"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je ne suis pas fan de romans historiques, à quelques exceptions près et ce pourrait bien en être une; cette chronique me donne envie.
Une année folle suit la vie de deux fidèles de Napoléon. L'un est militaire, l'autre est un homme politique. Ils sont issus de générations différentes, de milieux différents mais, par loyauté envers l'Empereur, lui ont fait allégeance durant l'intermède des Cent-Jours, avant d'être condamnés à mort au début de la Seconde Restauration.
Avec trois régimes en un an, 1815 est peut-être une des périodes les plus spectaculaires de l'Histoire de France. Face à ces multiples changements, le peuple français, en état d'apesanteur, attend de voir de quel côté le pouvoir va retomber.
Entre crises d'État, batailles homériques, trahisons et histoires d'amour, Sylvie Yvert revient avec une tragicomédie haute en couleur. À travers cette fable politique, elle démontre avec brio que la fidélité est bien mal récompensée, tandis que la trahison vaut un ministère. Un chassé-croisé rythmé, entre deux hommes de valeur et leurs femmes, qui épouse au plus près le calendrier des événements de cette folle époque...
Dans ce roman historique, Sylvie Yvert met en scène deux personnages, Charles et Antoine, bonapartistes dévoués, que leurs convictions politiques vont mener très haut avant la chute, leurs trajectoires épousant celle de Napoléon Ier de son ascension à Sainte-Hélène.
Le récit se découpe en cinq actes, comme autant de pas vers la tragédie qui va frapper les deux hommes. Sylvie Yvert met en miroir leurs deux destins dans des chapitres où alterne la vie de l’un puis de l’autre. On les suit ainsi dans la gloire, les fastes et les honneurs jusqu’à la première défaite de Napoléon, son retrait sur l’Ile d’Elbe et l’arrivée au pouvoir de Louis XVIII puis durant le retour épique de l'Empereur en mars 1815 avant la chute définitive.
Fidèles parmi les fidèles, Charles et Antoine soutiendront le retour de l’Empereur dans ce dernier baroud qui deviendra “les 100 jours”, ce moment qui culmine avec le retour à Paris de Napoléon et qui s’effondre quelques mois plus tard avec la tragédie de Waterloo, redonnant sa place au monarque Louis.
Charles (de Labédoyère) est un jeune homme fougueux, militaire engagé, prêt à défendre son pays et son empereur jusqu’à la mort. Même son mariage et son amour pour sa femme et son fils ne pourront empêcher le sacrifice ultime.
De son côté Antoine (de Lavalette) est un homme plus mûr, plus réfléchi mais tout aussi engagé. Directeur général des Postes, c’est grâce à une audacieuse évasion qu’il parviendra à sauver sa vie.
Malgré leur différence d’âge et de caractère, l’un comme l’autre ne sont pas de ces hommes qui retournent leur veste, complotent ou se laissent influencer. Bonapartistes ils sont, bonapartistes ils restent, fidèles à des convictions et à des devoirs, quitte à en payer le prix fort.
Dans ce livre, Sylvie Yvert dresse aussi les portraits de deux femmes qui se révèleront fortes dans l’adversité : Georgine, la femme de Charles et Emilie, l’épouse d’Antoine et par ailleurs nièce de Joséphine de Beauharnais. Elles remueront ciel et terre pour faire gracier leurs maris, Emilie allant jusqu’à user d’un stratagème incroyable pour faire évader Antoine.
Ces deux personnages dont Sylvie Yvert ne nous dévoilent les noms de famille qu’en toute fin d’ouvrage ont réellement existé ainsi que l’ensemble des protagonistes de cet épisode incroyable de l’histoire de France qui figurent dans ce roman passionnant qui tient en haleine de bout en bout. L’auteure sait insuffler juste ce qu’il faut d’ironie pour décrire les revirements des uns et des autres, les petits arrangements avec sa conscience, les compromis, les alliances et les trahisons (ces portraits de Talleyrand, Fouché et Louis XVIII !). Tout cela sonne juste, moderne. C’est instructif sans être ennuyeux, il nous semble être au cœur de l’action, sur les champs de bataille ou dans les salons mondains. Décidément, Sylvie Yvert est une fabuleuse conteuse d’Histoire !
Il n’est absolument pas nécessaire d’être féru d’histoire ou passionné de l’époque napoléonienne pour apprécier ce roman tant il est d’une richesse à chaque page.
