"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Elle avait ajouté, ils ne sont pas morts, ils ont " disparu ". Et alors, c'est quoi la différence ? Elle avait expliqué, il avait souri, tu crois vraiment qu'ils pourraient encore revenir ?
Tout commence un beau jour d'été. Claude et Marie Cotraz décident de partir faire une excursion en haute montagne, laissant leurs quatre enfants au chalet, seuls. Le temps change, le chien aboie, un violent orage se profile. L'inquiétude gagne la fratrie. Ils connaissent les dangers de la montagne. Elle a englouti tant d'hommes et de femmes sans un mot, et il arrive qu'elle prenne ceux qu'on aime.
Marie-Pierre, Luc, Paule et Jean se souviendront à jamais de l'attente, de l'angoisse, des éclairs, du sommeil qui vient quand même, et au réveil, de l'espoir d'entendre les parents dans la cuisine. Reviendront-ils ? La montagne livrera-t-elle son secret ?
Cinquante ans de la vie d'une fratrie, racontant le poids du silence, les destins contraires de chaque frère et soeur, aussi unis que déchirés par ce beau jour où tout a basculé.
Agnès Laurent est grand reporter à
L'Express. Passionnée par les histoires familiales et les liens qui se tissent entre les êtres, elle a publié en 2021 son premier roman,
Rendors-toi, tout va bien (Pocket), sélectionné pour le prix Maison de la Presse 2021.
Ce roman s’étale sur 50 ans.
50 années pour nous parler d’une fratrie, de leur vie ensemble, et séparément, de leurs liens indéfectibles.
Claude et Marie sont parents de quatre enfants ; ils les laissent seuls à la maison pour aller faire une randonnée en montagne. Ils n’en reviendront pas. Ils ont disparu.
Dans des paysages de montagne magnifiques en toutes saisons, Agnès Laurent va nous parler de ces enfants, si jeunes, qui vont voir leur vie bouleversée par cette disparition. Nous allons les suivre pendant des décennies, nous allons les voir se construire malgré ce manque, ces doutes, malgré ces questions sans réponse, chacun se lançant dans la vie d’une façon différente.
Comment vivre un deuil quand ça n’en est pas un ? Comment avancer dans la vie avec tant de questions et d’espoir ? Comment ne pas ressasser cette journée, la journée du départ en randonnée, pour ne pas en oublier chaque détail, pour continuer à vivre avec l’illusion de ses parents.
J’ai eu du mal avec le style de l’autrice au début, incluant les propos des dialogues directement dans le texte, et me suis ensuite laissée emporter dans cette saga familiale, aux personnages attachants, blessés, aux failles abyssales et ai été émue par leur vie construite au-dessus du vide.
Un magnifique roman à découvrir, qui dévoile des caractères différents chez chacun des personnages de cette fratrie, qui étudie les liens familiaux et nous offre un une lecture pleine de suspense et d’émotions.
Dans les montagnes engourdies par le froid, Marie-Pierre, Luc, Paule et Jean disent au revoir à leurs parents. Le couple part en randonnée bien équipé, le Père est l’un des meilleurs guides de la région. Les enfants, eux, vont pour la première fois passer la journée seuls à la ferme. Lorsque l’orage éclate, l’inquiétude nait, et l’insoutenable attente débute. Celle-ci durera cinquante ans.
Cette disparition soudaine est le point de départ de quatre trajectoires contrariées et bouleversantes. La fratrie abandonne son insouciance un beau jour pour basculer dans un monde où l’absence va peupler leur vie. L’absence de parents, l’absence de corps à pleurer, l’absence d’explications.
Recueillis par leur oncle et tante, chacun développe ses mécanismes de protection et de survie. Années après années, les personnalités se construisent chacune en équilibre précaire sur des crevasses émotionnelles menaçant de s’effondrer à tout moment. Il y a celle qui fuit, celle qui reste, celui qui se perd ou encore celui qui envers et contre tout se découvre et s’affirme. Et toujours en arrière-plan cette montagne qui les appelle, les attire pour mieux les engloutir.
C’est un roman terriblement juste et touchant que nous livre l’autrice, qui tisse entre les lignes des relations fortes entre ses personnages. De la complexité de s’aimer alors que si peu nous relie, tel est aussi l’enjeu de ce livre où frères et sœurs n’ont plus en commun que la douleur.
Fraternité, parentalité, transmission, obsession… Le poids de l’histoire familiale est un lourd fardeau qu’Agnès Laurent fait porter avec finesse aux différentes générations.
Et moi, lectrice, j’ai été comme les protagnistes tenue en haleine par cette mystérieuse disparition et obsédée par ces montagnes.
Pour une première avec les Editions Recamier, c’est une réussite.
C'est un jour d'été comme un autre pour la famille Cotraz. Enfin, presque, car aujourd'hui les parents partent seuls renouer avec la randonnée en haute montagne et laissent leurs quatre enfants au chalet. Ils sauront bien se débrouiller, après tout, les deux grands s'occuperont des plus petits, feront les tâches journalières dont ils ont l'habitude et la journée passera au mieux.
