisent à des dimensions qui ouvrent l'esprit à des abîmes de perplexité.
Extrait :
"L'horloger ne cherchait pas à vaincre le temps, ni rien de ce genre. Au contraire. Il voulait arrêter le passé retrouvé. Pour y parvenir, il devait d'abord en inverser le cours."
Macias Möll est un horloger infirme. Tous les soirs, vers six heures, quand il a fini de réparer les montres, il se rend sur place et dévale une pente avec son fauteuil roulant. Parfois, sous les acclamations des enfants, il bat son record de vitesse... mais alors, inexplicablement, des enfants disparaissent...
Mécanique littéraire à la Borges - Réflexion métaphysique sur le temps - ou parabole sur le destin tragique de l'Argentine - On ne sait pas très bien par quel bout prendre ce livre étrange, et c'est là, justement, ce qui fait sa force. La grande pureté de la narration, réglée comme une horloge, contraste avec la complexité, la profondeur d'un propos déroutant dont le questionnement perdure une fois le livre refermé. Une chose est sûre, en tout cas : dès les premières lignes - on pourrait même dire dès le titre, tautologie faussement limpide qui dévoile toute la quintessence du roman -, BANEZ empoigne le lecteur d'une main ferme, sans jamais lui révéler sa véritable destination. Dispersés çà et là par une plume alerte et joueuse, les parcours de repères ambigus ; mais d'autres signes le poussent vers des pentes bien plus vertigineuses ?
Agent d'une force obscure qui le dépasse, l'horloger Möll rejoint d'autres figures de ce fantastique sud-américain - le Morel de Bioy Casares, par exemple - au charme si subtil et si pernicieux.
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