Napoléon Bonaparte, après la défaite de Waterloo, est emprisonné sur l’ile d’Elbe en Italie. Il s’en évade, son but : reconquérir le trône de France occupé par le roi Louis XVIII. Pour cela, une longue marche en direction de Paris va débuter. Nous sommes en 1815. Au gré de son avancée et de son parcours, Napoléon, grâce à son charisme, va réussir à rallier les soldats, les volontaires (ou non), les jeunes (ou non) à sa cause. C’est après un voyage de 20 jours que Napoléon va entrer dans Paris fort d’une nouvelle armée d’un millier d’homme. Le trajet emprunté par Napoléon est aujourd’hui connu pour être « la route Napoléon ».
A son arrivée à Paris, rien ne se passe facilement, dans le visage de la royauté, les partisans de Napoléon Bonaparte, non seulement ne sont pas les bienvenus mais, sont chassés. Parmi ses hommes, deux restent particulièrement fidèles à l’empereur et sont de tous les combats. Ils sont nommés Antoine et Charles mais leur identité complète n’est dévoilée qu’à la toute fin du roman. Ces deux hommes vont être les personnages principaux, les héros et le fil conducteur de cette histoire. Antoine et Charles, qui n’ont absolument rien en commun, vont entrainer leurs épouses dans leur foi à l’empereur, et ces deux couples vont s’attacher à l’histoire de France, pour le meilleur et pour le pire.
C’est un roman, un document, un hommage, une fresque historique, c’est tout à la fois. Sylvie Yvert nous offre une lecture rythmée, vivante, une lecture absolument passionnante et richement documentée. De la première à la dernière page on vit, à travers cette époque des 100 jours, la fin du règne de Napoléon Bonaparte sans s’ennuyer une seule seconde.
C’est aussi le roman de la fidélité, de la loyauté, envers un homme, envers des idées ou des convictions, fidélité extrême jusqu’à la mort.
Il s’agit ici du deuxième roman de Sylvie Yvert, le premier étant réservé à Marie Thérèse de France, fille de Louis XVI et Marie Antoinette. Quant à la troisième publication elle est consacrée à Samuel Paty, « Mon prof, ce héros » écrit collectif.
Dans cette vaste frasque historique, Sylvie Yvert s’attache aux pas de Charles et d’Antoine, deux hommes opposés par la naissance et l’âge mais tous deux fidèles de Napoléon.
L’histoire débute par la fin, lorsque Charles, doit se défendre durant son procès.
Charles, jeune aristocrate marié à Georgine qui vient d’une famille royaliste, « s’est rendu coupable, dit-on, de rébellion et de trahison après avoir succombé à des sentiments mal éteints. » Nous sommes en 1815, l’année du retour de Napoléon durant cent jours et qui se terminera tragiquement à Waterloo tandis que Louis XVIII retrouve son trône. Charles, traduit en conseil de guerre, est accusé d’avoir comploté et participé au coup d’état qui a permis à Napoléon de quitter Sainte Hélène pour retrouver son titre d’empereur.
Antoine, qui a épousé la nièce de Joséphine de Beauharnais, celui qu’on surnomme « le mamelouk » à cause de sa fidélité à l’empereur, a eu une carrière fulgurante en réorganisant la poste et l’acheminement du courrier.
Et pour comprendre tout l’enjeu de ces procès, quoi de mieux que de se plonger dans l’histoire palpitante et incroyable de ces Cent-jours qui ont mis la France sens dessus-dessous. « Rien dans l’histoire ne ressemble à ce quart d’heure, a écrit Victor Hugo à propos des Cent-jours, ce second empire avant la lettre »
C’est en suivant Charles et Antoine (dont la véritable identité ne sera dévoilée qu’à la fin du roman) que l’autrice nous raconte ce fragment d’histoire riche en intrigues politiques où se succèdent ascensions et chutes comme dans un jeu de domino. On y croise Talleyrand « le diable boiteux » et Fouché « le caméléon » qui vont tirer les ficelles d’un jeu de dupes. La loyauté n’est plus de mise et chacun va vers le plus offrant. Mais qui de Napoléon ou de Louis XVIII incarne vraiment la paix et la légitimité ?
Sylvie Yvert se faufile avec aisance dans ce petit monde de courtisans, d’aristocrates, elle décrit avec réalisme l’espoir et l’obstination des épouses et des proches de Charles et Antoine, raconte avec truculence les compromissions et les revirements d’opinion qui sont la règle des deux côtés.
Jamais didactique, ce roman parfaitement documenté m’a enchantée et ses personnages féminins m’ont beaucoup touchée.
