"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Bi et Fa, les deux dauphins, le regardaient, ni amicaux, ni hostiles. - Eh bien, Bi, dit Sevilla, tu ne dis rien ? - Maintenant, je ne parle plus. Maintenant je nage. - Pourquoi ? - Je ne veux plus parler la langue des hommes. - Moi non plus, dit Fa tout d'un coup. - Pourquoi ? dit Sevilla en se tournant vers lui. Fa ne répondit pas. - Pourquoi, Bi ? Bi le regarda alternativement de l'oeil droit puis de l'oeil gauche... Elle dit d'une voix criarde, nasillarde et parfaitement distincte : - L'homme n'est pas bon.»
Robert Merle a été très marqué par sa captivité en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce livre, écrit en 1967, est, comme une grande partie de son oeuvre, empreint de ce souvenir douloureux et de sa volonté de dénoncer les dérives, les silences, les non-dits liés au contexte de guerre.
Dans ce roman d'anticipation ou de "politique-fiction" comme il le qualifiait lui-même, dont il situe l'intrigue aux États-Unis en pleine Guerre froide, il évoque les capacités hors normes des dauphins, notamment en matière de communication, dont le dressage est détourné pour en faire des armes de guerre potentielles.
Cette histoire s'appuie sur des faits scientifiques d'actualité à l'époque dans un contexte de guerre du Vietnam. Robert Merle s'est aussi entouré de spécialistes du dauphin pour rester au plus près de la réalité.
"C’est une erreur que de considérer l’homme comme un être différent, par essence, du mammifère supérieur. C’est l’orgueil de parvenu de l’homme qui l’amène à penser cela."
Outre ce thème qui m'intéresse, c'est aussi l'écriture de Robert Merle qui est à souligner, selon moi. Qu'il nous parle en vieux français, qu'il fasse parler un soldat français, un commandant de camp de concentration d'Auschwitz ou encore des dauphins, il nous emmène toujours avec lui dans une histoire qu'on ne lâche plus. Certains ont trouvé ce livre trop dense... Certes, il l'est, mais, à aucun moment, je ne me suis ennuyée en le lisant !
Son premier roman, Week-end à Zuydcoote, avait déjà retenu l'attention de tous puisqu'il avait obtenu le Prix Goncourt et nombre de ses romans ont été portés à l'écran, tant le récit inspire une mise en images...Week-end à Zuydcoote bien sûr, mais aussi "Malevil" ou "La mort est mon métier".
Vingt ans après la sotie d""Un animal doué de raison", Robert Merle renouera avec le même thème dans un autre roman, "Le Propre de l'Homme" dans lequel l'humain s'intéresse cette fois aux primates en non plus aux dauphins.
Lecture laborieuse et pourtant l'histoire est très intéressante.
Dans les précédents livres de Robert Merle le style d'écriture n'était pas du tout le même, on a ici plusieurs pages qui se succèdent sans aucune ponctuation en dehors des virgules et aucun passage à la ligne. Cela donne lieu à des phrases sans aucune distinction les unes par rapport aux autres...
Ecriture donc très déstabilisante au départ car dans les dialogues pas évident de savoir quand un personnage fini de parler et quand un autre commence ou poursuit... il faut s'y reprendre à plusieurs fois parfois pour arriver à capter.
C'est bien dommage car le sujet est vraiment bien.
Sur fond de guerre du Vietnam, Sévilla mène avec son équipe, des recherches sur le langage des dauphins et parvient à en faire parler 2 : Fa et Bi. Si leurs recherches sont des plus innocentes de leur point de vue, il devient de plus en plus évident au fil des pages que le groupuscule qui les a commandité vise des desseins plus noirs...
On s'attache beaucoup à ses 2 dauphins et en se basant sur la réalité l'auteur nous fait découvrir les véritables capacités et l'intelligence de ses animaux. Ca en est bluffant.
J'ai aimé l'histoire et savoir où l'auteur voulait nous mener mais l'écriture n'est vraiment pas plaisante du tout et aurait de quoi décourager de lire d'autres livres de cet auteur si on commençait par celui-ci. Dommage on pourrait passer à côté de l'excellent "Malevil" ou "la mort est mon métier".
j'ai aimé ce standard, ce classique qui oscille entre science-fiction et réalité, pour le sentiment de liberté qu'il m'a transmis.
Une belle réflexion sur l'humanité
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