Enfin, ça c'est dans l'absolu. Car dans la réalité, les heures s'égrennent, la journée se passe, en chamailleries et disputes, jeux et réconciliations, jusqu'à l'arrivée de l'orage tant redouté par tous.
Jusqu'au moment où il est évident que personne ne viendra les retrouver.
Luc, Marie-Pierre, Paule et Jean se retrouvent seuls. Un oncle et une tante qui vivent à côté vont s'occuper des enfants, mais quatre bouches à nourrir c'est énorme pour le couple sans enfants.
Les heures d'attente se sont transformées en jours, semaines, années.
La montagne donne et la montagne prend sans restituer, impossible de savoir ce qui est arrivé.
Les enfants grandissent et le lecteur va les suivre pendant cinquante ans.
Blessés, meurtris par l'absence des parents, fratrie séparée qui se disloque, avec toujours une obsession, tenter de les retrouver. Cette obsession qui détruit peu à peu les vies de ceux qui jamais ne pourront accepter l'inacceptable, le deuil à faire sans morts, évidence et poids de la disparition, du vide, de l'absence.
Chacun trouvera son salut dans sa façon de vivre après le drame, loin, près, dans l'oubli que procure l'alcool, dans l'obsession de la montagne à arpenter jour après jour, dans le silence et l'éloignement.
Un roman à l'écriture ciselée, travaillée et pourtant qui coule tout le long comme une évidence de simplicité. Où les sentiments de chacun se dévoilent et prennent toute leur place sans pour autant peser ou effacer l'autre. Le ton est posé, mesuré, les sentiments forts, dévastateurs parfois, mais d'une grande justesse.
Le poids de l'enfance et de ces douleurs qui impactent toute une vie est bien décrit.
Un beau roman à découvrir.
https://domiclire.wordpress.com/2024/03/11/un-beau-jour-agnes-laurent/
Disparus en montagne
Agnès Laurent raconte comment en famille vole en éclats. Après la disparition de leurs parents qui ne sont jamais revenus d'une course en montagne, Marie-Pierre, Luc, Paule et Jean vont devoir vivre avec cette absence. Ils ne s'en remettront jamais.
Quand commence cette histoire, à la mi-août 1970, toute la famille Cotraz était réunie. Autour de Claude et Marie, leur quatre enfants Marie-Pierre, Luc, Paule et Jean profitent de leurs derniers jours de vacances dans leur chalet. Les plus âgés sortent de l'enfance et font des rêves d'avenir. Peut-être que Luc marchera dans les pas de son père, guide de montagne. À moins que Jean ne décide d'endosser de reprendre le flambeau? Quant aux plus jeunes, ils découvrent le monde avec gourmandise.
Et n'ont aucune raison de s'inquiéter quand leurs parents décident de partir en montagne jusque vers le glacier qui domine le village. C'est leur oncle qui va montrer les premiers signes d'inquiétude en apprenant qu'un orage se prépare. Un peu plus tard, il proposera aux enfants de les accueillir chez lui en attendant le retour de leurs parents. Qui ne reviennent pas.
Alors que les recherches pour les retrouver sont lancées, l'attente devient de plus en plus éprouvante. Les jours passent sans aucune nouvelle du couple. Les mois passent et de difficiles décisions sont prises. Marie-Pierre et Luc vont en pension à la ville dans deux établissements séparés, Paule et Jean restent chez leur oncle et tante. La belle fratrie vole en éclats, laissant le benjamin inconsolé. "Il n’y a plus de maman, plus de père, ni même de Luc et de Marie-Pierre. On les a envoyés loin. Quand ils reviennent de leur école, ils ne ressemblent plus à son frère et à sa sœur. (...) Lorsqu'elle est là, Paule le prend dans ses bras, le cajole le temps qu’il se calme, il sent bien que les bras ne sont pas aussi grands que ceux dans lesquels il a passé ses premières années".
Pendant des années Luc courra la montagne à la recherche du moindre indice, sans renoncer mais sans rien trouver. À Christine, sa nouvelle compagne, il promet même de renoncer à ses escapades sans pourtant s'y résigner vraiment.
C'est en 1986, quand le couple donne naissance à leur fils Philippe, que les choses vont commencer à se dégrader. Une spirale infernale s'enclenche alors. Et ce n'est pas la naissance de leur fille Catherine qui parviendra à l'enrayer.
En choisissant de retracer les suites de ce drame sur olusieurs décennies et sur trois générations, Agnès Laurent parvient à parfaitement rendre compte du traumatisme subi. Elle montre combien, même derrière les silences, le poids de cette absence est lourd à porter. Ce deuil impossible allant même jusqu'à provoquer de nouveaux drames.
Comme dans Rendors-toi, tout va bien, son premier roman paru en 2021, c'est en multipliant les points de vue qu'elle enrichit sa trame romanesque. Car s'il reste entendu que chacun ne réagit pas de la même manière face à l'adversité, personne ne peut affirmer qu'il sort indemne d'une telle catastrophe.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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