En cette année 2020 lire un récit qui s’intitule « Une année folle » est « un plaisir de fin gourmet » – droits d’auteur à Monsieur Courteline s’il vous plait – et un beau kaléidoscope où impressions du passé et du présent se mélangent pour ce grand palimpseste où s’écrit, se réécrit l’histoire.
Sylvie Yvert, tel un aigle impérial a déployé des ailes livresques sur les Cent-Jours pour, non seulement retracer une route napoléonienne, mais pour laisser des passages sur deux protagonistes trop oubliés, Charles de Labédoyère et Antoine de Lavalette, qui ont permis à l’empereur de retrouver le chemin du pouvoir. Hélas, pour chacun, ce sera le chant du cygne.
Ce récit raconté par une plume intrépide n’est en aucun cas un cours d’histoire même s’il permet de se remémorer certains faits royaux entre Louis XVIII et Napoléon. En 1814 Napoléon est exilé sur l’île d’Elbe après une défaite militaire où les maréchaux forcent l’empereur à abdiquer. Le jour où il quitte Fontainebleau, Louis XVIII, frère de Louis XVI, est à Paris pour instaurer la Restauration.
Dans l’entourage de Bonaparte, deux vaillants conquérants n’abandonnent pas l’empereur et le protégeront lorsqu’il décide de revenir en métropole en mars 1815 : Charles et Antoine. L’un et l’autre ne fuyant jamais le danger vont à nouveau s’engager sincèrement ; honnêtes, francs, ayant un sens de l’honneur ils sont loin d’être ces hommes de cour changeants de veste à chaque nouvelle scène de la comédie de la politique. Hélas, en juillet 1815, Waterloo est le dernier acte de la tragique pièce, Louis XVIII revient, Bonaparte est déporté à St-Hélène, Charles et Antoine sont arrêtés, le premier sera fusillé, le second sauvé in extremis par son épouse.
Deux siècles séparent les faits et ce récit. Pourtant, à l’instar des paroles du prince Salina, il semblerait que tout change mais que tout reste tel quel : injustice, fourberie, trahison, vengeance, jalousie, mensonge, déni, flagornerie…
Un récit haletant où le lecteur à l’impression de chevaucher cette page d’une histoire française chargée d’oxymores. 350 pages pour 100 jours, période aussi incroyable que réelle, et par-dessus tout intemporelle. Le meilleur a côtoyé le pire, les esprits les plus nobles rencontrent les âmes les plus noires, les hommes de courage ne gagnent pas forcément face aux courtisans professionnels et où l’extrémisme montre toute sa dangerosité : les ultras blancs qui ont survécu à la Terreur ne sont guère plus défendables que les ultras révolutionnaires et ainsi les traites sont ceux qui sortent victorieux au détriment des féaux doublement victimes.
J’accorde toujours une attention particulière aux écrivains qui mettent en lumière des personnages de l’ombre, qui font revivre pendant quelques heures ces figures trop ensevelies dans les crépuscules de l’oubli. Car Charles de Labédoyère et Antoine de Lavalette méritent un tableau d’honneur au chapitre des héros pour la liberté ! Sans omettre les deux personnes qui sont les plus attachantes de cette tragédie du XIX° siècle, Georgine de Chastellux et Emilie de Beauharnais, les épouses respectives de Charles et Antoine qui ont défendu leurs maris avec une énergie et un courage inénarrables. Et pourtant Syvie Yvert y parvient, avec tant d’authenticité que le lecteur ressent de la peine pour cet amour brisé par l’infamie des hommes.
Une fresque d’une grande richesse tant pour la narration que le style sans omettre les longs passages entre le napoléonien Stendhal et le royaliste Chateaubriand. Car l’histoire française est aussi une histoire littéraire. Qui parait immuable. Et immarcescible.
Blog => https://squirelito.blogspot.com/2020/06/une-noisette-un-livre-une-annee-folle.html
Waterloo, qui n’est pas seulement une gare britannique, mais aussi les cent-jours et le retour de Napoléon puis de Louis XVIII, la plupart d’entre nous connaissons, ou du moins en avons-nous quelques souvenirs de lointains cours d’Histoire ou différentes lectures. Mais avec Une année folle, Sylvie Yvert nous dit tout sur ces bouleversements qu’a connu la France en 1815, quand à partir de fin février Napoléon Ier traverse la France en quelques semaines et revient à Paris après son exil à l’île d’Elbe.
Avec une exceptionnelle rigueur des faits et des événements, l’auteur réussit l’exploit de nous offrir un récit historique à la fois érudit, foisonnant, et surtout romanesque à souhait avec ces deux personnages principaux que sont, non pas Napoléon et Louis XVIII, mais le sage Antoine et le jeune et beau Charles. Car voici le récit tragique et drôle à la fois de la vie incroyable de ces deux hommes, mais aussi de leurs deux épouses hors du commun.
Ce que j’ai aimé ? Découvrir ces personnages décalés dont nous n’avions sans doute jamais entendu parler, dans cet exposé plus que significatif des incohérences de l’Histoire. Comment deux hommes tous deux proches de Napoléon, fidèles à leurs opinions, soucieux de leurs métiers, dans l’armée pour l’un, aux Postes pour l’autre, mais aussi de leurs familles, ont été emportés par le vent de l’Histoire et ont servi en quelque sorte de boucs émissaires en cette période où il fallait faire un exemple.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/08/25/une-annee-folle-sylvie-yvert/
A nouveau la magie opère avec Sylvie Yvert ! Après le magnifique Mousseline la sérieuse qui nous racontait l'histoire au combien tragique et romanesque de la file de Louis XVI et Marie Antoinette , seule rescapée de la révolution au sein de la famille royale, nous voici maintenant attaché aux destins héroïques de deux hommes, deux proches de Napoléon lors de sa chute et de son retour de l'ile d'Elbe.
Avec une énergie absolument incroyable et une érudition jamais prise en défaut Sylvie Yvert nous passionne pour cette très courte période de l'histoire de France mais pourtant si bouleversée, agitée.
Au milieu des revirements politiques et des louvoiement des grands de cette époques prêt à tout pour sauver leurs têtes et leurs situations, deux hommes restent d'un fidélité absolue à leur pays et à leurs idéaux et paieront pour tous.
Un récit que l'on achève essoufflé tellement il nous tient en haleine du début à la fin.
Un grand Bravo à l'auteure !
Après Mousseline la Sérieuse, Sylvie Yvert fait un bond de quelques années pour nous conter Une année folle, celle de1815 à travers le destin de Charles, qui sera fusillé et d’Antoine qui va réussir une évasion spectaculaire.
Imaginez un roman qui raconterait les soubresauts politiques d’un pays qui en un an verrait passer trois régimes différents, enregistrerait l’une des plus humiliantes défaite militaire de son histoire, verrait un roi remplacé par un ex-Empereur, puis ce même roi revenir au pouvoir sans vraiment avoir pour autant l’adhésion de son peuple. Peut-être vous direz-vous alors que l’imagination doit avoir des limites et que le vraisemblable doit toujours présider le romanesque.
Seulement voilà Sylvie Yvert apporte la preuve qu’une fois de plus la réalité dépasse la fiction. Même si la formule peut paraître éculée, elle est tout ce qu’il y a de plus juste. Quand, le premier mars 1815 Napoléon débarque à Golfe-Juan, la France est dirigée par Louis XVIII. Un Monarque qui entend faire respecter son pouvoir et, en apprenant la nouvelle, envoie le Maréchal Ney qui s’était rallié à lui, arrêter ce petit caporal fauteur de troubles. Mais on sait aussi que le retournement de veste va devenir une habitude, non seulement pour lui mais pour de nombreux militaires et politiques. Parmi ceux qui rejoignent Napoléon, on trouve notamment Charles Angélique François Huchet de La Bédoyère et Antoine Marie Chamans de Lavalette.
La belle idée de Sylvie Yvert est de nous raconter cette année si particulière à travers le destin de ces deux hommes qui, s’ils n’ont pas joué les premiers rôles, symbolisent à la fois le tragique et le romanesque de la situation.
Lorsque s’ouvre le roman, la fête est finie. Nous sommes à l’heure du procès de ces aristocrates qui ont accueilli l’ex-empereur à bras ouverts. Charles dirigeait alors un régiment à Grenoble et fera allégeance à l’Empereur lorsque ce dernier croisera son chemin en remontant vers Paris.
Antoine se distingue quant à lui par son rôle d’agent double, en aidant notamment les fidèles à Napoléon à gagner l’étranger, en signant de faux passeports. Ont-ils été des fidèle sou des traîtres. Les chefs d’accusation de conspiration contre l’état et d’usurpation de fonctions sont-ils légitimes?
La suite de l’histoire a beau être connue, elle n’en demeure pas moins passionnante à lire. On y voit deux destinées, deux hommes bien nés se mettant au service de l’État et se retrouvant condamnés à mort pour cela. Des Cent-Jours à Waterloo, du retour de Louis XVIII à l’exil à Saint-Hélène, des compromis aux compromissions, il y a dans cette année des rebondissements extraordinaires, des drames déchirants, de la comédie la plus désopilante. On y voit Chateaubriand, Benjamin Constant ou encore le grand Hugo commenter la tempête et avec eux la presse se déchaîner dans un sens puis dans l’autre.
Nous voilà finalement en résonnance avec l’actualité. Car l’autre grande vertu de ce roman est de nous apprendre à la prudence et à la modération plutôt qu’aux emballements trop intempestifs. 1815 nous apprend aussi à être un peu plus lucides face au tourbillon médiatique. Ce n’est pas là la moindre de ses vertus.
https://urlz.fr/91h7
Je ne suis pas fan de romans historiques, à quelques exceptions près et ce pourrait bien en être une; cette chronique me donne envie.
Après « Mousseline la sérieuse » qui retraçait brillamment la vie de Madame Royale, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Sylvie Yvert nous plonge avec « Une année folle » dans les incroyables tourments de la France de 1815.
Resituons un peu le contexte historique et politique : le 1er mars 1815, Napoléon Ier revient en France après son exil à l’île d’Elbe. Il rejoint Paris (c’est ce que l’on appelle « le vol de l’Aigle »). Oui mais voilà, petit problème , la place (celle du pouvoir) est déjà prise, puisque Louis XVIII règne. Qu’importe , il sera évincé . Ce sont là les fameux « Cent jours », qui dureront jusqu’à Waterloo, début de la fin de Napoléon. Louis XVIII est alors rappelé sur le trône. Vous imaginez donc sans mal pourquoi on peut qualifier cette année de « folle ».
Voici pour la trame historique et globale. A celle-ci, dans le récit de Sylvie Yvert, vient se superposer celle, bien réelle, et mise en lumière, de deux destins, de deux hommes fidèles à leurs idéaux, chose rare en ces temps où l’opportunisme était un mode de fonctionnement établi, et où le retournement de veste frôlait parfois l’art. En effet, nombreux étaient ceux qui, pour se sauver, garder une situation , ou un pseudo prestige, n’hésitaient aucunement à utiliser les moyens les plus vils, à commencer par la trahison.
Antoine et Charles, eux, ne sont pas ainsi. Quand le vent tourne, ils préfèrent se mettre en retrait plutôt que de céder au panurgisme, et refusent de renoncer en ce qu’ils pensent être juste pour la patrie. Deux hommes qu’apparemment tout oppose. Si l’un est jeune, beau et a embrassé une carrière militaire, l’autres est plus âgé, bedonnant, et disons-le, franchement laid. Tous deux vont payer le prix fort de leur engagement, puisque le roman s'ouvre sur leur procès. Pour quels motifs ? Je ne veux rien divulgâcher, et vous invite donc, si vous voulez en savoir plus, à ... lire le livre !
Nous les suivons , mais nous suivons aussi une époque, côtoyant des personnages illustres, Napoléon bien sûr, Louis XVIII, mais aussi Benjamin Constant, Chateaubriand …
Dans un tout autre registre que Mousseline, Sylvie Yvert offre un roman passionnant qui mêle tous les ingrédients d’une tragi-comédie. On rit, on pleure, on retient son souffle, même si , on le sait, les dés sont pipés. Tout l’art de l’autrice est là : partir de la fin pour remonter le temps et accrocher le lecteur qui a envie de dénouer le fil de l’histoire , ou de l’Histoire. Ou des deux.
« Une année folle » est un récit qui se dévore . On a , tout au long de la lecture, cette drôle d’impression d’assister à une pièce de théâtre contemporaine, dont on ne saurait dire, dans le fond, si elle est tragique ou burlesque. Parce que ces deux éléments-là alternent.
La plume de l’autrice virevolte, s’emporte, se pose, puis tournoie à nouveau, pour exprimer à la perfection le tourbillon que fut cette année-là.
L’ensemble est extrêmement bien documenté, on se plaît à tourner les pages, et pour ma part, l’ingrédient essentiel à mon adhésion absolue à un roman est présent dès le début, à savoir que je suis entrée immédiatement en empathie avec les personnages principaux, qu’il s’agisse de Charles, d’Antoine, ou de…la fidélité, laquelle occupe une place constante et non négligeable.
Vous l’aurez compris, j’ai succombé au charme fou de cette année folle.
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